Alors que les inondations de 2024 ont révélé l’extrême vulnérabilité de Bamako face aux intempéries, le gouvernement malien mise sur un vaste programme de curage des caniveaux pour 2025. Une opération de salubrité publique aux allures de chantier politique.
Il y a les pluies, et puis il y a ce qu’on en fait. En 2024, Bamako a reçu des trombes d’eau, les plus violentes depuis que l’on mesure ce genre de choses – c’est-à-dire depuis 1967. Résultat : 88 000 ménages sinistrés, des routes éventrées, des quartiers submergés, des récoltes perdues. Mais derrière les caprices du ciel, c’est bien l’inaction humaine qui alourdit la note.
Les caniveaux bouchés, les collecteurs oubliés, les drains détournés. A Bamako, le ventre de la ville est encombré. Et l’eau, faute de trouver son chemin, prend celui de la violence. Face à cela, il y a eu l’urgence, le réflexe : un état de catastrophe nationale, 43 milliards de francs CFA débloqués pour réparer, pour colmater. C’était nécessaire, vital même. Mais pas suffisant.
Alors cette fois, le gouvernement veut jouer la carte de la prévention. Annoncé ce 7 mai en Conseil des ministres, le programme 2025 de curage s’annonce comme le plus ambitieux de ces dernières années : plus de 130 kilomètres de collecteurs, plus de 230 kilomètres de caniveaux. Une opération à 2,66 milliards de francs CFA, lancée dès le 15 mai à Bamako.
Ce n’est pas un miracle. Ce n’est même pas spectaculaire. Mais c’est ce genre de chantier silencieux qui évite les drames. Et si l’on veut que la ville respire à nouveau, il faut commencer par déboucher ses artères. L’assainissement, ce n’est pas qu’un mot technique dans un rapport ministériel – c’est une forme de dignité retrouvée.
Chiencoro Diarra
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