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Mali : l’armée de nouveau accusée d’allégations d’abus (HRW)

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Dans le cadre d’opérations militaires antiterroristes menées dans la région de Mopti, l’armée malienne est suspectée de meurtres et « disparitions » causées dans les villes, villages ou hameaux de Boni, Feto Hore Niwa, Kobou, Libé, Solla et Sokoura ; et à proximité. Des incidents qui ont eu lieu entre octobre 2020 et mars 2021.

Entre octobre 2020 et mars 2021, les forces de sécurité maliennes ont mené, dans la région de Mopti, 5e région administrative du pays, plusieurs opérations de lutte contre le terrorisme. Au cours de ces opérations antiterroristes, plusieurs personnes ont perdu la vie, d’autres sont disparues.

Pour mettre en lumière les circonstances de ces incidents, Human Rights Watch invite le gouvernement malien de transition à mener des enquêtes crédibles et impartiales. Surtout lorsque ces incidents sont tous perpétrés depuis sa prise de pouvoir, le 18 août dernier, en faveur d’un coup d’État.

L’armée soupçonnée de tueries et de mauvais traitements

En réponse à la présence de groupes armés islamistes, en grande partie liée à Al-Qaida, les forces de sécurité maliennes auraient commis des exactions au cours d’opérations militaires antiterroristes menées dans la région de Mopti. Des soldats maliens auraient tué au moins 34 villageois. Ils auraient également fait disparaitre, de force, au moins 16 personnes et infligé de mauvais traitements à des détenus, a indiqué Human Rights Watch dans un nouveau rapport publié le 20 avril 2020.

« Les forces de sécurité maliennes n’ont guère respecté la vie humaine lors de récentes opérations de lutte contre le terrorisme », a déclaré Corinne Dufka, directrice pour le Sahel de Human Rights Watch. Selon l’ONG Armed Conflict Location et Event Data Project (Acled), entre 2017 et 2020, au moins 500 civils auraient été tués au Mali par les forces de sécurité.

Des allégations d’abus commises entre octobre 2020 et mars 2021

À Boni, les exactions sont commises courant mars 2021. Le 18 mars, les forces de sécurité maliennes basées à Boni, dans le cercle de Douentza, auraient commis des exactions sur des ressortissants de ladite localité, a déclaré l’organisation de défense des droits de l’homme.

Dans le Hameau de Feto Hore Niwa, indique Human Rights Watch, l’Armée est soupçonnée d’avoir entraîné des disparitions de personnes, le 28 janvier 2021. Quant au village de Kobou, HRW souligne qu’au cours d’une opération de bouclage et de fouille, le 13 janvier 2021, des éléments des forces de sécurité maliennes auraient arrêté des villageois et les ont embarqués à bord d’au moins deux véhicules de l’armée malienne avant de se diriger vers le Nord. Dans le hameau de Solla, dont les incidents se sont déroulés le 12 janvier 2021, Human Rights Watch indique qu’un convoi de soldats patrouillant dans ce hameau a tiré sur un petit groupe d’hommes rassemblés près du puits local pour y abreuver leurs animaux. Elle aurait exécuté trois d’entre eux.

S’agissant du cas de Sokoura qui a eu lieu le 11 janvier 2021, Human Rights Watch souligne la découverte des corps, au périphérique de la ville de Sokoura, dans la matinée du 12 janvier 2021. Quant à celui du village de Libé, dans le Cercle de Bankass, celui-ci a lieu le 22 octobre 2020. À ce sujet, Human Rights Watch dit s’être entretenu avec 10 villageois présents lors de l’attaque. Selon leurs précisions, les forces de sécurité maliennes auraient tué, au cours de cette attaque, 25 villageois, incendié de nombreuses maisons et greniers et pillé du bétail et des objets de valeur.

« Le gouvernement malien n’a pas tenu de nombreux engagements »

Suite à ces incidents survenus dans la région de Mopti, le gouvernement a dit avoir ouvert des enquêtes afin d’identifier et suspendre les officiers impliqués dans de tels « graves abus ». Toutefois, les membres des familles des victimes ont déclaré n’avoir pas été contactés par les autorités, a détaillé Human Rights Watch, qui dit avoir transmis, le 7 avril dernier, une lettre au gouvernement malien, précisant les allégations d’abus figurant dans son rapport. En réponse à cette lettre, précise l’organisation de défense de droits humains, le gouvernement aurait promis l’ouverture d’enquêtes, tout en déclarant que « les investigations sont en cours ».

La partie gouvernementale aurait précisé dans sa correspondance que les enquêtes sur les allégations concernant Libé et Kobou ont été gênées par la situation sécuritaire qui reste précaire, et par « la réticence de certaines personnes à témoigner », rapporte HRW.

« Promettre d’enquêter sur les abus est une étape positive, mais le gouvernement malien n’a pas tenu de nombreux engagements antérieurs de ce type », a relevé Corinne Dufka.

Selon Mme Dufka, ces exactions perpétrées contre les populations « au nom de la sécurité ne fait qu’alimenter le recrutement dans les rangs de groupes armés qui commettent leurs propres exactions, et sapent la confiance des populations locales ». Elle juge important que les autorités maliennes reprennent « le contrôle des unités qui commettent des abus et faire bien plus pour garantir la discipline dans le cadre des opérations, exiger des comptes des auteurs d’abus, et prévenir de nouvelles atrocités ».

Bakary Fomba


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