Alors que la pandémie progresse rapidement dans la ville, les autorités locales de Tombouctou peinent à appliquer les mesures barrières. Une situation qui traduirait la faiblesse de ces autorités.
À Tombouctou, 6e région du Mali, on assiste depuis quelques semaines à une recrudescence soudaine de la maladie à coronavirus. En date du vendredi 29 mai 2020, la ville comptait 116 cas positifs. Une situation qui amène les autorités locales à l’adoption des mesures barrières en vigueur dans la capitale, Bamako.
Mesures au sein des mosquées
Cette ville hautement historique, connue par ses grandes mosquées (Sidi Yahia, Djingareyber, Sankoré, etc.) et ses centres de formation islamiques, n’a pas procédé à la fermeture des mosquées. Mais des mesures barrières ont été adoptées comme l’installation de kits de lavage des mains au savon.
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À l’exception de toutes les autres mosquées, selon Sane Chirfi Alpha, vieil écrivain de la ville, la mosquée Sidi Yahia pulvérise la mosquée après chaque prière.
Aucun accompagnement des autorités politiques
Toutes ces mesures appliquées par ces mosquées ne proviennent nullement des autorités politiques, précise M. Chirfi. Cet écrivain estime qu’en plus d’être un geste de citoyenneté, il s’agit d’« un acte de foi dans la droite ligne des mesures édictées par le Prophète Mohamed (PSL) dans le cas de figure ».
Comment comprendre cette contamination rapide ?
Quant à savoir pourquoi Tombouctou a été brusquement atteint par la covid-19, M. Chirfi ne cherche pas de midi à quatorze heures : « cette progression rapide ne nous étonne pas parce que jusque-là la majorité des gens ne croient pas en la maladie. »
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La poursuite des cérémonies sociales favorisant le brassage (mariages, baptêmes, funérailles). La fréquentation des mosquées, où les fidèles prient serrée afin d’éviter que le Satan, le démon ne s’infiltre pas dans les rangs, constituent entre autres des pratiques ayant contribué à cette contamination accélérée de la ville des 333 saints, indique Sane Chirfi Alpha.
« Un couvre-feu ne se négocie pas »
Parmi les mesures barrières instaurées par les autorités locales, il y a également le couvre-feu. Cette mesure ne serait pas partagée par les Tombouctiens. Pour M. Chirfi, cela relève de la faiblesse de l’autorité régionale. « Un couvre-feu ne se négocie pas, c’est une mesure exceptionnelle », fait-il savoir avant de déplorer : « Les gens agissent comme si nous étions dans une ville normale, un cercle normal, une région normale, un pays normal ».
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Cet écrivain d’origine Tombouctienne n’en décolère pas. Il confie : « On peut dire que les autorités ne font rien parce qu’autorité signifie fermeté, responsabilité ». Mais dans le cas de Tombouctou, l’initiative serait laissée aux jeunes, aux groupes, aux acteurs culturels d’en décider. Face à une telle situation, M. Chirfi estime que « l’heure est à plus que la sensibilisation. Elle est aux mesures fortes, à l’obligation des mesures barrières ».
F. Togola
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