Home Politique Bréma Ely Dicko : « Urgemment, IBK doit s’adresser à la nation, ce soir, en annonçant la dissolution de l’Assemblée nationale »

Bréma Ely Dicko : « Urgemment, IBK doit s’adresser à la nation, ce soir, en annonçant la dissolution de l’Assemblée nationale »

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Le Mouvement du 5 juin-rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) a déclenché ce vendredi 10 juillet 2020 la désobéissance civile au Mali. Dr Bréma Ely Dicko est sociologue et chercheur à Bamako, il estime que le président de la République doit s’adresser urgemment à la nation.

Phileingora : comment appréciez-vous la mobilisation de ce vendredi 10 juillet 2020 au Mali ?

Dr Bréma Ely Dicko : en conférence de presse, les membres du M5-RFP avaient annoncé qu’ils allaient utiliser la désobéissance civile comme stratégie. Ils avaient rassuré qu’elle allait être pacifique, qu’elle allait se passer sous forme d’occupation des bâtiments publics, des voies, etc. Sur le long terme, cette désobéissance devra aboutir au nom paiement des impôts. Toutes ces stratégies se sont développées aujourd’hui dans un manifeste qu’ils ont appelé « Les dix commandements ».

Je ne suis pas du tout surpris de cette désobéissance civile parce qu’ils l’avaient annoncée et ils étaient déterminés. Finalement ils sont passés à l’acte. Seulement on a assisté à des débordements au niveau de l’Assemblée nationale ainsi que de l’ORTM.

Pensez-vous que cette désobéissance civile pourrait amener le président Ibrahim Boubacar Kéita à démissionner ?

 À titre personnel, j’aurais voulu sincèrement que la manifestation d’aujourd’hui n’ait pas lieu. J’avais espéré que le président IBK et sa majorité allaient prendre des décisions très fortes, notamment concernant l’Assemblée nationale suivant les recommandations de la CEDEAO. Ils auraient pu par exemple faire en sorte, avec l’aval de la CEDEAO et même du G5 Sahel, de remercier les trente députés, y compris le président de l’Assemblée, qui cristallisent les frustrations. Malheureusement, je suis resté sur ma faim. Le fait qu’ils n’aient pas pris cette décision a radicalisé un peu l’aile dure du M5. Finalement on a assisté au rassemblement d’aujourd’hui avec la désobéissance civile qui est en œuvre.

Comment comprenez-vous l’absence de l’imam Dicko lors du rassemblement d’aujourd’hui ?

Hier, il a accordé une interview, à 19 h 45, à France 24 dans laquelle il a bien précisé qu’il s’inscrit dans un mouvement pacifique et qu’il est le garant moral du mouvement. Il ne cautionne pas du tout de violence et qu’à son âge, il est plus réservé en matière d’utilisation de la violence. Finalement, c’est l’aile dur du mouvement qui a participé à la rencontre d’aujourd’hui. L’aile dure du mouvement qui a fait la lecture des dix commandements en français et en bambara.

Ce qui se passe aujourd’hui n’est que l’application des décisions de l’aile dure. Parce que vous savez qu’au sein du M5, l’imam Mahmoud Dicko est l’une des rares personnes qui s’inscrit dans une sorte de mouvement pacifique. Mais des gens comme Kaou Djim, Cheick Oumar Sissoko, sont parmi ceux qui avaient demandé le départ d’IBK alors que cela n’était pas forcément ce que souhaitait l’imam Dicko qui est finalement parvenu à les convaincre d’enlever le départ du président des demandes. Le Mémorandum souhaitait que le président reste en poste. Je trouve effectivement que c’est une excellente chose que le président IBK reste président.

Au rythme où les choses évoluent, que préconisez-vous ?

Ce que je préconise est que dès ce soir, le président IBK prenne la décision de dissoudre l’Assemblée nationale. Parce qu’on ne peut plus tomber dans des mesures anticonstitutionnelles. Par exemple la CEDEAO avait proposé d’organiser des législatives partielles. Ce qui est anticonstitutionnel. Ce qui est constitutionnel, c’est d’enclencher l’article 50 et l’article 42 de la constitution qui permettent la dissolution de l’Assemblée nationale. C’est la seule mesure que je pense qu’il faut prendre dès ce soir. Urgemment, IBK doit s’adresser à la nation, ce soir, en annonçant la dissolution de l’Assemblée nationale. Mais s’il se tait, le silence peut être interprété différemment et on ne sait pas comment les gens peuvent recevoir cela.

Par F. Togola


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4 comments

Abdoulaye keita 11 juillet 2020 - 11 h 57 min

Le président ne peut ni dissoudre l’assemblée nationale ni la cour constitutionnelle tant que des discussions n’auront pas permis un accord préalable avec une feuille de route claire. S’il le fait avant ces préalables face à des assoiffés de pouvoir qui ne rêvent que de le faire tomber, il se fragilise, réduit le cercle de ses soutiens et accroît le nombre de ses ennemis, oui, ses ennemis et non ses adversaires. Les mots sont pesés.

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Phileingora 11 juillet 2020 - 13 h 56 min

OK.

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Phileingora 11 juillet 2020 - 13 h 59 min

Je comprends parfaitement ce que vous dites.

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