Les polémiques autour de l’argent destiné à la construction de la mosquée de Zantiguila poursuivent leur petit bonhomme de chemin. Selon des enregistrements audios qui nous sont parvenus, c’est le fils du chef de village qui l’accuse d’avoir détourné l’argent du village.
Il y a quatre ans, dans le cadre de sa politique de désenclavement, l’État malien a aménagé une route reliant directement Zantiguila, sur la route de Bamako-Ségou. Cette route est tombée sur la mosquée de ce gros village qui borde la forêt classée Faya. Pour la construction d’une nouvelle mosquée, les autorités maliennes ont déboursé plus de 30 millions de FCFA. Après le démarrage des travaux de construction, le chantier est à l’arrêt pour faute d’argent.
Le fils du chef de village l’accuse
Pourtant, selon le troisième fils du chef, Sounko Coulibaly dit Bafing, prêcheur à Zantiguila, le travail effectué ne vaut pas la moitié des 30 millions. Surtout que les dimensions qui avaient été convenues n’ont pas été respectées, a-t-il précisé. D’ailleurs, il explique que d’après ses propres enquêtes, la somme que son père a reçue est plus de 35 millions FCFA.
Aux dires de Bafing, lorsque l’argent est arrivé, le chef de village, Bina Coulibaly, n’a informé ni l’imam, ni le muezzin, ni les prêcheurs, ni ses conseillers afin que ceux-ci donnent leurs avis sur l’utilisation qu’il fallait faire de la somme reçue. À l’en croire, puisqu’il s’agit d’une somme qui appartient au village et non pas au chef de village et ses conseillers, Bina devrait demander l’avis des autres.
Le chef de village indexe l’agent de la mairie
Interrogé sur le sujet, Bina Coulibaly reconnait avoir reçu plus de 30 millions pour la construction d’une nouvelle mosquée dont les travaux ont été confiés à Amara Diakité, Eaux et forêt et troisième conseiller à la mairie de Zantiguila. Selon M. Coulibaly, il est accusé d’avoir détourné l’argent du village parce que le travail a connu des blocages dus à des phénomènes indépendants de leur volonté. Toutefois, le chef de village nie avoir détourné même un franc de cette somme destinée à la construction de la mosquée.
Pourtant, selon nos informations, l’imam de ladite mosquée dit n’être au courant de rien concernant le déroulement des travaux de construction de la nouvelle mosquée. Or, le chef de village a fait comprendre qu’il a toujours fait des comptes-rendus à la commission de la mosquée.
Les précisions de Amara Diakité
Contacté par nos soins, Amara Diakité estime que l’affaire est assez simple puisqu’il existerait entre lui et le chef de village ainsi que ses conseillers un contrat de travail écrit. Il demande alors à Bina d’apporter ce document pour que les choses soient claires pour tout le monde. Il précise quand bien même qu’il n’a pas reçu 30 millions pour la construction de cette mosquée. Toutefois, il s’abstient de dire que le chef de village a détourné l’argent du village, même si nous savons que le chef de village dit avoir reçu plus de 30 millions de FCFA.
S’agissant du non-respect des dimensions convenues, Amara explique que toutes les dimensions de la mosquée ont bel et bien été respectées. Il souligne d’ailleurs que la nouvelle mosquée est plus large que l’ancienne.
Le troisième conseiller à la mairie de Zantiguila lève toute équivoque en précisant que toute la somme qu’il a reçue a été investie. À ses dires, pour ces travaux, des entrepreneurs, des ingénieurs ainsi que des maçons ont été engagés. Un fils du chef de village faisait d’ailleurs partie des maçons, a-t-il ajouté avant d’indiquer que celui-ci a reçu tous ses frais de travail bien vrai que le travail ne soit pas encore achevé.
Amara souligne également que ni l’imam ni le chef de village ne peuvent dire qu’ils ne sont pas au courant de l’utilisation faite à la somme reçue. Surtout que l’imam a été celui qui a posé la première pierre de cette mosquée, a-t-il laissé entendre.
L’agent des eaux et forêts demande la convocation d’une réunion afin de chercher l’erreur et résoudre le problème. Cette réunion sera l’occasion de faire l’état des financements, a-t-il rassuré.
Une volonté de vengeance ?
De son côté, le 1er adjoint et conseiller au chef de village, Soundjè Coulibaly explique que si le chef de village dit n’avoir pas détourné l’argent du village, ce serait un oubli de sa part. « Le chef de village a détourné l’argent, il le doit parce que le village l’appartient », a-t-il finalement révélé.
Pour sa part, Maconno Coulibaly, président de la mosquée de Zantiguila, s’attèle à préciser l’origine même de tous ces problèmes autour de cette mosquée. À ses dires, le problème est parti d’une rencontre entre le maire de Zantiguila, Madou Traoré, et Bafing, le fils du chef de village. C’est ce fils qui dit que son père a détourné l’argent de la mosquée, a-t-il rappelé afin de blanchir Amara dans cette affaire. Il précise que celui-ci n’a point détourné l’argent destiné à la construction de cette mosquée.
Laver les linges sales en famille
Toutefois, Bafing, après avoir conduit une délégation pour rencontrer le chef de village et lui demander des comptes au sujet de l’utilisation faite à la somme reçue pour la construction de cette mosquée, dit vouloir mener ce combat jusqu’au bout. Si le problème n’est pas résolu à temps, il se dit prêt à engager des procédures judiciaires contre son père.
Estimant que tout le problème autour de cette mosquée n’est qu’une volonté de vengeance dont l’acteur principal serait le fils, Bafing, du chef de village, Amara Diakité se dit toujours disponible à accompagner le village afin que la construction de cette mosquée puisse être achevée rapidement. Il demande également aux habitants du village de s’engager pour sauver l’honneur de tout le village.
Pour sa part, le chef de village n’est plus prêt à se mêler aux travaux de construction de cette mosquée. Il nie les faits qui lui sont reprochés et demande aux habitants du village de tout faire pour achever la construction de cette mosquée.
Ce qui est sûr, cette affaire n’est pas aussi claire. Pourquoi le fils du chef de village l’en veut ainsi ? Selon des témoignages reçues, il s’agit bien d’un coup monté par le maire de Maraka Counko contre lequel une plainte a été déposée pour mauvaise gestion.
Fousseni Togola
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