À l’approche de l’Aïd el-Fitr, une effervescence particulière s’empare des marchés et des foyers de Bamako. Cette fête, marquant la fin du mois de Ramadan, est une occasion de réjouissances, de partage et de renforcement des liens familiaux. Entre courses effrénées, préparation de mets traditionnels et achats de nouvelles tenues, plongeons dans cette ambiance festive.
Dès les premières heures du matin, les marchés de Bamako s’animent. Les vendeurs de tissus exposent leurs plus beaux pagnes et bazins riches, très prisés pour la confection de boubous flamboyants. Dans les rayons, les épices, les fruits secs, le sucre et les farines s’arrachent pour la préparation des plats festifs.
Les boucheries ne désemplissent pas non plus. L’agneau, la volaille et le bœuf figurent en tête des achats pour le festin du jour de l’Aïd el-Fitr.
Mamadou, vendeur de bazin et d’habits traditionnels, constate une différence cette année : « D’habitude, à cette période, on vendait bien. Mais cette année, c’est plus compliqué. Les clients se plaignent des prix, mais nous aussi, on achète cher chez nos fournisseurs. Avant, je vendais une centaine de tenues par jour, maintenant à peine une trentaine. On fait avec, mais c’est dur. »
Obliger de négocier longtemps pour vendre
Quant à Souleymane, un vendeur de volailles, il partage la même inquiétude : « Les clients veulent bien acheter, mais les prix sont élevés. L’an dernier, une poule coûtait 3 000 francs, aujourd’hui c’est presque le double. C’est compliqué pour tout le monde. »
De son côté, Seydou, vendeur de bétail depuis 15 ans au marché de Bamako, raconte son expérience pendant le Ramadan : « Le mois de Ramadan, c’est une période où les affaires sont censées être bonnes, surtout pour nous, les vendeurs de bétail. Les gens achètent plus de viande, mais cette année, c’est un peu plus compliqué. Les prix des bœufs ont beaucoup augmenté en raison de la sécheresse et de l’insécurité. Les clients hésitent parfois, surtout quand les prix montent. »
Il poursuit, visiblement préoccupé : « Je commence tôt le matin, souvent avant l’aube, et je termine tard. C’est encore plus dur avec la chaleur et le jeûne. Parfois, on est obligé de négocier longtemps pour vendre, car les gens veulent acheter, mais ils ne veulent pas trop dépenser. »
Seydou souligne l’importance de son travail, malgré les difficultés : « C’est difficile, mais il faut tenir bon. Je fais ce travail pour ma famille. L’argent que je gagne pendant le Ramadan me permet de subvenir aux besoins de ma femme et de mes enfants. Et même si les affaires sont plus lentes cette année, je sais que c’est temporaire. Le Ramadan, c’est une période où les gens se souviennent de leur famille et de leurs proches, et pour nous les commerçants, c’est aussi un moment important. »
L’effervescence dans les foyers
Dans les foyers bamakois, l’approche de l’Aïd signifie grand nettoyage, décoration et organisation des repas festifs.
Aminata Dara, mère de quatre enfants, exprime ses préoccupations : « L’Aïd, c’est un moment important pour les enfants. Ils attendent leurs nouveaux vêtements avec impatience. J’ai dû économiser depuis plusieurs mois pour leur acheter de belles tenues. Le plus dur, c’est la nourriture. Le riz, l’huile, tout a augmenté. Mais on fait des sacrifices pour que la fête soit réussie. »
Fatoumata Touré, une habitante de Magnambougou, ajoute : « On veut que nos enfants soient beaux pour ce grand jour, c’est une tradition. Même si tout coûte plus cher, on ne peut pas laisser passer l’Aïd sans leur offrir une belle tenue. »
Idrissa, père de famille, évoque aussi les défis du moment : « Avant, on pouvait acheter tout ce dont on avait besoin sans trop compter. Maintenant, il faut faire des choix. Mais l’essentiel, c’est d’être en famille et de partager ce moment. »
Un moment de partage et de solidarité
L’Aïd el-Fitr à Bamako ne se résume pas seulement à des festivités familiales. La solidarité et l’entraide occupent une place centrale. Les plus nécessiteux reçoivent la Zakât al-Fitr, une aumône obligatoire distribuée avant la prière de l’Aïd, afin que tous puissent célébrer dignement. Les visites aux proches et amis sont également une tradition bien ancrée, renforçant les liens sociaux.
Modibo Coulibaly, un retraité, témoigne : « Depuis plusieurs années, je mets un point d’honneur à donner la Zakât. C’est un devoir, mais aussi un plaisir, car tout le monde doit pouvoir fêter dignement. C’est ça l’esprit de l’Aïd. »
Awa Maiga, jeune étudiante, souligne l’importance des retrouvailles : « L’Aïd, c’est aussi l’occasion de revoir toute la famille. Les oncles, les tantes, les cousins… C’est un moment où on oublie les soucis et on profite ensemble. »
Entre spiritualité, festivité et partage, l’Aïd el-Fitr à Bamako est un véritable moment de communion. Dans les marchés comme dans les foyers, chacun met du cœur à rendre cette fête aussi joyeuse qu’inoubliable.
Cheickna Coulialy
Djénéba Yalcouyé, stagiaire
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