Dans les arcanes du système éducatif malien, une lettre circulaire datée du 24 janvier 2024 fait écho au cri de révolte des autorités éducatives contre une pratique tenace : le « châtiment corporel à l’école ». Un sujet brûlant qui, malgré son interdiction formelle, continue de hanter les couloirs de nombreux établissements d’enseignement, tant publics que privés.
Le ministre de l’Éducation nationale, Dr Amadou Sy Savané, tire la sonnette d’alarme dans une missive cinglante, rappelant l’interdiction catégorique des châtiments corporels à l’école, édictée par l’Article 26 de l’Arrêté n°10-0688 du 12 mars 2010, fixant le règlement intérieur des établissements de l’enseignement fondamental. Une interdiction qui, semble-t-il, peine à s’imposer dans la réalité des salles de classe, où certains enseignants continuent de recourir à des pratiques jugées dépassées et inhumaines.
Dans un entretien exclusif, le ministre souligne l’inadmissibilité de ces actes qualifiés d' »inqualifiables » et « attentatoires à l’intégrité physique des enfants« . Il fustige ces méthodes rétrogrades qui rappellent des périodes sombres de l’histoire éducative malienne, ayant jadis provoqué la fuite de nombreux enfants des bancs de l’école.
Des alternatives au châtiment corporel
Pourtant, les textes sont clairs, et l’appel du ministre est sans équivoque : stopper net ces pratiques barbares. En dépit de l’arsenal juridique, des élèves continuent d’être victimes de sévices corporels au sein même des écoles censées les protéger et les guider vers l’instruction, l’éducation, et le savoir.
Face à cette résistance persistante, le ministre propose une alternative. Pour gérer les problèmes d’indiscipline, de retard, d’absence, ou toute autre difficulté liée à l’action pédagogique, il encourage le recours aux dispositions de l’arrêté 10-0688/MEALN-SG du 12 mars 2010, décrivant « toutes les formes de sanction prévues à l’école« .
Cette lettre circulaire, signé par le secrétaire général du ministère de l’Education nationale, Pr Issoufi Dicko, ne dénonce pas seulement une violation flagrante des droits des enfants, mais elle appelle à une refonte profonde des pratiques éducatives au Mali. Le ministre, en digne défenseur de l’éducation bienveillante, engage un combat pour un système éducatif respectueux, moderne, et en phase avec les aspirations d’une jeunesse qui mérite un avenir sans cicatrices physiques et morales. C’est un appel à l’adoption d’une pédagogie respectueuse des droits humains, loin des ombres du passé, vers un Mali éducatif plus lumineux.
Bakary Fomba
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