La coopération bilatérale entre le Mali et le Niger se porte bien. Au début du week-end dernier, le ministre malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, a posé ses valises au Niger.
« Il ne faut pas permettre que des militaires prennent le pouvoir parce qu’ils ont des déboires sur le front où ils devraient être et que des colonels deviennent des ministres et des chefs d’État. Qui va faire la guerre à leur place ? », avait lâché le président nigérien, Mohamed Bazoum, lors du sommet des chefs d’État du G5 Sahel, le 9 juillet 2021. Ses propos ont été condamnés par la diplomatie malienne ainsi que les internautes.
Suivre les traces de Issoufou Mahamadou
Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale du Mali, Abdoulaye Diop a reçu l’ambassadeur du Niger au Mali, Mamoudou Moumouni, pour une rectification du tir. Pourtant, ce n’était nullement une première fois que Niamey fâche Bamako dans ses propos. Lors de son investiture, en avril 2021, Bazoum n’avait-il pas déjà laissé entendre que « La situation [ndlr] au Mali a un impact direct sur la sécurité intérieure » du Niger ? Des propos également mal perçus au Mali, à l’époque.
Le Chef d’État nigérien suivrait les traces de son prédécesseur. En août 2019, Issoufou Mahamadou, alors président du Niger, avait lancé une attaque ciblée contre le Mali : « Le statut de Kidal, au Mali, nous pose problème. Kidal est un sanctuaire pour les terroristes, et ceux qui nous attaquent s’y replient souvent. Kidal est une menace pour le Niger et il faut impérativement que l’État malien y reprenne ses droits ».
Malgré tout, la coopération diplomatique semble avoir ses raisons que les citoyens ignorent. Les intérêts diplomatiques semblent toujours prendre le dessus. Le vendredi 6 août dernier, soit moins d’un mois après la dernière critique de Bazoum, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale du Mali pose ses valises au Niger. Pour quoi faire ? Sûrement, pour une clarification de position.
Un autre discours
Blanc le jour, noir la nuit, telle est l’attitude de la quasi-totalité des hommes politiques. Cette visite de la diplomatie malienne au Niger a vu naître un autre discours, contraire à celui tenu par le chef de l’État lors du sommet. Le Ministre nigérien des Affaires étrangères, Hassoumi Massoudou a rappelé la volonté du Niger de travailler avec les autorités de la transition malienne pour « vaincre l’adversité, particulièrement le terrorisme ». A en croire ses propos, le souci principal des autorités nigériennes « est qu’il y ait une bonne sortie de la transition ». « Nous y travaillons ensemble avec les autorités maliennes », a-t-il confié.
Le passé est ainsi vite oublié. Abdoulaye Diop n’a pas manqué, pour sa part, d’indiquer que « le président nigérien a été toujours aux côtés du Mali ». Et de préciser ensuite que le Niger « est un acteur important sur la scène africaine ».
Le chef de l’État malien aurait décidé de « tenir le président Bazoum régulièrement informé du développement en cours de la transition malienne, notamment l’adoption par le CNT, le 2 août dernier, d’un Plan d’action gouvernemental, qui dessine un certain nombre de priorités de la transition ». Chacun aurait bien clarifié sa position. Place donc à la célébration d’une amitié séculaire.
Le diplomate malien s’est réjoui de cette visite au Niger durant laquelle il estime avoir « reçu les conseils du président Bazoum qui partage avec [eux ndlr] cette volonté de faire en sorte que cette transition se déroule normalement ». Dans la coopération entre les États, seuls les intérêts comptent.
Fousseni Togola
Cet article a été initialement publié sur le site de Maliweb.
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