Au Mali, rares sont les Maliens qui connaissent le fonctionnement de la rencontre littéraire – organisée depuis 2008. C’est ce qui ressort d’un sondage réalisé en ligne au mois d’octobre par Phileingoro. Pour plus d’éclaircissement, nous avons tendu le micro aux organisateurs ainsi qu’à des lauréats.
Des écrivains, des archivistes, des enseignants, etc., au total, 56% des Maliens ignorent le nombre de prix littéraires dans leur pays contre 83,3% qui ignorent comment le choix des prix littéraires s’effectue. Nombreux sont ceux qui pointent du doigt le favoritisme, le manque de communication sur l’événement.
Selon le co-directeur de la Rentrée littéraire du Mali, Ibrahima Aya, ce rendez-vous littéraire et artistique, porté par le Fonds des prix littéraires du Mali, une association apolitique, est une grande rencontre annuelle régie par des principes qui constituent son règlement intérieur. Ces principes sont publics puisqu’ils sont disponibles sur le site internet de la Rentrée littéraire, précise-t-il.
De son commencement, en 2008, à nos jours, la Rentrée littéraire compte quatre prix : le prix Union européenne premier roman, le prix Massa Makan Diabaté, le prix du meilleur manuscrit et le prix Ahmed Baba.
La participation à chacun de ces prix est ouverte à tous les auteurs de nationalité malienne. Seul le prix Ahmed Baba a une portée continentale.
« J’ignorais si je remporterai le prix »
Les livres introduits pour candidature doivent avoir été publiés dans une édition malienne ou en coédition, conformément au prix auquel il participe. La candidature à chacun de ces prix est faite directement par l’auteur lui-même ou par son éditeur. Chaque candidature doit être accompagné par une copie de la pièce d’identité de l’auteur. Pour la 13ème édition, les candidatures prennent fin le 15 janvier 2021. Pour le prix Ahmed Baba, la date limite pour postuler est fixée au 31 décembre 2020.
Selon Ibrahima Aya, le jury de la Rentrée littéraire est autonome. A l’en croire, les organisateurs aussi bien que les auteurs et le public découvrent en même temps les lauréats. Ce que nous confirme Chandra Diallo, lauréat du Prix Union européenne du premier roman en 2020 : « J’ignorais si je remporterai le prix et j’avoue même que j’en ai douté quand mon éditeur m’a annoncé que la compétition était très serrée cette année-là. »
En plus de ces principes, la participation aux panels lors de cet événement est tributaire de la publication d’un ouvrage. Les nouveaux auteurs, les nouvelles publications sont généralement privilégiés par les organisateurs.
Critiques et propositions
Malgré des principes explicites, les critiques ne manquent pas à l’endroit des organisateurs de la Rentrée littéraire. Selon Ladji Siaka Doumbia, écrivain malien, il y a trop de « copinage » autour de la sélection des prix littéraires puisqu’il n’existe pas de rotation pour le poste de jury. L’auteur de « Un polygame à Paris : les aventures de Titi » est favorable à un renouvellement de jury au lieu d’un « groupe d’individus permanent ».
Selon Ibrahima Aya, la participation aux événements de la Rentrée littéraire est « entièrement gratuite ». Ni les organisateurs, ni les participants, ni le jury, ne reçoit une rémunération pour la tâche accomplie.
Pour une meilleure organisation de cet évènement littéraire et artistique, Ibrahima Oyahitt, une personne ayant participé à notre sondage, propose d’« aller encore plus à la rencontre des jeunes, au niveau des écoles primaires fondamentales et secondaires (privées et publics ) sur toute l’étendue du territoire national » Ce n’est pas tout, il juge important « d’expliquer davantage les objectifs et les avantages de la Rentrée littéraire du Mali aux élèves et étudiants maliens ». Trouver plus de fonds pour donner plus de visibilité à la Rentrée littéraire du Mali et enfin donner de la visibilité et un accès plus facile aux livres maliens, font également partie des propositions faites par M. Oyahitt.
Pour sa part, M’baye Boubacar juge important « de multiplier la communication sur l’événement. ». Nombreux sont ceux qui ont proposé, au cours de notre sondage, de jouer sur la communication.
Le co-directeur de la Rentrée littéraire fait également comprendre que les organisateurs ont conscience de toute la nécessité de la communication pour la visibilité de ce rendez-vous littéraire et artistique. Mais tout est une question de moyens, a-t-il précisé.
Ousmane Samaké, écrivain, a non seulement recommandé une augmentation des prix littéraires au Mali mais aussi demandé à ce que le ministère de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme travaille à la promotion de la littérature malienne.
Réformes envisagées
La Rentrée littéraire a besoin de plus de ressources pour pouvoir concrétiser certaines réformes inscrites dans l’agenda des organisateurs, précise le Co-directeur de la Rentrée. Parmi ceq réformes figurent la décentralisation de l’événement, l’introduction d’un cinquième prix littéraire qui récompensera les auteurs d’essai. Un prix qui pourrait être introduite dès cette année, si les moyens le permettent, précise le co-directeur de l’événement.
« Nous ne pouvons pas faire plus que ce que nous faisons » pour l’instant, fait-il savoir avant de rassurer que leur objectif est de travailler à ce que le peu qu’ils font puisse être une continuité.
Les organisateurs de la Rentrée littéraire mouillent le maillot non seulement pour assurer la continuité de l’évènement mais aussi pour la qualité de son organisation. Chaque année, 40 à 50 auteurs prennent part à cette cérémonie, rappelle Ibrahima Aya. Plusieurs activités sont organisées durant près d’une semaine. La majeure partie de ces dépenses est supportée par le Fonds des prix littéraires qui la partage avec certains de ses partenaires étrangers et nationaux.
Bien qu’officiellement mise en place en 2009, la première édition de la Rentrée littéraire du Mali a eu lieu en 2008, selon Ibrahima Aya. De 2008 à nos jours, ce grand rendez-vous a toujours eu lieu en février. Bien que les dates puissent variées, elle a toujours commencé un mardi pour fermer ses portes un samedi avec la remise des prix littéraires. Cette année, les portes de la Rentrée littéraire s’ouvrent le mardi 16 février pour se refermer le samedi 20 février 2021.
Fousseni Togola
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