#Sirandougou est une série de billets fictifs qui pourraient se classer dans la catégorie de conte philosophique. À travers des personnifications, je décrie certaines failles dans nos vies en communauté ainsi que dans la gestion de nos États. Dans cette première partie, il est question d’hypocrisie ainsi que de défense d’intérêts personnels qui minent nos sociétés actuelles.
Il était une fois, un village dénommé Sirandougou, existait un véritable félin carnassier. Il se faisait nommer par tous, Le Redoutable. Un véritable carnassier qui pouvait dévorer des troupeaux entiers. Ses traces étaient bien visibles. C’était un véritable brigand qui s’était spécialisé dans la poursuite du gros. Un troupeau de chèvres ! Il les encercle en veillant à ce qu’il soit bien regroupé dans ce cercle vicieux lui permettant de les massacrer un à un. Un troupeau de bœufs ! La technique était de même.
Lire aussi # Soubagabougou4: la révolte des jeunes sorciers
Toute la population de Sirandougou pensait que Le Redoutable coopérait en groupe tellement le dégât qu’il laissait derrière lui était énorme et effrayant. Son seul compagnon de route était Nataba. Un homme qui ne songe qu’à lui-même. Il faisait primer son intérêt privé sur l’intérêt général et était prêt à sacrifier son village pour sa propre cause.
Le mal dans tout ce drame, c’est que nul n’a encore réussi à voir ce monstre. Plusieurs préjugés ont vite jailli au jour. Des premières attaques, des secondes, des troisièmes, toujours la population de Sirandougou continue à soutenir l’hypothèse de l’existence d’un grand voleur dans les environs et qui serait en train de causer tous ces dommages aux citoyens ou plutôt le postulat d’une malédiction divine qui tombait sur le village.
Lire aussi # Soubagabougou3: La République des mille et un problèmes
Les préjugés présagent la vérité. Pour aboutir à celle-ci, il faut partir des postulats qui seront sûrement confirmés ou infirmés pour donner lieu à la vérité ou à la fausseté. C’est à cette tâche que s’est livrée toute la population, main dans la main, avec pour objectif d’abattre leur voleur commun à tout prix. C’est à ce moment que des cris bizarres commençaient à se faire entendre dans les forêts. Les femmes, les enfants, les cultivateurs étaient nombreux à abandonner leurs champs à leur sort. La peur s’était emparée de tous.
Dans les situations difficiles, il faut des hommes courageux pour relever le défi et renverser la tendance. Le Grand Sorcier du village, puisque c’est ainsi que tous l’appelaient, va remettre sa vie entre les mains de Dieu et se rendre dans la brousse profonde afin de vérifier les intuitions qui ne cessent de talonner la vie commune à Sirandougou.
Lire aussi # Soubagabougou2: Un pays ni proue ni poupe
Un loup ! Un félin ! Mais c’est un loup Redoutable ! s’écria le Grand Sorcier avant de courir rejoindre le vestibule du Chef de Village afin de lui expliquer ce qui se cache derrière les carnages effroyables de Sirandougou.
Il n’est nullement de coutume que le Grand Sorcier prit peur, mais ce jour, tellement peur que malgré son âge il n’a pas pu s’empêcher de courir rejoindre le village. Dès sa vue, tout le monde s’écria ensemble : « Qui a-t-il ? »
– Ce n’est pas un voleur.
– Quoi ?
– Les animaux perdus.
– Efforce-toi d’être un peu plus clair mon Grand Sorcier, lui demande le Chef de Village.
Lire aussi # Soubagabougou1: Au pays des «mille et une merveilles»
– Ce qui est à la source de la perte de nos animaux et qui crie tous les jours plongeant ainsi le village dans une insécurité alimentaire n’est pas un voleur ni autre chose comme nous l’avions présagé, il s’agit d’un Redoutable.
– Un voleur Redoutable ? Explique-toi !
– Je te dis qu’il ne s’agit pas d’un voleur. Il s’agit d’un gros félin dont j’ai peur de prononcer le nom.
– Je ne te croyais pas aussi peureux à ce point !
– Je n’ai jamais peur. Ce n’est pas fortuit si on m’appelle le Grand Sorcier. Mais ici, je suis en train de vous dire que le truand qui pourchasse invisiblement nos bétails est un Loup.
Lire aussi Douloureuse perte pour la petite Maï
– Là, nous sommes tous sur nos tombes ! Un loup dans nos forêts ! C’est la fin ! Est-ce que tu l’as bien vu ?
– Si. La question que je n’ai de cesse demandé est comment il s’est trouvé ici vu que pratiquement il n’y a plus d’arbres dans nos forêts.
–Il n’y a pas d’arbres, mais il y a de la nourriture pour les loups : nos troupeaux. Il faudrait rapidement un moyen pour nous débarrasser de ce félin à tout prix.
La technique trouvée afin d’apporter de l’espoir dans le village a été l’union sacrée de tous les habitants autour de ce seul objectif. Mais dans tous groupes humains, il existe des opportunistes qui ne manquent pas d’occasion pour abandonner le train en marche une fois que leurs intérêts sont en cause.
Lire aussi Une tragédie qui bouleverse toute une vie
Nataba se faisait des idées sottes afin de pouvoir gagner une part dans les animaux disparus. Il est le seul boucher du village. Alors, il s’est dit qu’avec Le Redoutable, il lui serait possible de récupérer des animaux pendant qu’ils ont encore la chaire chaude vu que Le Redoutable ne pouvait pas les manger tous d’un seul trait.
Le Redoutable était décrié par tous, notamment les éleveurs qui se voyaient chaque jour priver de plusieurs de leurs bétails. Certains ont même perdu tous ceux dont ils possédaient par la faute du Redoutable. Mais Nataba était insensible à toutes ces souffrances de ses concitoyens. Alors, il va rencontrer le diable pour conclure un pacte avec lui. Un pacte ne visant que la satisfaction de ses intérêts personnels.
Lire aussi Bamba, l’enfant qui rêvait de grand avenir
Un jour, le loup lui fait part de sa grande faim et lui demande de l’aider à s’infiltrer dans le troupeau du plus grand éleveur du village, M. Tagnini. En contrepartie, sur plus de 500 mille têtes de bœufs, Le Redoutable promet de donner à Nataba 200 mille. Le pacte est scellé.
Le loup entre en contrebande dans le troupeau vers 1 h 30 mins. Nataba est présent sur les lieux avec une camionnette pour récupérer son butin et sûrement en ayant des arrière-pensées.
Lire aussi Malgré les préjugés, Dieudonné et Boubou vu des amis modèles
A suivre !
En savoir plus sur Sahel Tribune
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
2 comments
Je trouve sarandougou très merveilleuse. Comme bien dit, elle explique la vie quotidienne dans nos États.
Merci de ta réponse