Au regard de l’augmentation massive du nombre des déplacés internes et externes du Burkina Faso, le Haut Commissariat pour les Réfugiers (HCR) appelle « à une action concertée pour la paix et la stabilité ».
Au cours de la semaine précédente, le gouvernement burkinabè a indiqué que plus de 1,3 million de personnes ont été forcées de fuir les violences au Burkina Faso, en l’espace de deux ans et quelques mois. Et 6 % de la population burkinabè sont des déplacés internes.
Ces déplacements massifs de populations ont lieu alors que les attaques contre les civils et les forces de sécurité, par des groupes djihadistes, vont crescendo, selon les précisions du porte-parole du HCR Babar Baloch. L’attaque la plus meurtrière au Burkina Faso, depuis le début des violences djihadistes en 2015, est celle survenue à Solhan. Une attaque qui a fait 130 civils tués, en juin dernier.
Au cours d’une conférence de presse, le 23 juillet 2021 au Palais des Nations Unies à Genève, M. Baloch a expliqué : « Durant le premier semestre 2021, 237 000 personnes ont été forcées de fuir leurs foyers et ont rejoint d’autres régions du Burkina Faso, soit une forte hausse par rapport aux 96 000 personnes qui avaient été enregistrées au cours du second semestre 2020 ».
Augmentation des déplacements vers des pays voisins
L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) s’inquiète également de la recrudescence des déplacements forcés des civils burkinabè vers des pays voisins.
Le porte-parole de l’agence onusienne communique : « Depuis janvier 2021, plus de 17 500 personnes ont fui vers les pays voisins ». Selon les chiffres communiqués par M. Baloch, le nombre total de réfugiés burkinabè a presque doublé en seulement six mois : « On compte désormais 38 000 réfugiés et demandeurs d’asile burkinabè à travers la région ».
Au Niger, on compte 11 400 demandeurs d’asile burkinabè, contre 7400 au début de l’année. Seulement au cours du mois de juin, quelque 900 demandeurs d’asile sont arrivés au Niger, en provenance de Solhan.
« Le Mali accueille actuellement 20 000 demandeurs d’asile burkinabè, dont 6600 personnes qui sont arrivées dans la région de Tombouctou durant la seule année 2021 », précise le porte-parole du HCR. M. Baloch souligne pourtant les difficultés d’accès à cette région en raison des conditions de sécurité. Ce qui limite l’accès humanitaire dans cette partie du Mali
Au nord du Bénin, 179 demandeurs d’asile burkinabè ont également été enregistrés par les services du HCR. Au cours du mois de mai dernier, la Côte d’Ivoire a aussi reçu « ses premiers demandeurs d’asile burkinabè ». Quelque 430 personnes sont arrivées dans ce pays en quête de sécurité, indique notre source.
Appel à une action concertée
Le HCR, ses partenaires ainsi que les autorités sont à pied d’œuvre pour fournir des vivres, des abris, des articles de secours et des soins de santé, à ces déplacés forcés. « Malheureusement, la violence et l’insécurité continuent d’entraver l’accès humanitaire », déplore M. Baloch. À en croire les explications du porte-parole du HCR, le Burkina Faso et ses pays voisins ont un besoin humanitaire croissant. Il leur faut des ressources supplémentaires.
« Le HCR réitère son appel à une action concertée pour la paix et la stabilité au Burkina Faso et dans les pays voisins du Sahel central, le Mali et le Niger, qui connaissent également une forte augmentation de la violence et des déplacements forcés », précise M. Baloch qui rappelle que « les besoins du HCR en matière de financement pour le Sahel central en 2021 sont de 259,3 millions de dollars ». Mais à ce jour, seule la moitié des fonds recherchés a été reçue, conclut le porte-parole du HCR.
Fousseni Togola
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