À l’Institut français du Mali, le groupe « Da kali » était en concert ce vendredi 9 juillet. Issu de la lignée de Feu Kassé Mady Diabaté, de Bassékou Kouyaté et d’autres grandes voix, cet excellent trio, qui a enregistré Ladilikan en 2017, est moins connu du public malien, mais très convoité à l’étranger. Musique mandingue.
C’est un super groupe musical malien, créé en 2014. Le trio Da-kali est formé autour de la chanteuse Hawa Kassé Mady Diabaté, fille du célèbre griot Kassé Mady Diabaté. À ses côtés, deux autres artistes : Mamadou Kouyaté, fils de Bassékou Kouyaté — grand joueur de N’goni, et Fodé Lassina Diabaté, célèbre balafoniste et directeur du trio. Ce dernier, qui a collaboré avec plusieurs grandes voix du Mali comme Toumani Diabaté, Ali Farka Touré, Bassékou et Kassé Mady Diabaté, se trouve à l’origine de la création de ce groupe à trois, issu de la musique mandingue.
Le concept « Da kali », selon Lassina, est une invitation « à revenir à la source, surtout en jouant le balafon, plus vieil instrument musical du mandé » et d’autres instruments comme le N’goni et le Yabaré. Ce concept est dérivé de deux vocables de langue Bamanan : « Da kalikan ». Ce qui veut littéralement dire en français « la parole donnée ou prêter serment » « C’est un serment que nous avons fait de demeurer et travailler ensemble », nous apprend Hawa Kassé Mady Diabaté. Elle ajoute : « N’kali kan [ma parole donnée ou mon serment], c’est vouloir qu’un désir ou une volonté soit et de travailler dans le sens de sa réalisation ». Une manière de rappeler que la parole est sacrée dans le mandé et autres sociétés anciennes ou traditionnelles.
« On le joue toujours avec plaisir et amour »
Si le trio est très connu en Occident pour y avoir effectué des tournées et joué avec des grands noms de « musique du monde », surtout avec le célèbre Kronos Quartet, il est moins connu du public malien. Pour se faire découvrir par ce public, ils ont ainsi tenu, le vendredi 9 juillet dernier, leur premier concert à l’Institut français sur initiative de celui-ci en partenariat avec une université d’Angleterre. « On a eu beaucoup de chances de faire des tournées dans le monde entier, mais on est très peu connu au Mali », nous a fait savoir Fodé Lassina Diabaté. « Notre sentiment d’avoir joué à l’institut français [au pays], est grandiose, se réjouit-il, car l’instrument qu’on joue, on le joue toujours avec plaisir et amour. »
Malgré une pluie battante sur Bamako, en cette soirée de vendredi, une cinquantaine de personnes a pu effectuer le déplacement pour venir à leur (re) découverte. Sur scène, dans la salle de spectacle, le trio a joué avec d’autres artistes invités pour l’occasion. Il s’agit entre autres de la jeune Rokia Kouyaté, fille aînée de Hawa, son petit frère Lassi Kouyaté, et un autre groupe musical. La musique mandingue, les louanges et vertus de la fonction du griot, tradition et modernité étaient à l’honneur. Le tout accompagné des belles mélodies des instruments traditionnels et modernes (Balafon, N’goni, Yabaré…) et des pas de danse remarquablement admirables.
Tournées et nouvel album en vue
Violet Diallo, une Britannique résidant au Mali, qui a suivi de très près l’évolution du groupe, affirme avoir été « très impressionnée par le développement », en si peu de temps, du trio Lassina-Hawa-Mamadou. « Au départ, les trois musiciens n’étaient pas du même créneau, rappelle-t-elle. Mais ils ont su travailler ensemble et ils se font découvrir maintenant par le reste du monde. » « Je suis très impressionnée par le développement qu’ils ont fait, malgré qu’ils sont, curieusement, mal connus au Mali », se réjouit Violet Diallo. Elle qui espère qu’ils seront assez connus du public malien.
Interrogé sur la sortie de leur nouvel album et leurs activités prochaines, Fodé Lassina Diabaté répond que ce sera pour bientôt. « Des tournées sont prévues en Occident au mois de septembre malgré le contexte de Covd-19, nous informe-t-il. Nous avons prévu d’enregistrer [un album] au cours de nos tournées. »
« Sans paix, pas de musique, pas de vie »
Le plus grand rêve du trio est de parvenir un jour à faire découvrir les « Kronos Quartet » aux Maliens. De pouvoir jouer et produire ensemble sur scène devant le public malien comme ils le font ailleurs. Un rêve réalisable pour l’excellent trio « Da kali », lequel a encore de très beaux jours devant lui.
Aussi, préoccupés par la situation du pays, lancent-ils un message de paix et de cohésion sociale, à leurs concitoyens maliens. « Nous, les griots, nous aimons la paix. Sans paix, pas de musique, pas de vie pour nous », déclame le directeur du trio « Da kali ». Trio Da kali qui a à son actif un superbe album enregistré en 2017, intitulé Ladilikan.
Sagaïdou Bilal
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