Accueil » Blog » Actu » Année de la culture au Mali

« 2025, année de la culture au Mali » : Abdoulaye Konaté, parrain du mois d’avril appelle à la reconquête culturelle 

0 comments 394 views 3 minutes read

Dans le cadre de la célébration de « 2025, année de la culture au Mali », une conférence d’envergure s’est tenue ce mardi 15 avril 2025 au Conservatoire des Arts et Métiers Multimédia Balla Fasséké Kouyaté, à Bamako. Parrain du mois d’avril, l’artiste plasticien malien de renommée internationale, Abdoulaye Konaté, y a animé une conférence passionnante sur le thème « Création artistique et société ». 

Cette initiative s’inscrit dans le vaste programme lancé par le Président de la Transition, le Général d’Armée Assimi Goïta, et mis en œuvre par le ministère de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie hôtelière et du Tourisme, en partenariat avec celui de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique.

L’événement a rassemblé un public éclectique composé d’artistes, d’intellectuels, de journalistes culturels, d’étudiants du Conservatoire et de l’Institut national des Arts, ainsi que d’anciens parrains et marraines de l’initiative, dont Dr Fatoumata Coulibaly dite FC, marraine du mois de mars.

Un appel à puiser dans nos racines culturelles

Dans un exposé dense et vibrant, Abdoulaye Konaté a livré une réflexion profonde sur la place de l’art dans nos sociétés contemporaines. Selon lui, la création artistique doit puiser ses fondements dans les racines culturelles africaines, aujourd’hui méconnues ou dévalorisées par une jeunesse de plus en plus influencée par les courants occidentaux. Il a regretté le fait que les sociétés d’initiation traditionnelles, autrefois piliers de la formation identitaire en Afrique, soient aujourd’hui oubliées ou marginalisées.

L’artiste a fustigé l’illusion selon laquelle l’art africain devrait se conformer aux standards occidentaux pour être accepté sur la scène internationale. Il a dénoncé la domination culturelle imposée par l’Occident à travers ses puissants réseaux médiatiques, ses canaux de diffusion et ses galeries.

Valoriser l’authenticité culturelle malienne

Pour lui, la culture malienne ne doit pas s’effacer au profit d’autres cultures, mais s’imposer par sa richesse et son authenticité.

« Nous avons existé bien avant les valeurs musulmanes, avant l’ère coloniale. Il faut valoriser ce que nous avons, ce que nous sommes. Ne vous abandonnez pas à une culture qui n’est pas la vôtre. Sinon vous serez des esclaves culturels », a-t-il martelé.

Abdoulaye Konaté a également évoqué la nécessité de former les publics à la consommation de l’art. Pour lui, la valeur d’une œuvre ne réside pas uniquement dans son prix ou sa notoriété, mais dans la capacité à toucher les consciences, à refléter une société, à contribuer à son développement.

Vers un véritable écosystème de l’art africain

Il a souligné que la création artistique ne doit pas être motivée uniquement par l’ambition commerciale, mais par une volonté de transmission, de mémoire et de résistance.

Revenant sur sa propre trajectoire, il a confié avoir été confronté à l’indifférence du marché local à ses débuts, ses œuvres étant parfois proposées à des prix dérisoires. Mais cela ne l’a pas découragé. Aujourd’hui, il constate avec satisfaction que les jeunes diplômés du Conservatoire, grâce à leur créativité et leur persévérance, réussissent à vivre de leur art, voire à en tirer des revenus supérieurs à ceux de certains fonctionnaires.

Enfin, le parrain du mois d’avril a insisté sur l’importance d’organiser un véritable écosystème autour de l’art en Afrique, en s’appuyant sur des critiques, des médias spécialisés, des galeries, des musées et des réseaux sociaux bien structurés. Pour lui, c’est seulement à ce prix que l’art africain pourra s’imposer sur le marché international sans renier son essence.

La conférence a été l’occasion d’un véritable plaidoyer pour une reconquête culturelle et un réarmement identitaire. Elle a marqué un temps fort du projet « 2025, année de la culture au Mali », qui ambitionne de replacer la culture au cœur des priorités nationales.

Ibrahim Kalif Djitteye 

  

🧐 Cet article vous a-t-il été utile ?

  
            
  

En savoir plus sur Sahel Tribune

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

Veuillez laisser un petit commentaire pour nous encourager dans notre dynamique !

A propos

Sahel Tribune est un site indépendant d’informations, d’analyses et d’enquêtes sur les actualités brûlantes du Sahel. Il a été initialement créé en 2020, au Mali, sous le nom Phileingora…

derniers articles

Newsletter

© 2023 Sahel Tribune. Tous droits réservés. Design by Sanawa Corporate

error: Le contenu est protégé !!

En savoir plus sur Sahel Tribune

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Poursuivre la lecture