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[Tribune] Comprendre le coup d’État de 2012 et celui de 2020 au Mali

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Cette chronique vise à faire une comparaison, entre le coup d’État perpétré par l’ex-comité national de redressement de la démocratie et la restauration de l’État (CNRDRE) en 2012, et celui de 2020, perpétré par le comité national pour le salut du peuple (CNSP).

À l’issue de cette comparaison, le chroniqueur a pour but, de pont de confiance entre, ceux qui mettent le bâton dans les roues des nouveaux hommes forts du Mali, les auteurs du coup d’État du 18 aout 2020, pour les antécédents par ci et par là dans le continent africain.

  • Les auteurs du coup d’État de 2012:

Le camp militaire : « Soundiata Keita » à Kati à 15 km de Bamako.

  • Les auteurs du coup d’État de 2020:

Le camp militaire : « Soundiata Keita » à Kati à 15 km de Bamako.

  • Les motivations du coup d’État de 2012 :
  • L’inaction du Président de la République face à la montée des rebelles au nord du pays en puissance.
  • La restauration de la démocratie.
  • Les motivations du coup d’État de 2020 :
  • La mauvaise gouvernance :
  • La corruption, la malversation financière, la complaisance et la discrimination qui gangrénaient le pays.
  • L’extravagance budgétaire
  • Le choix versatile des Premiers ministres
  • L’injustice et l’inégalité des chances
  • La gestion familiale des affaires publiques.
  • Les états généraux du pays
  • La tension politique et sociale interminable dans le pays.
  • L’instabilité et le décompte macabre croissant dans le rang des militaires tout comme les civiles.
  • Les conditions du coup d’État de 2012 :

Le coup d’État de 2012 a été un coup d’État sanglant, suite à la division de l’armée entre pour et contre.

  • Les conditions du coup d’État 2020 :

Ce coup d’État a été pacifique suite à l’union sacrée de l’armée pour la cause.

  • Le comportement des putschistes de 2012 :
  • À l’égard du Président déchu :

L’ennemi numéro un de la nation

  • À l’égard du peuple :

La méfiance totale, cette méfiance s’est réalisée dans la transformation du camp Soundiata Keita en palais présidentiel et la ville de Kati en capital. Il fallait franchir un dispositif sécuritaire impressionnant avant d’accéder au camp.

Peu après le coup d’État, ils ont fait un revirement comportemental spectaculaire, convoi de voitures de luxe, cortèges militairement imposants et plus en plus présidentiels, un cortège dont le passage était comparable à une manœuvre de guerres.

Après le coup d’État de 2012, la vie avait pris du temps avant de prendre son cours normal, notamment les programmes de la télévision nationale qui avaient connu une grande perturbation, un long bouleversement, où rien n’était lu à la télé que les déclarations de soutien aux militaires auteurs du coup d’État (CNRDRE)

  • Le comportement des putschistes de 2020 :

A l’égard du Président déchu :

Bon traitement

  • À l’égard du peuple :

L’ouverture et le rapprochement du peuple, très loin des scènes d’horreur et des agissements extra ordinaires du (CNRDER) en 2012, barrages draconiens de sécurité, convoi et cortèges impressionnants.

La preuve en est qu’ils sont venus rencontrer le peuple malien à la place de l’indépendance tout juste après le coup d’État, exposés à tout éventuel danger et, dans des conditions sécuritaires fragiles, imaginables pour le CNRDRE en 2012.

En ce qui concerne leurs déplacements, ils se sont fait remarquer par leur modestie ni convoi extravagant ni cortèges extraordinaires au-delà des véhicules militaires.

La vie a pris son cours normal, tout juste au lendemain du coup d’État, les programmes de la télévision nationale n’ont connu aucune perturbation, le comité national pour le salut du peuple a appelé le peuple à reprendre le travail le jeudi après le mardi du coup d’État, les actes de vandalisme ont été contenus rapidement à travers un communiqué qui a appelé à cesser ces actes. Des numéros verts ont été publiés afin de dénoncer certaines pratiques aux autorités.

En ce qui concerne le quartier général des auteurs du coup d’État, ils sont restés dans leur caserne comme avant, les rencontres nationales et internationales sont organisées au ministère de la Défense et dans les hôtels.

  • Organisation des putschistes de 2012 :

Le coup d’État de 2012 a été perpétré par un groupe militaire constitué essentiellement de soldats et de quelques officiers subalternes au nom du comité national du redressement de la démocratie et la restauration de l’État. Ce comité avait nommé à sa tête un officier subalterne du nom de capitaine Amadou Sanogo. Ce dernier avait cumulé tous les pouvoirs dans sa main, sans partage.

  • Organisation des putschistes de 2020 :

Un comité militaire du nom de comité national pour le salut du peuple a posé cet acte. Constitué essentiellement d’officiers supérieurs, ce comité a été bien structuré en matière de partage de pouvoirs. Il est composé d’un porte-parole du comité, président du comité, premier vice-président, deuxième vice-président, troisième vice-président. 

  • Réaction du peuple au coup d’État de 2012

Le peuple s’était divisé en deux camps en 2012 à propos du coup d’État : partisans opposants, une véritable tension sociale avait suivi les évènements du coup d’État dans le pays.

  • Réaction du peuple au coup d’État de 2020

Ce coup d’État a fait l’unanimité, sauf une minorité, selon leur affinité. Cette unanimité se doit aux causes du soulèvement populaire qui a précédé et emporté le président de la République. Ces causes sont :

  1. L’instabilité sécuritaire, politique et tension sociale.
  2. L’inconstance du Président de la République à la gestion des affaires publiques.
  3. L’impunité administrative et judiciaire
  4. La malversation financière, corruption et discrimination et parti pris.
  5. La justice et l’égalité des chances
  6. Les marchés publics, monopolisés par le fils du Président de la République.
  7. L’éducation, négligée et reléguée au second plan des priorités.
  8. Les défaites cuisantes de l’armée, à répétition, face aux groupes armés.  
  9. Le manque de transparence dans l’attribution des logements sociaux.
  10. La mal-exploitation et le mauvais partage des richesses du pays.
  11. Fin des auteurs du coup d’Etat de 2012 et le comité national du redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat (CNRDRE)

Le chef de la junte, le capitaine Amadou Haya Sanogo, de capitaine, s’était bombardé général de corps d’armée (4 étoiles). Cette nomination au détriment des autres membres du CNRDRE avait suscité beaucoup de frustrations, tensions et crises de confiance au sein du comité militaire. Ce climat avait entrainé le comité militaire à des conflits internes, beaucoup de ceux qui s’étaient opposés à la nomination du capitaine Sanogo général quatre étoiles ont été retrouvés morts un peu partout dans la ville de Kati et Bamako. Le capitaine Sanogo avait lancé une chasse aux sorcières dans l’escadron de la mort. Le numéro II de la junte avait dû fuir cet escadron pour se réfugier à la gendarmerie.

Le capitaine Sanogo lui-même avait fini par être arrêté et écroué, emprisonné cinq ans sans jugement, avec beaucoup de ses hommes, en attendant leur jugement dans une affaire de meurtres entre militaires.

  • Fin des auteurs du coup d’Etat de 2020 et le comité national pour le salut du peuple (CNSP)

Posé, il y a une semaine seulement, il sera prématuré de se prononcer sur la fin du CNSP, mais selon la comparaison ci-dessus, tout porte à croire qu’il ne devra pas subir le même sort que les putschistes de 2012. Il devra plutôt s’en sortir grand, sauf revirement spectaculaire des principes dont il a fait preuve jusqu’ici. Que Dieu unisse les cœurs des Maliens derrière ces militaires vers le changement, vers le bonheur.

Mamadou Sangaré, professeur de l’enseignement

Secondaire général, auteur, écrivain et pigiste


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