Home InvestigationsOpinion À défaut de rejeter l’Accord d’Alger, rendons le plus juste

À défaut de rejeter l’Accord d’Alger, rendons le plus juste

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Le Dialogue national inclusif a recommandé la relecture de l’accord d’Alger selon les mécanismes prévus par son article 65.
Il est évident que cet accord est largement contesté par les forces vives du pays.

À défaut de le rejeter, nous devons faire appel à notre intelligence collective pour le rendre plus juste et lui donner toutes ses chances de réalisation en extirpant du document toute disposition qui substitue l’appartenance ethnique ou régionale à la citoyenneté.

L’accord est inapplicable parce que basé sur un diagnostic erroné. Le fondement socio-historique de cet accord est d’essence ethnique. La déclaration d’indépendance de l’Azawad en date du 6 avril 2012 précise : « Considérant, la volonté explicitement exprimée dans la lettre datée du 30 mai 1958 adressée au président français par les notables, guides spirituels de toutes les composantes de l’AZAWAD ;

Considérant qu’en 1960, à l’occasion de l’octroi de l’Indépendance aux peuples ouest-africains, la France a rattaché sans son consentement l’AZAWAD à l’État malien qu’elle vient de créer. »

Le MNLA a ainsi affirmé la volonté des peuples dits de l’Azawad de ne pas faire partie du Mali. Ce peuple de l’Azawad est présenté comme l’ensemble des communautés du nord.

Or, la lettre de 1958 précise : « Nous avons l’honneur de vous déclarer très sincèrement une fois de plus que nous voulons rester toujours français avec notre cher statut privé. Nous vous affirmons notre opposition formelle au fait d’être compris dans un système autonome ou fédéraliste d’Afrique noire ou d’Afrique du Nord. Nos intérêts et nos aspirations ne pourraient dans aucun cas être valablement défendus tant que nous sommes attachés à un territoire représenté forcément et gouverné par une majorité noire dont l’éthique, les intérêts et les aspirations ne sont pas les mêmes que les nôtres. C’est pourquoi nous sollicitons votre haute intervention équitable pour être séparés politiquement et administrativement et le plus tôt possible d’avec le Soudan français pour intégrer notre pays et sa région Boucle du Niger au Sahara français dont nous faisons partie historiquement et ethniquement ».

Il est évident que la revendication du MNLA et plus largement de la CMA est d’essence ethnique. Cette essence ethnique est noyée sous la dénomination de populations du nord.

Cette lettre servant de fondement historique de l’indépendance de l’azawad contient un projet ethnique. Cela ne me parait pas choquant dans la mesure où ses initiateurs ont clairement affirmé la dimension ethnique de leur démarche. À l’opposé, la CMA et le MNLA refusent d’assumer cette dimension ethnique qu’ils cachent derrière les termes populations du nord. Or, le nord n’est ni touareg, ni songhaï, ni arabe totalement. Le nord, c’est un peu et la somme de toutes ces ethnies.

La paix des esprits passe par la reconnaissance de la réalité.
La première erreur de la CMA, c’est moins le fait d’avoir donné un fondement ethnique à la rébellion de 2012, mais le fait de ne pas l’assumer et d’avoir présenté le nord comme une zone touareg en oubliant superbement les autres communautés.

Les forces vives de notre pays n’accepteront pas la réécriture de l’histoire et l’appellation Azawad du nord. Premier point de relecture : remettre le diagnostic à l’endroit. Plusieurs causes sont avancées par les groupes armés. Dans la superposition des causes, il est important de voir quelle est la cause première et déterminante.

La lettre de 1958 précise : « Nous vous affirmons notre opposition formelle au fait d’être compris dans un système autonome ou fédéraliste d’Afrique noire ou d’Afrique du Nord. Nos intérêts et nos aspirations ne pourraient dans aucun cas être valablement défendus tant que nous sommes attachés à un territoire représenté forcément et gouverné par une majorité noire dont l’éthique, les intérêts et les aspirations ne sont pas les mêmes que les nôtres ».

Voilà le fondement historique de la rébellion.

Doit-on en discuter ? Je pense que OUI ! Un tel projet a-t-il sa place dans le Mali d’aujourd’hui ?

Me Abdourahamane Ben Mamata

Le titre est de la rédaction


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