Home A la Une Crise énergétique mondiale : le Mali n’est pas seul dans la tourmente

Crise énergétique mondiale : le Mali n’est pas seul dans la tourmente

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Le Mali, confronté à une crise énergétique majeure depuis plusieurs années, voit son économie paralysée par des coupures d’électricité fréquentes. Face à ce défi mondial, le président Assimi Goïta prend des initiatives pour se tourner vers les énergies renouvelables, avec la pose imminente de la première pierre de la centrale solaire de Sanankoroba.

La crise énergétique n’épargne personne. Du Mali à l’Allemagne, en passant par l’Afrique du Sud, les pénuries d’électricité et les hausses de prix bouleversent les économies et les vies quotidiennes. Alors que le Mali traverse une crise énergétique majeure depuis plus près d’une décennie, il est crucial de reconnaître que ce problème est mondial et que même des nations développées ne sont pas épargnées.

Le Mali dans la tourmente énergétique

Depuis plus environ une décennie, le Mali est plongé dans une crise énergétique qui paralyse son économie. Tous les secteurs socio-économiques du pays sont touchés. L’administration publique, vitrine de l’État, fonctionne au ralenti à cause des coupures de courant. Des entreprises ferment leurs portes les unes après les autres, poussées à la faillite par l’absence d’énergie. Les industries, incapables de supporter les coûts élevés des groupes électrogènes, licencient en masse leurs employés.

Le secteur informel, pilier économique pour des millions de Maliens, est également frappé de plein fouet. Tailleurs, menuisiers, soudeurs, blanchisseurs et vendeuses de glace voient leurs activités paralysées par le manque de courant électrique, réduisant leur capacité à générer des revenus. La crise socio-économique qui en résulte anéantit les efforts de résilience des citoyens, et beaucoup peinent à assurer deux repas par jour.

Face à cette situation, les Maliens sont de plus en plus désespérés. Ils demandent aux autorités de la transition de prendre leurs responsabilités et de fournir au moins le minimum nécessaire pour survivre. 

Un problème global : le Tchad, la Guinée et le Niger en souffrent aussi

Au Tchad, la crise énergétique est exacerbée par une vague de chaleur intense. Certains quartiers de N’djaména ont passé plus de deux mois sans électricité. La campagne présidentielle ayant confirmé Mahamat Idriss Déby, fils d’Idriss Déby Itno, à la tête de l’État Tchadien, était marquée par des promesses politiques concernant l’amélioration de l’accès à l’électricité, mais les Tchadiens restent sceptiques. Dans un contexte de forte chaleur où la température frôlait les 45 degrés, l’absence d’électricité complique davantage la vie quotidienne des citoyens, accentuant leur frustration et leur désespoir.

En Guinée, une explosion au principal dépôt pétrolier du pays en décembre 2023 a entraîné la perte d’une centrale thermique à Coronthie, plongeant la capitale dans le noir et provoquant des émeutes. Le pays a dû se tourner vers le Sénégal pour importer de l’électricité afin de pallier le déficit énergétique. Cette dépendance énergétique souligne la vulnérabilité des infrastructures guinéennes et la nécessité de trouver des solutions durables.

Le Niger, quant à lui, dépend du Nigeria pour son approvisionnement en électricité. Suite au coup d’État du 26 juillet 2023, le Nigeria a interrompu cette fourniture, exacerbant la crise énergétique. Bien que la ligne d’interconnexion ait été rétablie, la situation reste précaire, avec des coupures d’électricité fréquentes qui affectent la vie quotidienne des Nigériens. La société Nigérienne d’Électricité (NIGELEC) peine à répondre à la demande croissante en énergie, notamment pendant la saison chaude.

Même l’Allemagne et l’Afrique du Sud ne sont pas épargnées

La crise énergétique ne se limite pas à l’Afrique subsaharienne. En Allemagne, l’abandon du nucléaire au profit des énergies renouvelables a conduit à une augmentation significative des coûts de l’énergie, provoquant des manifestations de masse et des tensions politiques. Les Allemands, jadis fiers de leur transition énergétique, se retrouvent face à des factures d’électricité exorbitantes et à une instabilité énergétique croissante.

En Afrique du Sud, le président Cyril Ramaphosa a déclaré l’état de catastrophe nationale, en 2023, en raison des coupures de courant massives qui paralysent le pays. La compagnie nationale d’électricité, Eskom, n’arrive plus à satisfaire la demande, plongeant les foyers et les entreprises dans l’obscurité. Cette situation est si grave que le gouvernement a dû créer un ministère de l’Électricité pour tenter de gérer la crise.

Les efforts des autorités maliennes

Dans ce contexte mondial, les autorités maliennes de la transition font de leur mieux pour résoudre les problèmes énergétiques malgré les divers défis et obstacles. La Société Nigérienne de Pétrole (SONIDEP) a fourni à Énergie du Mali (EDM-SA) 150 millions de litres de gasoil pour alimenter les centrales électriques et réduire les coupures de courant. De plus, le gouvernement malien explore de nouveaux partenariats pour renouveler ses équipements et financer l’achat de carburant nécessaire à la production d’électricité.

La ministre de l’Énergie et de l’Eau du Mali, Bintou Camara, a souligné que le pays a noué de nouveaux partenariats pour améliorer ses infrastructures énergétiques. Toutefois, ces efforts se heurtent à la vétusté des installations existantes et à la dette colossale de la compagnie nationale d’électricité.

Face à cette situation, le président Assimi Goïta a pris l’initiative de se tourner vers les énergies renouvelables, comme solution à moyen terme. Vendredi 24 mai 2024, il posera la première pierre de la centrale solaire de Sanankoroba, marquant ainsi un pas important vers une solution durable à la crise énergétique du pays. Cette centrale solaire est conçue pour fournir une source d’énergie propre et fiable, réduisant la dépendance du Mali aux combustibles fossiles et aux fluctuations des prix du carburant.

Vers une solution durable

Cependant, ces efforts doivent être accompagnés d’une gestion transparente et efficace pour éviter les écueils du passé. Les Maliens attendent de leur gouvernement qu’il fasse preuve de responsabilité et de réactivité face aux crises. Les autorités doivent s’efforcer de restaurer la confiance publique en prenant des mesures concrètes pour améliorer l’accès à l’électricité et alléger les souffrances des citoyens.

L’initiative de la centrale solaire de Sanankoroba est un signe prometteur, mais elle ne peut pas être la seule solution. Il est crucial que le gouvernement malien explore également d’autres sources d’énergie renouvelable et renforce les infrastructures existantes pour assurer une distribution stable et suffisante d’électricité à travers le pays. La diversification des sources d’énergie et l’amélioration de l’efficacité énergétique sont essentielles pour construire un système énergétique résilient et durable.

Les efforts des autorités doivent également inclure une meilleure communication avec la population. Les Maliens doivent être informés des mesures prises pour résoudre la crise énergétique et des progrès réalisés. Une communication transparente peut aider à restaurer la confiance et à mobiliser le soutien public pour les initiatives en cours.

La transition vers les énergies renouvelables, symbolisée par la centrale solaire de Sanankoroba, est une étape cruciale. Elle doit être suivie par des efforts continus pour moderniser le secteur énergétique du pays. Le Mali a le potentiel de transformer cette crise en une opportunité de développement durable, mais cela nécessitera une volonté politique forte, des investissements stratégiques et une gestion rigoureuse des ressources. Les Maliens méritent un avenir où l’accès à l’électricité est fiable et abordable, et où leur économie peut prospérer sans les entraves imposées par une crise énergétique persistante.

Chiencoro Diarra 


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