Il semble que le capitaine Ibrahim Traoré, président du Faso, ait décidé de jouer la carte de la confrontation diplomatique lors de son discours du jeudi 11 juillet. Dans une adresse de plus d’une heure et demie aux « forces vives » du Burkina Faso, Traoré n’a pas mâché ses mots en accusant ses voisins ivoirien et béninois de vouloir déstabiliser son pays.
« Nous n’avons rien contre le peuple ivoirien, mais nous avons quelque chose avec ceux qui dirigent la Côte d’Ivoire », a-t-il déclaré, insinuant qu’Abidjan héberge un centre d’opérations destiné à déstabiliser le Burkina Faso. Le capitaine promet même de montrer des « preuves physiques ». L’accusation envers le Bénin n’est pas en reste, avec des allégations concernant des bases françaises au nord du pays, présentées comme des centres d’opérations terroristes. Des accusations rejetées en bloc par Paris et Cotonou.
Mais pourquoi ce besoin de pointer du doigt ses voisins ? Peut-être parce que, tourner le dos à la France et prôner la souveraineté nationale ne suffit pas à résoudre les problèmes internes du Burkina Faso. Dans son discours, Traoré a également affirmé vouloir récupérer les permis d’exploitation minière pour que son pays puisse exploiter ses ressources, notamment l’or. Une noble intention !
Déplacer les problèmes en faisant semblant de les régler
La réponse du Bénin ne s’est pas fait attendre. Le secrétaire général adjoint et porte-parole du gouvernement béninois, Wilfried Léandre Houngbédji, a répliqué, sur son compte Twitter, avec vigueur : « C’est l’hôpital qui se moque de la charité. Les attaques terroristes enregistrées par le Bénin à ce jour, dont la grande majorité a été déjouée par nos FSD (Force de sécurité et de défense), sont l’œuvre de gens venant de l’autre côté de nos frontières avec le Burkina-Faso et le Niger. » Une mise au point claire et cinglante qui dénonce le populisme et la désinformation.
« Le populisme n’a qu’une seule vertu : c’est de déplacer les problèmes en faisant semblant de les régler. Tôt ou tard, les populations se rendront compte qu’elles ont été abusées. » Une déclaration qui résonne comme un rappel à la réalité. Au-delà des discours enflammés, la stabilité et le progrès d’une nation ne peuvent se construire sur des accusations sans fondement et des tentatives de division.
Il est temps de rappeler à tous les leaders que la vraie souveraineté se construit dans la paix, la collaboration et la vérité, et non par des discours incendiaires qui ne font qu’envenimer des relations déjà fragiles.
Oumarou Fomba
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