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Aéroports du Mali : un premier semestre 2025 marqué par la hausse du trafic passager

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À Bamako, la 72 ᵉ session du conseil d’administration des Aéroports du Mali s’est tenue pour la première fois dans un siège flambant neuf. L’occasion pour le Colonel Lassina Togola, PDG des aéroports du Mali, de livrer un bilan chiffré… et d’affirmer qu’en matière de rigueur budgétaire et de souveraineté aérienne, le Mali n’a pas vocation à rester sur le tarmac.

Le décor avait tout d’une déclaration : un siège tout neuf pour une institution qui, hier encore, donnait l’impression de voler au ralenti. À la tribune, un colonel — Lassina Togola — qui n’a pas l’air de vouloir diriger les ADM comme une simple régie de piste d’atterrissage. Et des chiffres, précis, froids, implacables : 8 116 mouvements d’avions (-11,7 %), 466 128 passagers (+15 %), 4,3 millions de kilos de fret (+1,67 %), et un trafic postal en pleine ascension (+51 %). De quoi rappeler que ce qui compte, ce n’est pas seulement le nombre d’avions qui atterrissent, mais ce qu’ils transportent et qui voyage à leur bord.

Des aéroports, pas des gares routières

Pendant longtemps, les aéroports maliens ont ressemblé à ces gares routières saturées, mal entretenues, où le voyageur n’est qu’un figurant malmené. Des toilettes bouchées de Sénou aux files interminables pour un contrôle, le contraste avec Abidjan ou Dakar faisait sourire les passagers pressés, mais grinçait côté malien. Togola le sait. L’aéroport est une vitrine. Et ce qu’on y voit dit plus du pays que mille discours.

Sa lecture des chiffres est stratégique : moins d’avions, mais plus de passagers — preuve d’une rationalisation des flux —, plus de fret et surtout une explosion du courrier. En clair, le ciel malien n’est pas vide, il se densifie. Et lui entend transformer cette dynamique en arme de souveraineté.

La rigueur militaire appliquée au civil

Lassina Togola a des manières de chef d’état-major : discipline dans l’exécution budgétaire, anticipation des turbulences, objectif clair fixé au 31 décembre 2025 : tenir, et si possible dépasser, les promesses. Dans un Mali où la gestion publique est souvent synonyme de dérapage, cette rigueur sonne comme une rupture. On ne s’attend pas à ce que le colonel disserte sur la « gouvernance participative » — ce n’est pas son style —, mais plutôt à ce qu’il impose une méthode militaire à un secteur longtemps laissé au pilotage automatique.

Dans un pays enclavé, l’avion n’est pas un luxe. C’est une nécessité vitale. Commerce, diplomatie, tourisme, diaspora. Tout passe par ces pistes d’atterrissage. En faire des instruments de souveraineté, voilà le pari de Togola. À l’heure où le Sahel revendique son autonomie, quoi de plus symbolique qu’un aéroport qui fonctionne, qui accueille et qui inspire confiance ?

Bien sûr, les défis restent là : infrastructures vieillissantes, concurrence d’Abidjan ou de Lomé, aléas sécuritaires. Mais dans ce ciel-là, Togola montre que le Mali n’est pas condamné à l’escale.

Un colonel sur le tarmac de l’avenir

En refermant cette 72 ᵉ session, une impression domine : les Aéroports du Mali, hier parents pauvres de l’État, veulent redevenir une fierté nationale. Et Togola réussira son pari. Car il donne le sentiment que désormais, aux ADM, le pilote est bien dans le cockpit et qu’il a un cap.

Le reste ? Un peu d’ironie soudanesque suffit. Au Mali, les avions atterrissent peut-être moins souvent, mais les passagers sont plus nombreux. Et c’est peut-être ça, la meilleure définition de la Transition : moins de bruit, plus de monde à bord.

Chiencoro Diarra 


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