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Mali : un an après, « la justice se fait » toujours attendre

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Intitulé « Tuées, blessées et oubliées ? Justice pour les personnes tuées lors de manifestations et du coup d’État au Mali », le nouveau rapport d’Amnesty International, publié le 23 avril 2020, se penche sur les morts et les blessés liés au recours à la « force meurtrière » par les forces de défense et de sécurité à Kayes, à Sikasso et à Bamako. Des incidents survenus lors des manifestations antigouvernementales survenues entre mai et août 2020. L’ONG de défense des droits de l’homme demande que justice soit rendue.

Au moins 18 morts et des dizaines de blessés par balle. Des victimes touchées ou blessées majoritairement à la poitrine ou dans le dos. La plupart, des passants ou de simples citoyens se trouvant chez eux ou sur leur lieu de travail. Ces incidents, selon un nouveau rapport d’Amnesty International, ont eu lieu lors des manifestations antigouvernementales ayant conduit au renversement du régime Ibrahim Boubacar Kéïta (IBK).

« Usage excessif de la force par les forces de sécurité »

À la suite de l’annonce des résultats des dernières élections législatives, des manifestations ont éclaté dans la troisième région du pays, Sikasso, le 6 mai 2020, au cours desquelles un homme a été tué et quatre personnes ont été blessées. « Les services de sécurité ont affirmé qu’aucun coup de feu n’avait été tiré sur les manifestants », indique Amnesty International avant de préciser qu’une telle « affirmation a été démentie par les témoignages recueillis ».

Dans la première région également, Kayes, en mai 2020, un homme âgé de 30 ans et un garçon de 12 ans ont été tués. Un autre homme a été « grièvement » blessé, selon Amnesty International, lors des manifestations survenues à la suite de la mort, le 11 mai 2020, du jeune Seyba Tamboura, « abattu » par un « policier qui n’était pas en service ».

En plus de tous ces cas d’usage de la force, le 18 août 2020, bien que les putschistes aient fait croire qu’il n’y avait pas eu d’effusion de sang lors du renversement du régime en place, l’ONG de défense des droits humains indique qu’au moins quatre personnes sont mortes de blessures par balles lors de cet évènement. « L’organisation a également établi que 15 personnes avaient été conduites à l’hôpital Gabriel Touré de Bamako pour des blessures par balle le jour du coup d’État », a-t-elle ajouté. Des victimes comme Adama ont été touchées jusque chez eux, rapporte l’ONG.

Au cours des manifestations des 10 et 11 juillet 2020, suscitée par les résultats controversés des élections législatives, associée à une insatisfaction croissante concernant la gouvernance, au moins quatre personnes ont été tuées par balles et des dizaines de blessés ont été enregistrés, indique le nouveau rapport. Selon Amnesty International, « la plupart des homicides et des blessures graves résultent d’un usage excessif de la force par les forces de sécurité ».

« Justice, vérité et réparations complètes »

Près d’une année après ces évènements, « les proches des victimes ont le fort sentiment que la justice se fait attendre ». Dans certains cas, comme les manifestations à Sikasso, aucune enquête n’a été ouverte par les autorités maliennes, déplore-t-on. Ce qui ne permet pas « aux familles des personnes tuées d’obtenir justice, de connaître la vérité et de bénéficier d’une réparation ».

S’agissant des manifestations des 10 et 11 juin, l’ONG de défense des droits humains indique que « des enquêtes officielles ont été ouvertes sur l’usage de la force meurtrière par des responsables de l’application des lois à Kayes et à Bamako ». Mais des enquêtes « toujours au stade préliminaire en février 2021 », déplore l’organisation.

Pourtant, « la lutte contre l’impunité constitue une des priorités de la feuille de route des autorités de transition au Mali », rappelle Samira Daoud, directrice régionale d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale. Elle exhorte les autorités de transition à « veiller à ce que les victimes et leurs proches aient accès à la vérité, à la justice et à des réparations, en menant des enquêtes indépendantes et impartiales sur tous les cas de recours excessif à la force meurtrière lors des manifestations de l’an dernier ».

Les victimes « du recours illégal à la force et aux armes à feu, ainsi que leurs familles, doivent obtenir justice, vérité et des réparations complètes », a-t-elle conclu.

Fousseni Togola

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