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Aéroports du Mali : Colonel Lassina Togola, l’homme des cieux devenu stratège des pistes

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Colonel, pilote et stratège, Lassina Togola s’impose aujourd’hui comme l’un des grands artisans du renouveau infrastructurel du Mali. À la tête des Aéroports du Mali (ADM), cet officier rigoureux allie expertise technique, vision managériale et sens aigu de l’intérêt public. De la modernisation des infrastructures à la gestion des crises, en passant par la valorisation du savoir-faire national, il incarne un leadership discret mais résolu, au service d’un Mali souverain et moderne.

Dans l’univers feutré des aéroports, où le ballet discret des avions dissimule souvent les rouages d’une machinerie complexe, le Colonel Lassina Togola s’est imposé comme l’un des rares hommes à conjuguer discipline militaire, expertise aéronautique et vision managériale. À la tête des Aéroports du Mali (ADM) depuis septembre 2020, ce natif de Tabacoro, dans la commune de Koumantou, ne se contente pas de gérer un patrimoine stratégique. Il l’a métamorphosé.

L’héritage du ciel, l’humilité du soldat

Formé entre les rigueurs de la Faculté des Sciences et Techniques de Bamako et l’exigence des écoles d’aviation françaises, Lassina Togola est l’archétype du pilote-militant. Non pas de ceux qui s’illustrent dans les shows aériens, mais bien de ceux qui, dans l’ombre, réconcilient la rigueur scientifique et le sens du devoir national. 

Breveté pilote de transport de troupes en France, il survolera les grands événements de la dernière décennie malienne — des rébellions touarègues à l’opération Serval —, avant d’atterrir symboliquement et physiquement à Sénou, pour y entamer une autre mission : celle du redécollage de l’institution aéroportuaire malienne, longtemps contrôlée par des étrangers.

L’uniforme devenu costume de bâtisseur

À la tête des ADM, le Colonel Togola n’a pas seulement imprimé sa marque. Il a changé la donne. Là où d’autres ont géré, lui a transformé. La modernisation n’est pas un mot creux mais un chantier tangible : nouveau siège de six milliards financé sur fonds propres, passerelle moderne pour relier les terminaux, hall de livraison repensé, infrastructures pensées pour durer. Et, dans un Mali où le « fait local » est souvent déprécié, il fait appel à des compétences strictement nationales. “Tous des Maliens”, rappelle-t-il fièrement à chaque inauguration.

L’homme n’est pas que gestionnaire. Il est aussi symbole d’une résilience discrète mais efficace. En pleine pénurie de carburant Jet A1 en 2024, il anticipe, agit et rassure. Le carburant afflue, les vols reprennent. Lors des sanctions de la CEDEAO, il impose aux forces étrangères une évacuation ordonnée du périmètre aéroportuaire. D’autres auraient hésité. Lui, non. L’État, pour lui, c’est une ligne de vol. Elle ne se dévie pas.

Un manager décoré, mais surtout écouté

En janvier 2022, il reçoit la Palme du Manager le plus dynamique. Il la dédie au Président de la Transition, le Général d’armée Assimi Goïta, qu’il remercie pour sa confiance. Mais derrière cette loyauté institutionnelle, se dessine une pensée personnelle : “La clé du succès d’une entreprise humaine est fondée sur un environnement social apaisé”. Tout est dit. Chez Togola, la performance n’éclipse jamais l’humain.

C’est une autre œuvre, en cours. Un bloc technique et une tour de contrôle ultramodernes en chantier, un budget réaliste et bien exécuté, et une volonté affichée de transformer l’aéroport de Bamako-Sénou en hub régional. Il ne s’agit pas de rêver d’un Dubaï sahélien, mais de bâtir un outil fonctionnel, adapté, sécurisé — malien avant tout.

Un patriotisme enraciné, une trajectoire ascendante

Togola ne se limite pas aux pistes. À Koumantou, il fore des puits, aménage des jardins pour lutter contre la malnutrition. Son patriotisme n’est pas de posture mais de terrain. Et c’est peut-être là, dans ce croisement improbable entre l’aviation stratégique et la ruralité solidaire, que se dessine son véritable projet : faire de chaque vol une avancée, de chaque mètre de piste une promesse tenue.

À 46 ans, le Colonel Lassina Togola n’a pas seulement pris les commandes des ADM. Il en a changé l’altitude. En temps de crise comme dans l’effervescence des grands chantiers, il tient le cap, calme et précis, avec cette pudeur du militaire qui ne cherche pas la lumière mais éclaire le chemin. Au Mali, où les hommes d’État se cherchent parfois, lui incarne une voie. Et celle-ci mène haut.

Chiencoro Diarra 


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