L’Algérie, autrefois l’un des plus fervents alliés du Mali, semble avoir oublié les efforts du Mali pour son accession à l’indépendance. En soutenant des groupes rebelles touaregs et d’autres mouvements armés dans le nord du Mali, l’Algérie semble, désormais, jouer un rôle de base arrière aux ennemis du Mali. Cette attitude trahit l’esprit de solidarité qui a marqué les relations historiques entre elle et le Mali.
Le Mali sous la direction du premier président de la République, feu Modibo Keita, a marqué l’histoire de la libération des peuples africains, notamment par son soutien indéfectible aux mouvements de lutte contre le colonialisme. Frantz Fanon, grand penseur de la décolonisation, soulignait la détermination du Mali à ouvrir de nouvelles perspectives pour l’émancipation des peuples. Feu Modibo Keita, fidèle à cet engagement, a proclamé en 1962, lors de son discours à Moscou, que « le Mali ne saura considérer sa mission comme accomplie tant qu’un seul pouce du sol africain sera occupé par les colonialistes avides. »
Cette vision ambitieuse s’est traduite par des actions concrètes en faveur des luttes d’indépendance. Des actions dont le Front de libération nationale (FLN), tête de proue de la lutte armée pour l’indépendance, a largement profité.
Appui multiforme au recouvrement de l’indépendance
Le soutien matériel et logistique du Mali aux combattants algériens du FLN, pendant la guerre d’indépendance, a été crucial. Ce soutien du Mali, bien que généreux, a également été à l’origine de tensions avec la France, ancienne puissance coloniale, mais aussi avec d’autres pays de la Fédération du Mali, notamment le Sénégal de feu Léopold Sédar Senghor. Feu Modibo Keita, loin de se laisser intimider, a ouvert son pays aux combattants du FLN, leur offrant des bases arrière stratégiques à Tombouctou, Gao et Kidal, où des unités du FLN ont été stationnées.
Beaucoup de Maliens se rappellent la maison habitée à Gao par feu Abdel Aziz Bouteflika qui était à l’époque un combattant. Il a été, par la suite, ministre des Affaires étrangères, puis président de l’Algérie. Le Mali est allé loin sans son soutien financier aux combattants du FLN en imprimant et vendant au peuple malien un timbre fiscal portant la mention « campagne nationale de solidarité du peuple malien au peuple algérien » et des images parmi lesquelles un combattant algérien habillé en tenue militaire et portant un fusil.
Une partie des fonds générés était versée au FLN. Il s’agit de la somme de 5 F qui avait été ajoutée au prix normal du timbre qui est de 25 F. Par ailleurs, en 1960, lors de la crise qui a éclaté au sein de la Communauté africaine, le Mali est resté fidèle à la cause algérienne, tandis que d’autres États, comme la Côte d’Ivoire, optaient pour des compromis.
Médiation réussie dans la guerre de sables
La solidarité du Mali envers l’Algérie ne s’est pas limitée à la guerre contre le colonialisme. Feu Modibo Keita a aussi joué un rôle important dans la diplomatie régionale en aidant à résoudre la crise entre le Maroc et l’Algérie dans le conflit dénommé « la guerre des Sables de 1963 », contribuant ainsi à apaiser les tensions entre ces deux pays.
Soulignons que l’engagement du Mali ne s’est pas arrêté aux frontières algériennes. Modibo Keita s’est également impliqué dans les affaires du Congo, soutenant le gouvernement lumumbiste en exil à Stanley ville et travaillant aux côtés de figures comme Nkrumah, Nasser et Ben Bella pour contrer les interventions étrangères qui ont déstabilisé la révolution zaïroise. L’Algérie a d’ailleurs joué un rôle clé dans cette période en apportant son soutien militaire, mais, comme le rapporte l’ex-président algérien Ben Bella, malgré tous les efforts, la révolution zaïroise a été écrasée par les forces contre-révolutionnaires.
Par Sidi Modibo Coulibaly
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