Dans son rapport « Out of Libya », publié le 20 juin dernier, Médecins Sans Frontières (MSF) a lancé un appel aux pays européens et nord-américains à faciliter l’évacuation des migrants les plus vulnérables en Libye.
Ce 20 juin 2022, Médecins Sans Frontière a lancé un appel d’urgence aux pays européens et d’Amérique du Nord pour l’octroi d’une protection aux migrants vivant dans des conditions inhumaines en Libye. MSF insiste sur une évacuation urgente de ces personnes vulnérables bloquées en Libye à travers des mécanismes existants et l’ouverture des voies de sorties alternatives.
« En Libye, la grande majorité des exilés sont victimes de détention arbitraire, de torture et de violences, y compris sexuelles. Leurs possibilités de protection physique et juridique y sont extrêmement limitées et fragiles. En conséquence, la route migratoire, très souvent mortelle, via la mer Méditerranée, est parfois leur seule échappatoire », explique Claudia Lodesani, responsable des programmes en Libye pour MSF.
« Nous pensons que les pays sûrs, notamment au sein de l’Union européenne, qui financent depuis des années les garde-côtes libyens et encouragent le retour forcé des migrants vers la Libye ont, au contraire, le devoir de faciliter la sortie et la protection, sur leur sol, de ces personnes victimes de violence ».
Rapport Out of Libya
Le MSF a publié un rapport dénommé Out of Libya, qui se penche sur les difficultés liées aux mécanismes de protection existants pour les personnes bloquées en Libye. Les simples voies de sortie autorisées vers les pays sûrs, initiés par le HCR et OIM sont inefficaces et restrictives, signale-t-on dans le rapport.
Seulement 1662 personnes sont parvenues à quitter la Libye en conformité avec les mécanismes de réinstallation du HCR sur environ 40 000 personnes inscrite, et à environ 3000 personnes via le programme de retour volontaire de l’OIM, indique le rapport Out of Libye du MSF. « Au total, on estime 600.000 le nombre d’exilés présents dans le pays », selon le MSF.
Le rapport a également présenté des solutions alternatives, notamment celles initié en collaboration avec les organisations de secours et les gouvernements.
« En Italie, un corridor humanitaire a déjà été ouvert et permet la sortie d’un certain nombre de personnes en situation de grande vulnérabilité et ayant besoin de protection, notamment des patients de MSF en Libye. Ce type de mécanismes doit pouvoir être dupliqué dans d’autres pays sûrs. En France, des discussions sont ainsi en cours avec les autorités afin d’évacuer notamment des survivants de torture, de violence et de détention, ainsi que des personnes présentant de graves pathologies médicales », se réjouit le MSF dans son rapport.
« La prise en charge médicale de personnes détenues arbitrairement et indéfiniment, ou à risque de subir des violences systématiques, pose de nombreux dilemmes. Nos possibilités d’actions sont, de fait, limitées. Pour réellement protéger les personnes les plus vulnérables, il faut avant tout, et de toute urgence, les sortir du système de détention et du pays », explique Jérôme Tubiana, responsable de plaidoyer en Libye pour MSF, dans une dépêche qui nous est parvenue.
A noter que le MSF est l’une des rares ONG internationales encore présentes en Libye.
Mohamed Camara
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