Le Rapport mondial sur la migration 2024, publié par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), le 7 mai 2024, se penche avec acuité sur les problèmes croissants de mésinformation et de politisation entourant les mouvements migratoires mondiaux. L’étude approfondie met en lumière comment ces deux facteurs façonnent non seulement les politiques publiques, mais influencent également les perceptions sociales à l’échelle internationale.
La mésinformation autour de la migration n’est pas un phénomène nouveau, mais sa prolifération dans l’ère numérique a amplifié ses effets déstabilisateurs, créant des divisions profondes au sein des sociétés. Le rapport de l’OIM indique que « la diffusion de fausses informations concernant les migrants et leurs impacts sur les sociétés d’accueil a engendré des vagues de xénophobie et de nationalisme exacerbé, influençant de manière significative les politiques migratoires à travers le monde. »
La vérité, première victime des politiques migratoires
La politisation de la migration, selon l’étude, a transformé cette question humanitaire en un outil électoral puissant, manipulé par des partis et des leaders cherchant à gagner ou à consolider leur pouvoir. Cette approche stratégique a souvent abouti à des politiques qui « sacrifient l’efficacité et l’humanité au profit de gains politiques à court terme, » selon le rapport. En exploitant les peurs et les préjugés, certains politiciens ont réussi à créer un climat de méfiance et d’hostilité envers les migrants.
La situation est particulièrement tendue dans des pays où les migrations sont de grandes ampleurs. « Les politiques migratoires deviennent des outils de campagnes électorales, où la vérité devient souvent la première victime, » explique le rapport. Cette instrumentalisation de la migration a mené à des politiques restrictives, souvent dénuées de fondements factuels ou scientifiques, et qui ne font qu’exacerber les défis de l’intégration et du respect des droits humains.
La migration, une partie de la solution aux défis mondiaux
Face à cette réalité, l’OIM appelle à une « approche dépolitisée et basée sur des données vérifiables pour aborder la migration ». L’organisation souligne l’importance d’une gouvernance mondiale renforcée, capable de gérer les mouvements de populations de manière plus équitable et efficace. « Il est crucial d’aborder la migration non pas comme un problème, mais comme une partie de la solution aux défis mondiaux que nous affrontons, notamment la démographie changeante et la pénurie de main-d’œuvre qualifiée, » précise le rapport.
Les réponses aux migrations doivent être multidimensionnelles, intégrant à la fois des politiques de développement, de sécurité et d’intégration sociale. « Tant que nous verrons la migration comme un danger plutôt qu’une opportunité, nous manquerons les bénéfices substantiels qu’elle peut apporter, » affirme un expert cité dans le rapport.
Cependant, l’efficacité de toute politique migratoire est souvent sapée par la mésinformation, qui continue de façonner les attitudes et les comportements à l’égard des migrants. Le rapport propose donc que les efforts pour contrer la mésinformation soient amplifiés, notamment par l’éducation et la sensibilisation. « Il est fondamental de construire des narratifs basés sur la réalité des faits, et non sur des peurs infondées, » conseille le rapport.
Une migration juste, rationnelle et bénéfique
Le document de l’OIM insiste sur le rôle que peuvent jouer les médias et les plateformes numériques dans la diffusion d’informations correctes sur la migration. La coopération internationale est également cruciale, car « aucun pays ne peut gérer seul les défis de la migration ». Les recommandations du rapport appellent à une plus grande collaboration entre les États, les organisations internationales, et les acteurs non gouvernementaux pour développer des stratégies de migration qui profitent à tous.
Le Rapport sur la migration mondiale 2024 offre une analyse précieuse et approfondie des défis actuels, proposant des pistes d’action pour les décideurs et la société civile. En mettant l’accent sur la nécessité de dépasser la mésinformation et la politisation, le rapport vise à promouvoir une approche de la migration qui soit juste, rationnelle et bénéfique pour toutes les parties impliquées.
Chiencoro Diarra
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