Le groupe minier britannique Kodal Minerals a perçu ses premiers revenus issus de l’exploitation du lithium de Bougouni, dans le sud du Mali. Une étape clé pour ce projet stratégique, dans un contexte de recomposition économique et géopolitique du Sahel.
La société minière Kodal Minerals a annoncé, mercredi 17 décembre, avoir perçu ses premiers revenus issus de l’exploitation du projet de lithium de Bougouni, dans le sud du Mali. Un paiement de 21,3 millions de dollars (environ 19,5 millions d’euros) a été versé par le groupe chinois Hainan Mining, partenaire commercial du projet, à la suite de la première exportation de concentré de spodumène depuis le port ivoirien de San Pedro, le 28 novembre.
Cette somme représente 95 % de la valeur de la cargaison livrée, conformément au contrat d’enlèvement liant les deux groupes. Le solde doit être réglé début janvier, après confirmation des analyses définitives de teneur et de tonnage du minerai exporté. Il s’agit des premiers revenus générés par la société Les Mines de Lithium de Bougouni (LMLB), filiale de Kodal Mining UK Limited (KMUK), qui détient la licence d’exploitation du site. Kodal Minerals, cotée à la bourse de Londres (AIM), possède 49 % de KMUK.
Une montée en régime progressive de la production
L’exploitation minière se poursuit à ciel ouvert sur le site de Ngoualana, où le minerai de pegmatite est extrait et transporté vers les stocks de minerai brut, actuellement estimés à environ 65 000 tonnes. L’objectif est d’augmenter progressivement ces volumes afin d’assurer un approvisionnement continu de l’usine de traitement par séparation en milieu dense (DMS) tout au long de l’année 2026.
Après plusieurs semaines de maintenance et d’ajustements techniques destinés à corriger des goulots d’étranglement identifiés lors de la mise en service initiale, l’usine de Bougouni a redémarré son activité cette semaine. La direction de Kodal Minerals indique viser une production d’environ 10 000 tonnes de concentré de spodumène par mois à court terme, avec une capacité annuelle cible de 125 000 tonnes.
Le transport du concentré vers le port de San Pedro se poursuit, et un second chargement est en cours d’acheminement vers la Chine. Pour le premier trimestre 2026, la production attendue se situe entre 20 000 et 30 000 tonnes.
Des contraintes techniques et saisonnières maîtrisées
Comme de nombreux sites miniers en zone tropicale, Bougouni a été affecté par la saison des pluies, qui a temporairement limité l’accès à certaines zones de la fosse. Des opérations d’assèchement sont en cours afin de permettre l’extraction des niveaux inférieurs du gisement. Selon l’entreprise, ces opérations n’ont pas d’impact sur la continuité de l’exploitation, des dispositifs permanents ayant été installés pour limiter les effets des prochaines saisons humides.
L’entreprise affirme par ailleurs disposer d’un approvisionnement complet en carburant et en explosifs, élément crucial dans un contexte régional marqué par des tensions logistiques et sécuritaires persistantes.
Des résultats prometteurs sur le prospect de Boumou
Au-delà de Bougouni, Kodal Minerals a publié les résultats définitifs de sa campagne de forage 2025 sur le prospect voisin de Boumou. Les analyses confirment la présence de plusieurs corps pegmatitiques continus et à teneur élevée en lithium. Certaines intersections atteignent plus de 50 mètres avec des teneurs supérieures à 1,5 % de Li₂O, renforçant le potentiel de développement à long terme du site.
Une nouvelle campagne de forage est prévue début 2026, accompagnée d’essais métallurgiques et d’études géotechniques, en vue de l’élaboration d’un plan minier détaillé. La société prévoit également de mettre à jour son étude d’impact environnemental et social, en raison de l’extension du périmètre du prospect.
Un projet stratégique dans un contexte politique sensible
Le projet de Bougouni s’inscrit dans un contexte malien marqué par une volonté affirmée des autorités de renforcer le contrôle national sur les ressources stratégiques, notamment dans le secteur minier. Le lithium, minerai clé de la transition énergétique mondiale, est devenu un enjeu économique et géopolitique majeur pour les pays producteurs.
Si Kodal Minerals souligne la stabilité opérationnelle du site, la montée en puissance du projet sera scrutée de près, tant pour ses retombées économiques locales que pour sa capacité à s’inscrire durablement dans un environnement sécuritaire et réglementaire encore fragile. L’entreprise prévoit désormais de publier des mises à jour trimestrielles sur l’avancement des opérations, la première étant attendue en avril 2026.
Chiencoro Diarra
En savoir plus sur Sahel Tribune
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
