Le conflit armé qui secoue le Burkina Faso depuis plusieurs années continue de faire de nombreuses victimes, en particulier parmi les enfants. Entre le 1er juillet 2022 et le 30 juin 2024, plus de 2 200 enfants ont été touchés par des violations graves, selon un rapport du Secrétaire général des Nations Unies publié en mars 2025.
Ce document, le tout premier consacré à la situation des enfants dans le conflit burkinabè, met en lumière l’ampleur des souffrances vécues par les plus jeunes. Ils ont été tués, blessés, enlevés, ou encore recrutés de force pour combattre au sein de groupes armés. Certaines de ces violations ont également été commises par les forces de sécurité nationales et les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), précise le rapport.
Recrutement, meurtres et attaques, la guerre ne fait pas de distinction
Les groupes armés comme Jama’a Nusrat ul-Islam wa al-Muslimin (JNIM) et l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS) sont responsables de la majorité des actes. Les enfants sont souvent utilisés comme soldats, porteurs, espions, ou sont tout simplement pris dans les feux croisés lors d’attaques ou d’opérations militaires.
Parmi les cas recensés, près de 1 400 enfants ont été tués ou grièvement blessés. Les frappes aériennes, les tirs croisés, les mines ou les engins explosifs improvisés figurent parmi les principales causes. En novembre 2023, une attaque menée par l’armée contre une base de JNIM a causé la mort de 111 enfants utilisés comme combattants.
Violences sexuelles, des filles particulièrement exposées
Le quotidien de nombreuses filles est devenu extrêmement dangereux. Certaines ont été enlevées et violées, souvent alors qu’elles allaient chercher de l’eau ou du bois. Le rapport de l’ONU recense 20 cas confirmés de violences sexuelles, dont un viol collectif ayant entraîné la mort d’une adolescente.
Ces chiffres ne reflètent qu’une partie de la réalité. Les cas de violences sexuelles sont très souvent sous-déclarés à cause de la peur, de la stigmatisation ou de l’absence de services adaptés. Le silence qui entoure ces violences rend leur prise en charge encore plus difficile.
Écoles et hôpitaux pris pour cibles
Le conflit a également de graves répercussions sur l’éducation et la santé. Plus de 5 300 écoles ont été fermées, privant près de 820 000 enfants de leur droit à l’éducation. Des enseignants ont été menacés, des établissements incendiés ou occupés à des fins militaires.
Les hôpitaux ne sont pas épargnés. Environ 400 structures de santé ont cessé de fonctionner, compromettant l’accès aux soins pour des centaines de milliers d’enfants. Certaines régions comme la Boucle du Mouhoun, le Sahel ou le Centre-Nord sont particulièrement touchées.
L’aide humanitaire bloquée ou attaquée
Les attaques contre les humanitaires se multiplient. Le rapport recense 96 cas de refus d’accès humanitaire. Des convois ont été bloqués, des ponts détruits, des dépôts de vivres pillés, et des agents humanitaires attaqués ou tués. Plus d’un million de personnes, dont de nombreux enfants, se trouvent aujourd’hui privées d’aide de première nécessité.
Cette situation aggrave une crise humanitaire déjà sévère. Les enfants sont exposés à la malnutrition, à des maladies non soignées, et à des risques accrus de violences dans un contexte d’extrême vulnérabilité.
Des efforts, mais encore insuffisants
Face à ces défis, quelques avancées positives ont été notées. Le Gouvernement burkinabè et l’ONU ont signé un protocole de transfert pour que les enfants capturés ou libérés des groupes armés soient pris en charge par des structures civiles. En 2023, six enfants ont été libérés de prison grâce à ce mécanisme.
Au total, 397 enfants ont bénéficié de programmes de réintégration, d’éducation ou de soutien psychosocial, souvent en partenariat avec des ONG locales. Des formations ont également été dispensées à plus de 11 000 membres des forces de défense sur les droits de l’enfant en situation de conflit.
L’ONU appelle à une action urgente
Malgré ces initiatives, les Nations Unies appellent toutes les parties au conflit à cesser immédiatement les violences contre les enfants, à libérer ceux qui sont encore utilisés par les groupes armés, et à respecter le droit international humanitaire.
Le Secrétaire général de l’ONU insiste aussi sur la nécessité de renforcer les programmes de soutien, notamment pour les enfants victimes de violences sexuelles et ceux vivant dans les zones isolées. « Les enfants ne doivent jamais être des cibles. Ils ont besoin de paix, d’éducation et de soins pour espérer un avenir », rappelle l’ONU.
Fatoumata Togo, stagiaire
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