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Nigéria : la violence policière au cœur des débats

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Depuis la publication d’une vidéo montrant le meurtre d’un homme par des policiers, le Nigéria n’est plus calme. Une forte mobilisation pour dénoncer ces pratiques a été violemment réprimée, mardi 20 octobre 2020. Les Nations unies ont condamné cette « violation des droits de l’homme ».

Des morts et de nombreux blessés ont été enregistrés dans la capitale nigériane, Lagos, mardi 20 octobre 2020. Une « bavure » qui a lieu sur des manifestants qui dénonçaient les violences policières. « Nous étions assis par terre et chantions l’hymne national du Nigéria et la plupart d’entre nous avions des drapeaux dans nos mains et nous l’avons soulevé », a confié un témoin à nos confrères de la BBC, le 22 octobre 2020, avant de préciser : « Puis ils ont ouvert le feu directement sur nous et ils ont continué à avancer et à avancer. Une ou deux personnes ont été touchées. Tout le monde s’est levé et c’était devenu le chaos total ».

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Cette violation des droits de l’homme n’est pas passée inaperçue des défenseurs de ces droits. Le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, à travers un communiqué, a condamné mercredi dernier cette situation. De son côté, Mme Bachelet, la haute-commissaire des droits de l’homme de l’ONU, a déclaré : « Si le nombre de victimes lors de la fusillade d’hier [mardi ndlr] au point de péage de Lekki à Lagos n’est toujours pas clair, il ne fait aucun doute qu’il s’agit d’un cas de recours excessif à la force, entrainant des exécutions illégales à balles réelles, par les forces armées nigérianes. » Et de poursuivre : « Les rapports selon lesquels les caméras de surveillance et l’éclairage ont été délibérément éteints avant la fusillade sont encore plus inquiétants, car, s’ils sont confirmés, ils suggèrent que cette attaque déplorable contre des manifestants pacifiques était préméditée, planifiée et coordonnée ».

Par la voix de son porte-parole, le chef des Nations Unies a également appelé à mettre fin aux brutalités et aux abus policiers signalés. « Le Secrétaire général exhorte les forces de sécurité à agir à tout moment avec la plus grande retenue tout en rappelant les manifestants à manifester pacifiquement et à s’abstenir de toute violence ».

Pour répondre aux requêtes des manifestants, la Haute-Commissaire a révélé que « le Nigéria était déjà à un point critique avant cette fusillade en raison des révélations sur des années de violence incontrôlée, de meurtres, de viols, d’extorsion et autres violations par la Brigade spéciale de répression des vols (SARS). »

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Mme Bachelet précise : « Bien que les autorités aient maintenant dissous la SARS et annoncé une série d’enquêtes aux niveaux fédéral et étatique, il y a encore eu peu d’accusations, voire aucune, portées contre divers membres de la brigade, ainsi qu’à l’encontre d’autres membres des forces de sécurité et de l’armée ».

Indignée par la « brutalité » de ces violences, la Haute-Commissaire des droits de l’homme de l’ONU, recommande non seulement une « réforme en profondeur » des forces de sécurité, mais aussi des enquêtes sur ces massacres afin de situer les responsabilités et de faire régner la justice. « Il doit y avoir des enquêtes immédiates, indépendantes, transparentes et approfondies, non seulement sur les meurtres d’hier soir, mais aussi sur toutes les violations commises précédemment par les forces de sécurité », a-t-elle suggéré.

 Mme Bachelet finit par rappeler la consécration de la liberté de réunion et de manifestation pacifique. « Les gens ont le droit de se réunir pacifiquement et de protester – et, comme l’attaque d’hier par les militaires l’illustre de façon frappante, au Nigéria, ils ont de nombreuses raisons de le faire », a-t-elle rappelé. 

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Pourtant, selon des analystes, ces genres de manifestations ne sont pas nouvelles dans ce pays. Mais la relance de cette mobilisation, mardi 20 octobre dernier, intervient à la suite de la publication d’une vidéo montrant le meurtre d’un homme par des policiers. Selon le chercheur Marc-Antoine Pérouse de Montclos, directeur de recherche à l’IRD, spécialiste du Nigeria, « c’est une protestation qui se généralise au-delà de la seule question des violences policières et qui porte des questionnements sur la gouvernance en général du Nigeria », a-t-il indiqué sur l’antenne de RFI, le 23 octobre dernier.

Bakary Fomba, stagiaire


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