Entre irrégularités financières, déficits de gouvernance et manque d’efficacité dans la mise en œuvre des programmes, les conclusions des deux rapports du Bureau du vérificateur général, pointent une série de défaillances qui compromettent la mission du CNPV : promouvoir l’engagement citoyen et le développement par le volontariat.
Le Bureau du Vérificateur Général (BVG) a rendu publics, en novembre 2025, deux rapports — l’un financier et l’autre de performance — sur la gestion du Centre National de Promotion du Volontariat au Mali (CNPV). Ces rapports couvrent les exercices 2023 à 2025. Les conclusions mettent en évidence de nombreuses irrégularités administratives, financières et organisationnelles, compromettant l’efficacité du Centre dans la promotion du volontariat national.
Des irrégularités administratives et financières préoccupantes
Selon le rapport de vérification financière, la direction du CNPV a ouvert plusieurs comptes bancaires sans autorisation du ministre chargé des Finances, en violation du règlement général sur la comptabilité publique. Des marchés ont également été attribués à des prestataires ne remplissant pas les critères fiscaux requis, et des dépenses injustifiées ont été effectuées, notamment sur des fonds de projets soutenus par le PNUD.
Le BVG relève aussi que certaines dépenses ont été justifiées par de fausses factures et que des traitements de données personnelles de volontaires ont été effectués sans l’autorisation préalable de l’Autorité de protection des données à caractère personnel (APDP). Ce qui expose ainsi le CNPV à des sanctions légales.
Un pilotage stratégique déficient
Le rapport de performance met en lumière des défaillances majeures dans le fonctionnement du Conseil d’administration (CA) du CNPV. Les mandats des administrateurs étaient caducs depuis juillet 2024, et plusieurs sessions ordinaires n’ont pas été tenues. Le budget de 2025, par exemple, a été exécuté sans adoption par le CA ni approbation du ministère des Finances, en violation des textes en vigueur.
Ces dysfonctionnements, souligne le BVG, « ne favorisent pas l’atteinte des objectifs assignés à la Direction générale ».
Des insuffisances dans la gestion du volontariat
Malgré les efforts de promotion du volontariat et une intégration partielle du genre (42 % de femmes parmi les volontaires et 7 % de personnes vivant avec handicap), la vérification a montré un manque d’équité dans le processus de sélection. Le recrutement a été effectué exclusivement en ligne, excluant ainsi de nombreux candidats n’ayant pas accès aux outils numériques, une pratique jugée contraire à l’esprit d’inclusivité prôné par la politique nationale de volontariat.
Le BVG pointe également l’absence de mécanismes efficaces de suivi-évaluation, un déficit de formation des volontaires et une communication institutionnelle insuffisante pour valoriser le volontariat comme levier de cohésion sociale et de développement.
Des recommandations fortes
Pour corriger ces dérives, le Vérificateur général recommande notamment : le renouvellement immédiat du Conseil d’administration ; le respect strict des règles d’adoption et d’approbation budgétaires ; la régularisation de l’ouverture des comptes bancaires ; le renforcement de la transparence dans la gestion des fonds publics et des projets ; la mise en place d’un mécanisme de suivi-évaluation performant et inclusif.
Ces rapports du BVG rappellent l’importance d’une gouvernance rigoureuse et d’une gestion responsable des ressources destinées à la jeunesse et au développement communautaire. Le CNPV, créé en 2011 pour promouvoir le volontariat comme instrument de participation citoyenne, se trouve aujourd’hui face à un défi majeur : restaurer la confiance et redonner tout son sens à l’engagement volontaire au service du Mali.
A.D
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