L’annonce faite par le président français Emmanuel Macron, ce vendredi 29 mars 2024, de son désir d' »intensifier le partenariat » entre la France et le Sénégal, suite à l’élection de Bassirou Diomaye Faye, révèle une tension sous-jacente. Cette déclaration, bien que couverte de félicitations chaleureuses et d’admiration pour la conduite des élections, cache une inquiétude profonde qui agite Paris : la crainte de perdre le Sénégal, comme elle a perdu le Mali, le Burkina Faso, et le Niger.
L’appel de Macron à Bassirou Diomaye Faye, porteur d’un message de continuité et de renforcement des liens franco-sénégalais, semble être une tentative de sauvegarde des intérêts français dans un contexte africain en rapide évolution. La victoire de Faye, un « candidat antisystème« , marque peut-être le début d’un nouvel âge où les nations africaines, empreintes d’un désir de souveraineté et d’indépendance, remettent en question et redéfinissent leurs relations avec l’ancienne puissance coloniale.
Tentative de rassurer et de consolider la position française
Cette réaction de la France n’est pas isolée. Elle reflète une tendance plus large où, face à des mouvements populaires et des leaders africains prônant une rupture avec le passé colonial et néocolonial, Paris cherche à maintenir son influence. Le « bon déroulement » des élections sénégalaises, salué par Macron, est ainsi présenté non seulement comme un triomphe de la démocratie mais aussi, implicitement, comme une opportunité pour la France de réaffirmer sa présence et son influence dans une région où elle se sent de plus en plus marginalisée.
Cette démarche de Macron pourrait être perçue comme un aveu de la fragilité de la position française en Afrique de l’Ouest. Après les développements au Mali, au Burkina Faso et au Niger, où la France a vu son influence s’éroder au profit de sentiments anti-français et de partenariats avec d’autres puissances mondiales, le cas du Sénégal acquiert une importance critique. Le Sénégal, considéré comme un des derniers bastions de l’influence française en Afrique, représente désormais un enjeu majeur dans la stratégie de Paris pour préserver ses intérêts régionaux.
La volonté exprimée par Emmanuel Macron de « poursuivre et d’intensifier » la coopération franco-sénégalaise, au-delà des félicitations de circonstance, trahit une tentative de rassurer et de consolider la position française dans un continent en pleine transformation. Cette démarche témoigne de l’anxiété de la France face à la montée d’un panafricanisme moderne et d’une volonté d’indépendance qui pourraient remettre en cause ses intérêts et son influence en Afrique de l’Ouest.
Younouss
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