À six mois d’un scrutin présidentiel crucial, la Côte d’Ivoire s’enfonce dans une spirale de contestations électorales. Au cœur de la discorde : des listes jugées incomplètes, des figures politiques majeures écartées, et une opposition en ordre de bataille. Tandis que la Commission électorale se veut rassurante, la défiance monte dans un pays où le passé électoral reste une plaie vive.
Depuis octobre 2024, la Commission électorale indépendante (CEI) a entamé une opération de mise à jour des listes électorales, avec l’objectif d’atteindre les quelque 12,5 millions d’électeurs potentiels du pays. Aujourd’hui, seuls 8 millions y figurent. Cette initiative, qui devait renforcer l’inclusivité du processus, est critiquée par l’opposition, qui juge la période d’enrôlement trop courte (23 jours) et les conditions de révision insuffisantes.
Le chef du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA), Tidjane Thiam, a exprimé publiquement ses inquiétudes, évoquant une « faiblesse majeure de la démocratie ivoirienne ». Il demande une révision annuelle du fichier électoral.
Des figures politiques menacées
Autre sujet de discorde : la radiation de plusieurs personnalités de premier plan, dont Tidjane Thiam lui-même, écarté au motif de sa nationalité française acquise en 1987. L’ex-président Laurent Gbagbo, Guillaume Soro et Charles Blé Goudé figurent également parmi les noms absents de la liste électorale provisoire. Des exclusions qui, pour leurs partisans, remettent en question la transparence et l’équité du scrutin à venir.
Face à ces inquiétudes, une coalition de 25 partis d’opposition – Cap-Côte d’Ivoire – s’est formée. Son objectif, défendre des réformes électorales garantissant des élections « inclusives, libres, justes et transparentes ». Elle appelle à l’ouverture d’un dialogue politique avec le pouvoir en place.
Des appels internationaux à la vigilance
De son côté, l’ONU a exhorté les autorités ivoiriennes à garantir un climat apaisé pour la présidentielle, rappelant les traumatismes de la crise post-électorale de 2010-2011. Le président de la CEI, Ibrahime Coulibaly-Kuibiert, assure que l’institution multiplie les efforts pour élargir l’accès à l’inscription, en s’appuyant notamment sur des relais communautaires.
Alors que les tensions s’exacerbent, la Côte d’Ivoire joue une nouvelle fois une partie délicate de sa trajectoire démocratique. La capacité de ses institutions à garantir un scrutin crédible, transparent et apaisé pèsera lourdement sur la stabilité du pays dans les mois à venir.
Chiencoro Diarra
En savoir plus sur Sahel Tribune
Subscribe to get the latest posts sent to your email.