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Le M5-RFP : un navire divisé en pleine tempête politique

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Le 24 mai 2024 marquait le troisième anniversaire de ce que le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) appelle la « rectification de la trajectoire de la transition » au Mali, qui correspond au renversement de Bah N’Daw de la présidence de la transition, après le coup d’État du 18 aout 2020 contre Ibrahim Boubacar Kéïta (IBK). Ce moment est l’occasion pour le M5-RFP de publier un communiqué critique qui a suscité une attention particulière, non seulement en raison de son contenu tranchant, mais aussi parce qu’il reflète les divisions internes au sein du mouvement.

Comme un navire en pleine tempête cherchant désespérément la lumière d’un phare, le Mali navigue dans des eaux politiques tumultueuses à l’occasion du troisième anniversaire de la rectification de sa transition. Le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), divisé entre les courants de Choguel Maïga et de l’imam Oumarou Diarra, se débat dans les vagues de critiques et de luttes internes, mettant en lumière les défis d’une coalition hétéroclite dont les rêves de renouveau sont secoués par les ambitions et les désaccords.

Le M5-RFP de Choguel Kokalla Maïga

La tendance du M5-RFP soutenant le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, Premier ministre du gouvernement de transition, exprime plusieurs griefs envers les militaires au pouvoir. Ce groupe déplore l’exclusion de ses membres du gouvernement lors du dernier remaniement, à l’exception d’un ministre en charge de la Refondation de l’État, qui a peu d’influence. De plus, ils critiquent le fait de ne pas avoir été associés à l’organisation du dernier dialogue inter-Maliens, qualifiant les recommandations de cette rencontre de « tendancieuses ».

L’un des points centraux de leur critique est l’opposition à un éventuel maintien des militaires au pouvoir pour plusieurs années supplémentaires et à la promotion des six colonels (Assimi Goïta, Malick Diaw, Sadio Camara, Abdoulaye Maïga, Modibo Koné et Ismaël Wagué) au rang de général. Ils s’opposent également à l’ouverture d’un dialogue avec les jihadistes, appelant à respecter le « pacte d’honneur » et à maintenir une collaboration sincère entre civils et militaires. Cette déclaration intervient à un moment où le Premier ministre Maïga semble de plus en plus marginalisé dans les décisions stratégiques, avec des rumeurs de remaniement ministériel circulant à Bamako.

Le M5-RFP de l’Imam Oumarou Diarra

De l’autre côté, la tendance du M5-RFP, tendance de l’imam Oumarou Diarra, ancien ministre du gouvernement de transition, critique vivement Choguel Kokalla Maïga. Ce groupe accuse le Premier ministre de s’accrocher à sa position malgré les désaccords internes et de manquer de respect aux valeurs de dignité et d’honneur du mouvement. Ils rappellent que c’est Choguel Maïga lui-même qui avait défendu le limogeage des ministres du M5-RFP lors du dernier remaniement, soutenant qu’ils étaient les seuls à traîner des casseroles. Ils reprochent à Maïga de se plaindre de sa mise à l’écart alors qu’il avait auparavant soutenu les décisions qu’il critique aujourd’hui.

Ce groupe accuse également l’actuel Premier ministre de « manipuler les procédures judiciaires pour favoriser ses alliés et de se positionner » comme victime alors qu’il avait appuyé les mesures qu’il dénonce maintenant. Ils soulignent que le M5-RFP ne se réduit pas à la seule personne de Choguel Maïga et que les idéaux du mouvement doivent transcender les ambitions individuelles.

Un mouvement hétéroclite et divisé

Le M5-RFP est né de la volonté de changement face à une crise multidimensionnelle au Mali. En 2020, ce mouvement a joué un rôle crucial dans la chute de l’ancien président Ibrahim Boubacar Kéïta, grâce à l’intervention des Forces armées maliennes (FAMas). Cependant, depuis cette victoire initiale, le mouvement s’est fragmenté en raison de luttes internes pour le pouvoir.

La « rectification de la trajectoire » en mai-juin 2021 avait pour but de consolider un partenariat stratégique entre les forces civiles et militaires, visant à bâtir une action gouvernementale basée sur des mesures essentielles pour le Mali. Le Premier ministre Choguel Maïga, proposé par le M5-RFP, a été chargé de diriger ce gouvernement de transition sous la présidence du Colonel Assimi Goïta.

Depuis cette rectification, plusieurs avancées notables ont été réalisées, comme le renforcement du système de défense et de sécurité, la réaffirmation de la souveraineté diplomatique, et la création de l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE). Cependant, les tensions internes au sein du M5-RFP et entre les civils et militaires menacent de compromettre ces progrès.

Des dynamiques internes pour apprécier les défis auxquels le pays est confronté

Les critiques des deux tendances du M5-RFP montrent une réalité complexe. D’un côté, la faction de Choguel Maïga se sent marginalisée et trahie, déplorant le manque de collaboration et d’inclusion de la part des militaires. De l’autre, la faction de l’imam Oumarou Diarra accuse Maïga de duplicité et de manipulation, insistant sur la nécessité de rester fidèle aux idéaux du mouvement sans céder aux ambitions personnelles.

Il est crucial de comprendre ces dynamiques internes pour apprécier les défis auxquels le pays est confronté. Le succès de la transition et de la refondation du Mali repose sur une collaboration sincère entre toutes les forces vives du pays, civils et militaires. Les ambitions individuelles et les luttes de pouvoir ne doivent pas compromettre les aspirations du peuple malien à un avenir plus stable et prospère.

Le mémorandum du M5-RFP met en lumière les défis et les tensions actuels de la transition malienne. Il appelle à une collaboration sincère et à un respect mutuel entre civils et militaires pour garantir un avenir meilleur au peuple malien. La vigilance, la coopération et la détermination restent les maîtres mots pour surmonter les défis actuels et bâtir un Mali plus fort et uni. Le chemin de la refondation est encore long, mais avec une vision partagée et un engagement sincère, le peuple malien peut espérer un avenir meilleur.

Oumarou Fomba 

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