De l’indépendance à nos jours, le Mali a connu quatre coups d’État militaire. La plupart ont lieu dans le dessein de parachever une lutte engagée par le peuple animé par la soif de la renaissance. Mikailou Cissé, dans cet article, exhorte les autorités de transition à rester sensibles aux expressions de frustration des citoyens maliens, pour se sauver en sauvant le Mali.
En 60 ans d’indépendance, quatre coups d’État militaire. La recherche de la stabilité politique et institutionnelle est et demeure toujours une véritable préoccupation au Mali depuis la première république. Les militaires sont intervenus à quatre reprises pour déloger des dirigeants. Ils sont intervenus dans des contextes différents, mais pour un seul objectif : réorienter la barque.
À l’exception de l’intervention conduite par Amadou Aya Sanogo en 2012, les militaires ont toujours réagi après que des citoyens ont manifesté, sous la houlette des politiques, pour montrer leur désapprobation ou exiger un changement dans la conduite des affaires de la Nation ou encore le départ du président en exercice.
Regard sur l’incursion de l’armée dans la scène politique
Pour la première intervention militaire du genre au Mali, il convient de mettre un bémol. Cette première intervention a conduit le pays à un régime dictatorial qui a duré 23 ans, de 1968 à 1991 et avait été dirigée par Moussa Traoré. Bien que les militaires, qui avaient perpétré le coup, avaient annoncé à l’époque solennellement, comme ceux du 18 août 2020, qu’ils n’avaient pas agi dans l’intention de garder le pouvoir, mais plutôt de corriger les tars du régime du père fondateur, l’histoire retient qu’ils ont été contraints à rendre le perchoir.
La seconde intervention, qui était la plus plébiscitée, après 23 ans de dictature militaire, a conduit le pays à la démocratie. Cette intervention a amené Amadou Toumani Touré, en 1991, à la tête du pays, après avoir évincé Moussa Traoré. Les initiateurs, bien qu’ils n’aient pas été ceux-là qui avaient fourni plus d’efforts, contrairement aux colonels qui ont fait partir IBK en 2020, ont collaboré avec les vrais acteurs pour travailler à la renaissance du pays.
L’incursion des forces armées dans le champ politique, dont les vraies raisons sont toujours un mystère pour le citoyen lambda fut celle dirigée par Amadou Aya Sanogo en 2012. Ironie du sort, elle a été celle qui a fait partir l’un des initiateurs de la démocratie après qu’il avait été élu à l’issue d’élections démocratiques. Cette situation de 2012 est ce qui est vu par de nombreux Maliens comme la cause secondaire, après la mauvaise gouvernance, de l’état actuel du Mali.
Se sauver en sauvant le Mali
L’intervention conduite par Assimi Goita en aout 2020 et qui a évincé IBK du pouvoir était quant à elle pressentie. L’opposition entre le régime et les contestateurs était telle qu’il était impossible de les réconcilier. L’échec des médiations conduites par des émissaires de la Cédéao était un signe annonciateur du dénouement de la crise. Mais ce fut la manière qui a surpris tout le monde, même le principal concerné, IBK. Kati a fait une descente inopinée sur Bamako pour déloger le locataire du palais présidentiel. Autrement dit, les militaires ont parachevé l’œuvre du peuple malien.
La particularité de cette dernière irruption de l’armée dans le champ politique est qu’elle est intervenue à un moment très critique de la vie de la nation. Aujourd’hui encore, le pays traverse des moments difficiles. Faut-il donc craindre une irruption des militaires contre des militaires au pouvoir, comme on l’a vu en 2012 ? On ne le souhaite pas, mais le mécontentement s’empare de nouveau du peuple malien. « Les mêmes causes produisent les mêmes effets », dit-on. Les autorités de transition ont intérêt à se sauver tout en sauvant le Mali.
Mikailou Cissé
Les opinions exprimées dans cet article ne sont pas forcément celles de Sahel Tribune.
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