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Pourquoi assister une jeune dame à accoucher d’un enfant à euthanasier ?

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A lire le professeur de philosophie Mikailou Cissé, la trajectoire actuelle de la transition politique au Mali désole et devrait interpeller les Maliens. Il rappelle dans ce billet que l’organisation et la tenue des élections générales ne faisaient pas partie des « priorités absolues » inscrites dans la Charte de la transition.

Nombreux sont ceux qui croient dans les sociétés traditionnelles africaines que lorsqu’une personne est familière avec la mort, qu’elle aura une longue vie. Cette idée est réjouissante. C’est une croyance populaire que certains qualifient même de superstition. Pourtant elle est rassurante et procure de l’espoir.

La mort du second degré

 Cette idée réconforte et désole en même temps. Il fortifie parce qu’elle donne une certitude sur laquelle nous pourrons nous appuyer et être sûrs que le Mali Koura adviendra. Elle est lamentable également parce qu’elle ne contribue pas pour autant à accepter la résignation de ces soldats de lutte considérés comme celles qui apporteront un bien général. Les discours  de certains maliens au sujet de l’Imam de Badala est un exemple.

La mort dont il est question n’est pas celle qu’on emploie lorsqu’on conjugue une personne au passé. Elle est différente de celle qui est employée lorsqu’on parle de ces soldats de l’armée malienne qui figurent sur la liste des soldats dont les parents ont fait une sépulture sans leurs corps. Au contraire, il s’agit de cette mort qui impute à un être toutes les facultés dont il dispose sans qu’il ressente la moindre souffrance dans sa chaire. Il ne s’agit point de cette mort qui constitue le départ du monde sensible vers le monde intelligible.

Le Mali est pleine de ces genres de morts de second degré. Ils sont ceux qui estiment que la transition ne peut pas mener toutes les réformes énumérées dans la charte de la transition. Ils sont ceux qui se plaisent dans cette forme de mort, ceux estiment qu’il faut éviter de souffrir pour le Mali. Il suffit d’écouter les discours sur la transition politique en cours pour s’en apercevoir. Comme justification, ils avancent que cette équipe n’a pas de légitimité. Tout ce que nous devons attendre d’eux est l’organisation et la tenue d’élections libres et transparentes. Donc il faut aller aux élections.

De la diversion ?

En se référant aux discours exposés sur la place publique, on peut sonder aisément que nombreux sont ceux qui sont persuadés que la voie empruntée par les hommes qui tiennent la destinée de notre État est loin de celle qu’ils avaient promis le jour de leurs prestations de serment. Qu’elle est aussi loin de ce que le peuple attendait pour résoudre les problèmes auxquels il fait face. Mieux, elle est très différente aussi de celle que les forces vives de la Nation avaient énuméré, tracé et assigné comme des tâches qui devraient être menées par les autorités politiques pendant la transition. Précisément les hommes et les femmes qu’ils avaient choisis délibérément sans tenir comptent de l’avis des Maliens, c’est-à-dire, ceux qui vivent dans leurs chairs les conséquences du problème principal [l’insécurité] qui sévit au Mali.

L’organisation des élections transparentes, qui semble être ce qui préoccupe le plus actuellement, en faisait partie, mais elle n’était ni la priorité ni la plus urgente pour les Maliens. Elle risque même de bouleverser davantage la situation. Elle est clairement inscrite parmi les tâches assignées à la transition, mais elle est à l’avant-dernière position, juste avant la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger.

Imprudent est le qualificatif qui convient le mieux pour décrire le malien lambada et  la gestion actuelle du pouvoir. Il convient de les décrire car l’organisation de la CSA à Kidal était un signe manifeste. Elle devrait servir d’avertissement pour montrer aux maliens que cette transition n’est pas en train de suivre l’ordre des priorités énuméré dans la charte de la transition. Ce fait qui parait être insignifiant devrait permettre de voir que la transition marche sur sa tête. Car elle est la dernière de ses tâches.

Difficile tenue des élections

L’importance que les autorités accordent à l’organisation des élections devrait quant à elle inciter à revoir notre appréhension sur cette transition. Car ils ne peuvent pas garantir la tenue d’élection fiable et transparente. Pour cause : une grande partie du territoire national est sous le contrôle des terroristes, tous les administrateurs ne sont pas dans les circonscriptions où ils devront siéger, l’armée contrôle avec peine les zones où elle siège, un nombre important de la population qui devrait participer aux scrutins électoraux n’est pas en mesure de le faire vu qu’ils ne sont pas dans les lieux dans lesquels ils sont enregistrés, etc.

Si cette dernière aussi parait être insignifiante pour se faire une idée sur ce que la transition pourrait faire, les rapports élaborés par les organisations internationales et les pays qui accompagnent l’État malien doivent servir d’indices pour montrer à suffisance que les autorités actuelles ne sont pas meilleures que les précédentes. Comme celles-ci, les autorités actuelles roulent pour faire imposer des décisions prises hors des frontières maliennes. Les conclusions du sommet des chefs d’État du G5 sahel à Ndjamena, la lenteur dans les négociations avec les terroristes, l’empoissonnement de potentiels opposants, l’insécurité sur une grande partie du pays sont des exemples.

Modification de trajectoire

Ces faits et le calendrier des élections publier ressemant dénotent clairement que le projet de la pose des fondements d’un Mali Koura a été mis de côté au profit d’un autre. Parce que le Mali Koura ne pourra pas émerger après des élections dans l’environnement actuel. Les ressentes victoires contre les djihadistes sont significatives mais elles ne sont suffisantes pour soutenir que le Mali commence à trouver une voie normale. Il n’est pas besoin d’être un devin pour savoir ce qui avait conduit le peuple à manifester sa colère contre l’ancien régime. Il est connu de tous que c’est la proclamation des résultats d’une élection tenue dans un environnement pareil qui a conduit une franche importante du peuple malien à se mobiliser contre IBK.

Face à cette situation, ils sont nombreux les Maliens qui estiment que la trajectoire actuelle des choses n’est pas celle que le peuple souhaitait dans sa grande majorité. Il est soutenu de plus en plus que le peuple malien ne se fût pas mobilisé pour réclamer un simple changement de régime ou de tête. Au contraire pour exiger un changement radical dans le fonctionnement de l’État, la cessation des hostilités sur toute l’étendue du territoire national, plus de liberté et de droits, des réformes politiques et institutionnelles profondes dans des domaines tels que l’armée, l’éducation, la santé, etc. Alors il faut se lever au lieu de se résigner ou de s’apitoyer.

Faut-il accepter de mener une vie qu’on désapprouve ?

Certes, un sceptique oserait penser que se résigner serait la solution. Qu’il est le seul recours qui s’offre aux maliens. Accepter cet état comme un fait de Dieu. Il serait la solution en ce sens qu’il permet de ne plus ressentir au moins dans sa chair les souffrances qui leurs infligent les prises de position et de décisions des leaders face aux problèmes dont le Mali fait face. Accepter d’être insensible au point même de se faire passer pour un mort ou à défaut un zombie.

Il est certes reconnu par tous que le Mali n’est pas sur la voie du changement. Toutefois, cela devrait-il servir de raison pour baisser les bras et jeter d’un revers de la main tout ce qui avait été mené comme lutte afin d’obtenir le peu dont nous disposons aujourd’hui ? En tant que membre de l’espèce le plus évolué du monde, devrait-on se conduire comme des animaux et suivre le flux du cours des choses? Les peuples qui se sont réunis pour que le Mali soit n’ont jamais baissé les bras face aux situations qu’ils jugeaient inacceptables. Pourquoi nous qui sommes leurs progénitures devrons-nous agir ainsi ? Agir de la sorte ne revient-il pas à trahir leur mémoire et à les désavouer du même coup? Pire encore, ne serait-il pas un argument pour ceux qui n’ont pas cru au projet Mali ? À cette idée de fédération dont les pères fondateurs du Mali étaient porteurs et qui a permis que le Mali soit.

L’homme est certes un ancien spermatozoïde et un futur cadavre comme les animaux, mais il ne se conduit pas comme ceux-ci. Il est doté de facultés que ces derniers ne disposent pas. Il a le pouvoir de faire de son existence ce qu’il désire qu’elle soit. C’est un être qui décide de sa situation sociale en fonction de ses représentations.

À nous de définir nos priorités

L’homme n’est point fait à l’image de son auteur, qui n’est autre que Dieu, au même titre que les autres espèces, mais il est le seul être qui est doté d’une faculté qui lui permet de distinguer le bien du mal et de fuir ou de rester lorsqu’un danger survient, d’approuver ou de désapprouver une décision qui le concerne. Mieux, de vaincre ce qu’on pourrait présenter comme une fatalité.

Toutefois, si on nous berne en nous faisant croire que le fait de cohabiter avec les morts ne devrait pas être craint alors qu’en réalité elle devrait être crainte, nous sommes tous en passe de nous conduire comme des morts. L’accueil qu’a eu l’écho des dates des élections est un signe. Cette maladie qui provoque la résignation se rependra dans notre société comme le virus de la maladie à coronavirus s’est répandu dans le monde si nous ne nous levons pas comme un seul homme pour montrer aux autorités ce que nous voulons comme modèle de société.

L’acceptation de l’idéologie selon laquelle la transition est sur une bonne voie est le signe manifeste de cette maladie. Elle est celle qui doit être éradiqué, mettre un terme comme l’euthanasie met un terme à l’existence d’une personne. Cette idéologie devrait être combattue parce qu’elle ne traduit pas la réalité. Pour cela, nous devons faire comprendre aux autorités politiques, à leurs soutiens, aux Occidentaux et à tous ceux qui pensent comme eux, à commencer par les Américains, que les élections ne sont pas une priorité pour les maliens et qu’il revient à nous de décider ce que nous voulons pour nous.

Mikailou CISSE


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