Au Mali, la transition politique mise en place après le départ d’IBK peine à retrouver sa voie. Quatre mois après la chute d’IBK, les mêmes problèmes persistent.
La transition politique en cours au Mali semble être la véritablement héritière du régime déchu d’Ibrahim Boubacar Kéïta (IBK). La même grogne sociale de laquelle le renversement de IBK et son régime est parti refait surface. En plus des grèves intempestives qui ont fini par handicaper l’administration malienne et essouffler l’économie du pays, des revendications locales deviennent de plus en plus pressantes sous cette transition qui peine toujours à retrouver sa voie pour l’accomplissement des missions qui lui sont assignées.
Dénonciation du gouvernement et du CNT
Le 11 décembre dernier, la Coordination régionale des Mouvements de l’inclusivité (CM1) de Tombouctou a tenu une grande marche pacifique pour dénoncer « l’exclusion » du CM1 « lors de la formation du gouvernement et de la mise en place du CNT ». Les populations de Tombouctou et de Taoudenni ont exprimé à cette occasion leur soutien au CM1 et demandé « aux autorités chargées de la mise en œuvre de la transition de réparer les injustices dont elles sont auteurs ».
Ces reproches ne sont-ils pas ceux qui ont conduit IBK à sa ruine après les élections législatives dont les résultats ont été dénoncés pour favoritisme ? Les nouvelles autorités du Mali auraient-elles déjà oublié ce pan de l’histoire du Mali ? Qu’on n’oublie quand même pas que généralement les mêmes causes produisent les mêmes effets. Avec le régime déchu, les soulèvements sont partis de la capitale pour regagner les régions. Sous la transition, nous assistons d’ores et déjà à l’ordre inverse.
Les autorités interpelées sur la situation sécuritaire
Dans le cercle d’Ansongo, région de Gao, au nord du Mali, les forces vives ont manifesté contre l’insécurité dans leur cercle, le 17 décembre 2020. Elles ont protesté contre « les multiples abus quotidiens ». Les forces vives du cercle d’Ansongo ont également dénoncé « l’isolement progressif du cercle dans l’indifférence totale et l’absence de réactions des forces de sécurité maliennes et des forces internationales (la Barkhane et la Minusma) ».
Face à cette situation d’insécurité grandissante, les populations de ce cercle ont saisi les autorités de la transition à travers cette marche pour qu’elles prennent « toutes leurs responsabilités en ce qui concerne la sécurité et la protection » de leur communauté « déjà meurtrie par les huit ans d’anarchie et d’injustice ».
Dans la même logique, le chef d’État-major de Danan Ambassagou, Youssouf Toloba a interpelé les autorités de la transition par rapport à la situation du pays dogon. Dans une courte vidéo de 2 minutes 35 secondes, publiée le 16 décembre dernier, le chef d’État-major de la milice dogon menace de rejoindre les groupes terroristes si les autorités de la transition ne déploient pas les militaires sécuriser la région de Mopti d’ici le 20 décembre.
Résultat d’une erreur
Ces soulèvements spontanés sont la manifestation d’une erreur commise par les autorités de la transition lors de la nomination des membres du Conseil national de transition (CNT). La plupart de ceux qui ont été désignés pour représenter le peuple malien ne peuvent que parler au nom du peuple qui vit à Bamako. Les régions se voient alors peu représentées dans le CNT. Dans leur mentalité, cela laisse transparaître une volonté d’exclusion de leur localité par les nouvelles autorités. C’est pourquoi il ne convient point de prendre à la légère ces manifestations si l’on ne souhaite pas tomber dans les mêmes leurres d’IBK.
Togola
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