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15e session du CSA : le Mali fixe les priorités agricoles pour 2025 et annonce les nouveaux prix des intrants 

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À Koulouba, le 6 mai 2025, la 15e session du Conseil supérieur de l’Agriculture s’est tenue sous la haute présidence du général Assimi Goïta. Derrière les bilans de campagne et les chiffres budgétaires, c’est une véritable profession de foi souverainiste qui s’est exprimée, avec en toile de fond l’ambition d’un Mali autosuffisant, enraciné dans la terre et tourné vers l’horizon AES.

Ce mardi 6 mai, le Palais présidentiel de Koulouba a repris des airs de plénière rurale. Pourtant, ici, pas de fourche ni de charrue, mais des rapports budgétaires, des projections de production, des feuilles de route techniques, et surtout un homme : le général d’armée Assimi Goïta. Entouré de son Premier ministre, de plusieurs membres du gouvernement, du président de l’APCAM, et des grands acteurs du monde agricole, le président conseil supérieur de l’agriculture a dirigé, d’une main ferme et d’un ton calme, la 15e session du Conseil supérieur de l’Agriculture (CSA). Une grand-messe où le verbe politique s’est mêlé au jargon technique, et où le monde rural, habituellement relégué aux rapports d’experts, s’est imposé comme le cœur battant du projet de souveraineté nationale.

L’agriculture comme socle d’une indépendance assumée

D’emblée, Goïta a donné le ton : « Le monde rural, pilier vital de l’économie nationale, doit redevenir le moteur de notre souveraineté. » Le décor est planté. L’agriculture n’est plus un simple secteur économique, mais un enjeu stratégique, presque géopolitique, dans la vision AES (Alliance des États du Sahel) dont le Mali veut être l’épicentre. En témoignent les 10 % du budget national qui lui sont désormais consacrés, les subventions aux engrais et semences, les soutiens directs aux producteurs. Si l’autosuffisance alimentaire est aujourd’hui brandie comme un mantra, elle n’en est pas moins portée par une volonté politique ferme.

Le bilan de la campagne agricole 2024, dressé par le ministre de l’Agriculture, Daniel Siméon Keleman, a rappelé les difficultés : inondations, insécurité, pertes humaines et matérielles, cheptels décimés dans certaines régions. Mais aussi des motifs d’espoir : plus de 11 millions de tonnes de céréales récoltées, près de 650 000 tonnes de coton-graine, plus de 110 000 tonnes de poisson. Des résultats jugés « encourageants » par le chef de l’État, au regard d’un contexte climatique et sécuritaire particulièrement hostile.

Une agriculture malienne en quête d’émergence

De son côté, Sanoussy Bouya Sylla, président de l’APCAM, a livré un plaidoyer passionné. Il a salué les « efforts constants du chef de l’État pour le monde rural », tout en énumérant les obstacles structurels : faiblesse de la mécanisation, accès limité au financement, empiétement des acteurs miniers sur les terres agricoles, précarité de la pisciculture, pollution des eaux, retard dans la distribution des engrais et dans les paiements des campagnes écoulées. Des défis, mais aussi des pistes : mutualisation des équipements agricoles, fixation concertée des prix des denrées, recensement fiable des exploitants.

La question de la souveraineté alimentaire a été abordée sous un angle nouveau : non plus simplement produire, mais transformer, valoriser, exporter. Goïta a insisté sur la nécessité d’« émerger de véritables entreprises agricoles tournées vers le marché » et sur l’importance d’« innover sans cesse tout en capitalisant sur nos savoir-faire traditionnels ». Une vision assumée, qui croise l’agenda 2063 de l’Union africaine et la stratégie nationale de développement 2024-2034.

Du diagnostic aux engagements concrets

Au-delà des discours, le CSA s’est aussi voulu un temps d’engagement chiffré. Les prix des intrants pour la campagne 2025 ont été fixés : 14 000 FCFA pour le sac de 50 kg d’engrais minéraux, 3 000 FCFA pour les engrais organiques, 1 500 FCFA le kg de semences de maïs hybride. Le coton-graine premier choix, quant à lui, sera acheté à 300 FCFA/kg.

Dans les couloirs de Koulouba, le mot « confiance » revenait souvent. Confiance en une volonté politique qui semble s’affirmer ; confiance conditionnée à la résolution des problèmes récurrents du monde rural ; confiance enfin dans une feuille de route qui se veut inclusive, en particulier envers les jeunes et les femmes, dont l’accès au foncier et au crédit reste à améliorer.

Koulouba, nouveau front du combat rural

La 15e session du CSA ne s’est pas contentée d’énumérer les objectifs, elle a redéfini le rôle politique de l’agriculture. À travers son discours, Assimi Goïta a tracé les contours d’un Mali rural réhabilité, d’un monde agricole au centre d’une souveraineté consolidée. À rebours des logiques d’importation à outrance et de dépendance aux aides extérieures, la Transition trace un chemin de résilience qui mêle volontarisme d’État, mobilisation des communautés rurales et foi en la terre.

Comme un retour aux fondamentaux. Comme une réponse silencieuse mais ferme à ceux qui, dans certaines capitales occidentales, doutent encore de la capacité des États sahéliens à se relever par eux-mêmes.

Chiencoro Diarra 


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