Une nouvelle ère de souveraineté s’ouvre pour l’Afrique, avec la fermeture des bases militaires étrangères en Côte d’Ivoire et au Sénégal, dans la lignée de l’exemple donné par la Confédération des États du Sahel. Ces initiatives constituent un tournant historique vers une autonomie stratégique et une coopération internationale redéfinie. Elles annoncent un continent résolument tourné vers son propre avenir.
L’annonce, hier soir dans leur discours à la nation, par le président ivoirien Alassane Ouattara de la rétrocession du camp militaire français du 43 ᵉ Bataillon d’Infanterie de Marine (BIMA) à la Côte d’Ivoire, et par le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye de la fermeture imminente des bases militaires étrangères au Sénégal, est un tournant décisif pour l’Afrique. Ces décisions ne sont pas isolées. Elles s’inscrivent dans une dynamique continentale impulsée par la Confédération des États du Sahel (AES), qui a ouvert la voie en exigeant, dès 2022, le départ des forces militaires françaises de ses territoires.
L’AES, le précurseur d’une révolution souverainiste
Le Mali, le Burkina Faso et le Niger, membres fondateurs de l’AES, ont été les premiers à poser un acte d’émancipation en révoquant des accords militaires jugés contraires à leurs intérêts stratégiques et souverains. Ces nations sahéliennes, en proie à des défis sécuritaires complexes, ont démontré qu’il était possible d’assurer leur propre défense tout en réorganisant leurs partenariats internationaux. Leur modèle a servi d’inspiration aux autres pays africains. Ces États ont ainsi démontré que la souveraineté ne peut être négociée.
L’AES n’a pas seulement influencé le discours. En devenant une confédération, elle a créé une unité inédite dans une région fragmentée, en mutualisant les ressources militaires et en misant sur une industrie de défense endogène. Cette initiative a résonné au-delà des frontières sahéliennes, propulsant l’idée que l’Afrique pouvait se doter de ses propres instruments de sécurité tout en diversifiant ses partenariats internationaux.
Une réorganisation stratégique des partenariats militaires
Les annonces ivoiriennes et sénégalaises s’inscrivent dans une volonté plus large de redéfinir les termes de la coopération militaire avec les puissances étrangères. Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a clairement affirmé que « le Sénégal est un pays souverain, et la souveraineté ne s’accommode pas de la présence de bases militaires étrangères ». De son côté, Alassane Ouattara a souligné que la modernisation de l’armée ivoirienne permettait désormais d’assumer pleinement ses responsabilités sécuritaires.
Ces déclarations traduisent un panafricanisme affirmé qui prône une rupture avec les anciennes formes de dépendance. Elles montrent également une volonté de bâtir des armées capables de répondre aux enjeux sécuritaires locaux tout en contribuant à une diplomatie militaire proactive.
La perspective d’un continent unifié et autonome
Les réformes entreprises par ces États vont au-delà de la sécurité. Elles touchent aussi à la gestion des ressources naturelles. Le contrôle des mines d’or, de lithium et d’autres métaux précieux dans les pays sahéliens a permis de poser les bases d’une souveraineté économique qui soutient l’autonomie militaire. Cette dynamique est partagée par d’autres nations africaines, conscientes que la sécurité et le développement économique sont indissociables.
La fin de la présence militaire étrangère en Côte d’Ivoire et au Sénégal ne signifie pas une rupture avec le reste du monde, mais une réorganisation stratégique des relations internationales. Les dirigeants africains réaffirment ainsi leur volonté d’établir des partenariats fondés sur le respect mutuel et l’intérêt commun. Cette évolution pourrait transformer l’Afrique en un acteur géopolitique majeur, capable de définir ses priorités et de négocier en position de force.
Une Afrique en quête de sa propre modernité
Ces décisions traduisent un désir profond d’autodétermination et de modernisation. Elles ne sont pas uniquement des mesures politiques, mais des actes fondateurs d’un projet continental : une Afrique maîtresse de son destin. En fermant ces bases, les pays africains disent non à une vision passéiste de la coopération et oui à un avenir où leur voix comptera davantage sur la scène internationale.
Le modèle initié par l’AES, suivi par la Côte d’Ivoire et le Sénégal, annonce l’émergence d’un nouveau leadership africain. En 2025, cette dynamique pourrait s’accélérer avec l’entrée de nouveaux pays dans cette logique de souveraineté retrouvée. L’Afrique, souvent marginalisée dans les grandes décisions mondiales, est en train de se positionner comme un continent capable d’imposer ses propres normes.
Ces annonces ivoiriennes et sénégalaises sont bien plus que des faits divers diplomatiques. Elles témoignent d’un continent qui s’affirme, qui refuse les dépendances d’un autre âge et qui réinvente son rôle sur la scène internationale. Cette souveraineté revendiquée, inspirée par l’exemple de l’AES, est un signal fort que l’Afrique peut devenir un pôle d’influence majeur dans un monde en recomposition. En 2025, tous les regards seront tournés vers ce continent en plein essor, où les bases de la modernité se conjuguent désormais avec les aspirations légitimes d’indépendance.
Chiencoro Diarra
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