« Par l’union, les petits établissements s’accroissent ; par la discorde, les plus grands se renversent », déclarait le philosophe et homme d’État Sénèque, des années avant Jésus Christ. Mais encore à nos jours, ces propos restent vivaces. Ils peuvent bien contribuer à une meilleure compréhension d’une situation peu enviable à laquelle la transition politique au Mali est confrontée.
Cette transition est l’œuvre d’une union sacrée entre acteurs de la société civile, homme politique et militaire, qui se sont donné les mains pour renverser le régime en place, le 18 août 2020. Mais aujourd’hui, si l’on ne prend pas garde, cette forteresse, que nous pensions construite sur un soubassement en béton, risque de s’écrouler plus tôt que prévu.
Appel pour le départ de la France
Quelques mois après la mise en place du Conseil national de la transition (CNT), certains membres de cet organe marchent à contre-courant des décisions du reste de l’équipe. Adama Diarra alias Ben le cerveau, membre du CNT, à la tête du Mouvement « Yèrèwolo debout sur les remparts », invite à une grande mobilisation contre la présence militaire française au Mali, le 20 janvier 2021, jour de fête de l’armée nationale. Pourtant, sur cette présence militaire française au Mali, la position de la transition est tranchée sur la question, depuis les premières heures. Elles sont prêtes à travailler avec tous les partenaires militaires du Mali dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Un appel à mobilisation de la part d’un membre de cette équipe est une pétition de principe.
Face à une telle position de certains membres de l’hémicycle de la transition, le président du CNT, colonel Malick Diaw a décidé de prendre le taureau par les cornes. Selon les mots du colonel Diaw, les déclarations demandant le départ de la France « n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs ». Par la même occasion il a réaffirmé « le soutien et la disponibilité du CNT à l’endroit de tous les partenaires qui œuvrent aux côtés du Mali dans la lutte antiterroriste, sous toutes ses formes ». Il a également rappelé aux membres du CNT « les dispositions de l’article 92 du Règlement intérieur interdisant d’user de leur titre pour d’autres motifs que pour l’exercice de leur mandat ».
Kaou Djim contre les démolitions
Pendant le même moment, d’autres membres du même organe, précisément Issa Kaou Djim, traite cette transition de tous les noms. Comme s’il ne faisait pas partie de l’équipe transitoire. En effet, la démolition des constructions sur la zone aéroportuaire, où le bouillant membre de la CMAS aurait des lots, a mis Kaou Djim hors de lui-même. « On ne soutient pas la transition pour qu’un ministre vienne détruire ce que le peuple a construit. Dans un pays où il n’y a pas de sécurité, d’éducation, d’eau, d’aliénation… est-ce que venir démolir les maisons est la solution ? », se demandait Issa Kaou Djim, jeudi 14 janvier 2021, après le démarrage des travaux de démolition. L’honorable Kaou Djim va d’ailleurs plus loin en appelant la population à la formation d’un collectif afin de porter plainte contre le ministre qui a ordonné cette démolition. Il s’agit selon lui, d’une « façon sauvage d’agir ».
Le ministre de l’Habitant et de l’Urbanisme et celui des Transports n’ont rien attendu pour remettre les pendules à l’heure à travers un communiqué conjoint précisant la superficie de la zone aéroportuaire qui s’étend sur 7 149 hectares et est classée suivant le Décret n° 99-252/P-RM du 15 septembre 1999.
« Notre seul combat est le Mali »
Ces coups de cravache, provenant de membres de l’équipe, constituent une épine dans les pieds de cette transition. Ils sont susceptibles de l’affaiblir puisqu’ils montrent la désunion. En cette période critique dans la vie de la nation, ces adversités internes doivent être évitées pour la réussite de la mission que la transition s’est assignée. Faut-il rappeler aux « amnésiques » qui seraient dans le bateau transition sans être vraiment avec le reste de l’équipe l’appel de Assimi Goita, actuel vice-président de la transition, à l’occasion du 22 septembre 2020. Le colonel Goita avait fait comprendre à tous les Maliens que leur « seul combat est le Mali ». Aussi n’avait-il pas invité l’ensemble des Maliens à surpasser les divisions internes pour se retrouver autour de l’essentiel : le Mali.
Après tout cela, si des gens embarquent le bateau, montrant ainsi qu’ils ont les mêmes visions que le reste de l’équipage, mais tentent à la moindre occasion de mettre le bâton dans les roues, il faudrait douter de leur sincérité. Ils auraient une moralité assez douteuse.
Toutefois, les autorités de la transition, qui sont engagées sur de multiples fronts, doivent mettre rapidement le paquet pour remettre les électrons, qui veulent prendre trop de liberté, à leur place. Il y va de l’image et de la réussite de toute la transition et par ricochet du Mali. Car « même les fourmis ont compris que l’union fait la force ».
Fousseni Togola
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