La vie de l’homme n’est qu’une messe de paradoxes. Les mêmes choses coexistent avec les contraires contre lesquels elles sont nées. Le bien n’existe pas sans le mal. La philosophie est née contre la mythologie, mais des philosophes continuent à recourir aux mythes dans un souci pédagogique.
Les musulmans s’écroulent
Le mois de ramadan, mois de la clémence et de la miséricorde, est pourtant l’un des moments les plus difficiles pour les fidèles musulmans. L’existence devient dure comme fer. Le prix de tous les produits de première nécessité, durant ce mois « béni », atteint le plafond. Or, la majorité des Maliens vivent dans le basfond. Nous assistons à une messe des paradoxes.
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Ce mois béni donne l’impression aux musulmans que le ciel leur tombe dessus. Ils s’écroulent sous le poids du jeûne et de cette cherté qui l’accueille. La solidarité recommandée entre les fidèles se trouve sacrifier à l’autel des intérêts économiques. Au lieu que les prix diminuent pour réserver à ce mois toute sa particularité, les commerçants les font grimper inexorablement.
D’une difficulté à l’autre
Les trente jours du mois de ramadan se voient succéder par la fête de Ramadan. Un autre instant de joie pour les uns et de difficultés pour les autres. Cette fête est un autre lieu de dépenses pour les musulmans. La famille réclame d’être plus belle, de varier de ration alimentaire. La viande qui est hautement sollicitée pendant cette fête se voit grimper de prix dans un pays à vocation agro — pastoral.
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La mise à l’épreuve
Le mois béni devient ainsi un mois de la malédiction ou de l’épreuve, dois-je dire. L’expérience est le meilleur maitre. Si cela est vrai, les souffrances des fidèles ne manquent pas d’explication. Francis Fukuyama, intellectuel japonais, n’invitait-il pas à ne pas fuir la souffrance ? Tout simplement parce que la souffrance console les âmes les plus sensibles. Sous cet angle, ne comprenons-nous pas que ce mois est une mise à l’épreuve à travers laquelle chacun mesure sa foi ? Mais cela n’explique pas l’instinct capitaliste qui marque la plupart des commerçants assoiffés de sang.
L’État dans tout ça
Tous ces faits retrouvent pourtant leur explication dans l’absence du protectionnisme de l’État. Les prix doivent être réglementés tout en déployant des contrôleurs pour vérifier l’application des mesures dictées par les autorités étatiques. Mais au Mali, on est plus musulman dans la bouche que dans la pratique. Les pauvres semblent délaissés à leur triste sort. Comme pour dire que dans la république des Oligarques, point de place pour des pauvres.
F. Togola
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