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Dans la région de Ségou: Aminata Sangho, productrice du riz

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Kouyaté Aminata Sangho, surnommée Mata, vit dans la région de Ségou, précisément dans le cercle de Dioro, une localité située à 55 kilomètres de la ville de Ségou. Elle préside la Coopérative Djeka Baara, qu’elle a créée elle-même en 2017. Cette coopérative est composée de 51 personnes (41 femmes et 10 hommes). Madame Kouyaté Aminata possède un champ de riz de 10 hectares et un espace de transformation de riz en 16 variétés différentes.

Dans les rizières fertiles de Dioro, au cœur de la région de Ségou, émerge une figure emblématique de l’agriculture moderne : Aminata Sangho, affectueusement surnommée « Mata ». Femme visionnaire et productrice émérite, elle façonne l’avenir de la communauté avec sa coopérative Djeka Baara. Entre les rangées de riz doré, plongeons dans le parcours inspirant d’une entrepreneuse agricole déterminée à transformer sa passion pour la terre en une success story remarquable.

Elle s’est lancée dans les activités agricoles il y a une trentaine d’années à Dioro, une zone de forte production de riz et de pêche.

Séduite par la rentabilité de la terre et soucieuse de l’autonomisation des femmes et des jeunes de Dioro, « Mata », la femme exemple, crée la Coopérative Djeka Baara et s’emploie à former les membres et d’autres personnes.

À ce jour, elle travaille avec 41 femmes et 10 hommes, avec comme objectif de réduire la migration clandestine des jeunes et de contribuer, avec ses moyens, à l’autonomisation des femmes.

« Ma principale motivation est de considérer le riz comme une denrée alimentaire de survie. C’est une culture qui donne à un agriculteur l’espoir de pouvoir nourrir sa famille tout au long de la saison », s’exprime-t-elle.

Notre productrice du jour est l’une des paysannes autonomes de Dioro qui évolue dans le secteur de production et de transformation de riz en diverses gammes, dont le riz en couscous, le riz en Djouka, le riz en chipchi.

L’agriculture, clé du développement rural

Grâce à sa détermination et à son dévouement, elle possède aujourd’hui des hectares de champ de riz avec un fort revenu. Un revenu qui lui a permis de conforter sa situation économique et sociale.

« Sur le plan économique, la culture m’a beaucoup apporté. Cela, grâce à ma forte production de riz et à mes capacités de transformation du riz. Par exemple, avec la culture d’un hectare de riz, je dépense 215 000 francs CFA (deux-cent-quinze-mille francs CFA), après la récolte je peux gagner 35 sacs de riz dont un revenu de 500 000 francs CFA (cinq-cent-mille francs CFA) », confirme-t-elle.

Malgré les contraintes de la société sur une femme au foyer, Mata Sangho arrive à bien gérer son temps entre l’agriculture et le ménage. Elle est soutenue fortement par son mari dans ses activités tant agricoles que ménagères.

« En tant que femme au foyer au Mali, c’est un peu difficile de réconcilier le ménage et d’autres responsabilités. Mais, avec la volonté de participer à la promotion féminine et aux activités sociales, j’essaye de faire de mon mieux. Et surtout lorsqu’on emprunte la voie d’être une femme autonome ou encore émancipée », explique-t-elle. Plus loin, elle souligne que son mari lui apporte un soutien indéfectible : « Il m’aide dans les travaux ménagers. Pour la récolte, il est impliqué dans le choix de la semence en passant par la culture du riz jusqu’à la transformation. »

Le soutien de son époux 

Le niveau élevé de sa production lui a permis de participer à certaines foires locales et nationales malgré les difficultés rencontrées par les femmes dans ce secteur. « De nos jours, la plupart des projets incluant la production de riz sont très rares et aussi les projets liés à la chaîne de valeur impliquent généralement un grand nombre d’acteurs ayant des intérêts différents. Même le financement se fait rare. Malgré ces difficultés, beaucoup de personnes pensent que les femmes rurales n’ont pas de problèmes majeurs. »

Mamoutou Kouyaté, époux d’Aminata Sangho, n’est pas resté immobile pour faire croître l’activité de sa femme. Pour ce faire, il ne lésine pas sur les moyens. « Tout ce qui peut la soutenir, que cela soit une intervention verbale ou des démarches auprès des autorités, des responsables ou de tout projet capable de la soutenir, je le fais à la mesure de mes moyens », a-t-elle soutenu.

Aminata Sangho dite Mata confirme que beaucoup de femmes et jeunes de sa localité ont été réceptifs à ses messages de travailler la terre, car elle offre des opportunités et contribue surtout à l’épanouissement de la femme rurale, et du coup réduire le chômage des jeunes.

Elle ajoute qu’il a fallu convaincre certaines femmes et jeunes de se lancer dans l’agriculture à forte valeur.

« Des milliers de femmes et de groupements de femmes du Mali et d’ailleurs tels que la Mauritanie, le Sénégal ont été inspirés par mon travail et étonnés de voir une femme s’adonner à la culture des hectares de terre. »

Meilleures productrices et transformatrices de riz

Danzaly Coulibaly, Directeur régional de la Promotion de la femme, de l’enfant et de la famille de Ségou, non moins expert en Égalité des genres, explique que les cultures de valeur étant un facteur de l’indépendance de la femme, si ces revenus s’améliorent, cela s’explique qu’elle a influencé positivement la dynamique de genre au sein de sa famille. Le travail d’une femme qui gagne, influence et renforce l’égalité des sexes puisqu’elle contribue autant que l’homme dans la famille.

« Avec les rôles qu’ont joués les femmes dans le foyer au sein de la société malienne, quand elle réussit, c’est sa famille qui en tire profit en première position. L’autonomisation de la femme permet son intégration dans les prises de décisions », a-t-il mis l’accent.

À Dioro, Aminata Sangho est considérée comme l’une des meilleures productrices et transformatrices de riz. Déjà, avec sa coopérative, elle bat le record d’une saison avec des milliers de tonnes chaque année.

Son souhait est d’avoir encore d’autres espaces pour la culture de riz et créer une usine de transformation.

Elle déclare : « Il est temps de remettre en question l’ancienne croyance selon laquelle les hommes prennent seuls les charges de la famille et que les femmes ne s’occupent que de la maison et des enfants. » Comme pour dire que la femme, à travers ses activités génératrices de revenu, est aussi soutien de famille, à côté de l’homme.

Fatoumata Z. Coulibaly

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