Le Gabon conclut son Dialogue national le 28 avril 2024. Les résolutions ont été remises au président de la transition, ce mardi 30 avril 2024, dans le palais présidentiel à Libreville. Ce document crucial propose des réformes radicales, incluant des restrictions sévères sur l’éligibilité politique et des politiques de préférence nationale strictes.
Ah, le Gabon ! Sous les lustres éclatants et les hauts plafonds blancs du palais présidentiel à Libreville, le théâtre politique gabonais a encore joué une de ses pièces les plus éblouissantes ce mardi 30 avril 2024. La conclusion du Dialogue national, un spectacle raffiné où des artistes et des prières ont précédé la remise d’un document de mille résolutions au président de la transition. Un scénario impeccablement orchestré, diraient certains. Mais qu’en est-il vraiment ?
Du théâtre comique
Déjà, l’odeur du papier fraîchement imprimé du rapport semble masquer une fragrance moins agréable, celle des manœuvres politiques et des décisions qui pourraient bien réduire le champ des libertés plutôt que de le libérer. Par exemple, la recommandation de suspendre tous les partis politiques frappe d’une force particulière le PDG, l’ancien parti au pouvoir. Ah, le PDG ! Ce bouc émissaire parfait, dont les leaders sont non seulement suspendus, mais aussi menacés de poursuites judiciaires et d’inéligibilité. Quel formidable moyen de couper l’herbe sous le pied de l’opposition, n’est-ce pas ?
Puis, il y a cette délicieuse ironie des « résolutions » prônant une politique de préférence nationale à peine déguisée. Candidats à la présidence ? Assurez-vous d’être nés de père et mère gabonais. Vous voulez faire partie du gouvernement ? Mieux vaut être Gabonais « d’origine ». Et pour couronner le tout, un mariage avec un citoyen gabonais est nécessaire pour accéder à certains ministères. Ce n’est plus du nationalisme, c’est presque du théâtre comique, si ce n’était pas aussi tragiquement exclusif.
Le cœur du Gabon balance
Le summum de cette farce nationaliste est peut-être cette nouvelle charte des valeurs gabonaises que tout nouvel arrivant devra signer. Une mesure qui semble moins une ouverture sur le monde qu’une porte claquée au nez de la diversité et de l’inclusion.
Alors, que reste-t-il de ce « nouveau départ » pour le Gabon ? Un départ, peut-être, mais vers quoi ? Vers une démocratie renouvelée ou vers un régime où le contrôle et l’exclusion prévalent sous couvert de réformes ?
Les lustres du palais présidentiel brillent certainement, mais ils éclairent aussi les ombres de ce qui pourrait être un recul déguisé en progrès. Le Gabon mérite un dialogue qui embrasse véritablement toutes les voix, pas seulement celles qui résonnent dans les échos d’une grande salle sous surveillance. Reste à voir si ces résolutions seront appliquées ou resteront de belles paroles sur du papier luxueux. Entre espoir et scepticisme, le cœur du Gabon balance.
Chiencoro Diarra
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