La problématique du fonds « DJIGUISÈMÈ JIRI », octroyé aux artistes maliens par le gouvernement comme appui dans le cadre de la pandémie de covid-19, a été abordée, jeudi 11 mars 2021, au cours d’une conférence de presse organisée par la FEDAMA. Une occasion mise à profit par Adama Traoré, le nouveau président de la fédération des artistes du Mali, pour donner des précisions sur les raisons du retard dans le transfert de ce fonds.
« Des fakes news montés de toutes pièces vous font croire que l’indemnité exceptionnelle de 90 000 FCFA destinée aux artistes dans les mesures prises contre la pandémie semble être détournée », constatait la Fédération des artistes du Mali dans un communiqué du 5 mars 2021.
« Près de 2060 artistes enregistrés » par la FEDAMA
Le retard dans le paiement de cette aide s’explique tout d’abord par le travail méticuleux que mène le ministère de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme, indique M. Traoré. Ce n’est pas tout, ce retard s’explique également par la crise socio-politique qui a secoué le Mali jusqu’à entrainer le départ du président Ibrahim Boubacar Kéïta (IBK). Une crise qui avait handicapait les Directions des finances et du matériel (DFM) des ministères, dont la plupart a été remplacé, a-t-il précisé.
Le président de la FEDAMA est revenu également sur la procédure suivie pour le recensement des artistes. « A priori, toute personne qui se réclame artiste doit bénéficier de cette subvention. Mais qui reconnait qui comme artiste ? », se demande le nouvel homme fort de la fédération des artistes du Mali pour souligner une première difficulté avant de s’atteler sur la procédure suivie.
D’après les explications du président de la FEDAMA, à tous les niveaux, chacun à sa façon et dans son domaine, a enregistré des artistes. Le secrétaire général de la FEDAMA, André Alou Konaté précise qu’« au niveau de la FEDAMA seulement, près de 2060 artistes ont été enregistrés ».
Procédure jalonnée de difficultés
M. Traoré a rappelé à cette occasion que « ce pactole est une aide. C’est la justice. C’est pourquoi au moment où nous avons enregistré les artistes, on n’a pas voulu que ce soit uniquement la FEDAMA puisqu’il y a des artistes qui ne sont pas à la FEDAMA ou qui n’ont pas la carte de la FEDAMA ». Et de poursuivre : « En décidant que ce soit seulement les artistes qui ont la carte de la FEDAMA, il y aurait une injustice ». Alors comment fallait-il procéder ? « Si on décidait que ce serait les artistes immatriculés au niveau du bureau malien des droits d’auteur, tous n’y sont pas aussi. Il y a certains artistes qui sont reconnus par leurs pairs et par la direction de l’action culturelle », a-t-il précisé pour dévoiler toutes les difficultés rencontrées ainsi la méthode suivie dans le recensement des artistes.
Malgré tout, a-t-il déploré, les difficultés ont continué sur le reste du processus. D’abord, une fois les listes arrivées au ministère de la Culture, des doublons ont été détectés en raison du fait que certains artistes se sont inscrits sous le numéro de leur conjointe artiste, qui, elle aussi, s’est inscrite avec le même numéro, a indiqué M. Traoré.
Retard des transferts
Face à une telle situation, la prudence et la réflexion demeurent les maîtres mots. C’est pourquoi pour éviter de créer des frustrations, le ministère de la Culture travaille à ce que la « poire soit coupée de façon positive afin que le maximum d’artistes puisse recevoir cet argent ». Aussi le ministère travaille-t-il afin que chaque artiste puisse recevoir les 90 000, sans aucune retenue comme frais de retrait, a rassuré Adama Traoré.
« Toutes ces actions ont eu comme répercussion le retard de ce transfert d’argent sur les comptes des artistes », a précisé le nouveau patron de la fédération des artistes du Mali.
Dans son communiqué du 5 mars dernier, la FEDAMA indiquait : « Contrairement à ce qui est raconté, aucun versement du montant en question n’a été effectué dans le compte de qui que ce soit ». M. Traoré précise toutefois que ce fonds ne concerne pas que les artistes, mais tout le département de la Culture, de l’artisanat et du tourisme.
Le nouveau président de la FEDAMA a souligné au cours de cette conférence de presse que sa fédération n’a aucun accès à ce fonds. Il rassure enfin les artistes : « À la fin des procédures de dépouillement, il sera fait un communiqué informant tous (tes) [les ndlr] artistes de l’évolution de la situation ».
Rappelons que les inscriptions pour bénéficier de cet appui des autorités maliennes ont commencé le 22 décembre 2020 pour prendre fin le 23 janvier 2021.
Fousseni Togola
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