Le Président du Faso, le Capitaine Ibrahim Traoré, a décidé de jouer les psychologues en chef ce jeudi matin. Sa destination ? La radiodiffusion télévision du Burkina (RTB), récemment secouée par un incident de tir à la roquette le 12 juin dernier. On aurait pu croire à une attaque ciblée, mais non, c’était un simple accident — de ceux que seule une mauvaise manipulation d’armes peut engendrer. Mais pourquoi a-t-il attendu une semaine pour venir rassurer ses troupes médiatiques ?
Imaginez la scène : Traoré, d’une voix posée, explique au personnel de la RTB que l’incident est survenu lors d’une relève de garde. Un soldat un peu trop zélé a déclenché par mégarde une roquette, blessant quelques-uns de ses camarades. Heureusement, ils sont maintenant hors de danger. Quant aux employés de la RTB, ils ont eu droit à un suivi psychologique de la part de l’infirmerie présidentielle — un geste rassurant en ces temps de tension. Mais ce retard dans la réaction présidentielle n’a fait qu’alimenter les rumeurs et les spéculations.
« Nous sommes là »
Pourquoi ce délai d’une semaine avant de rendre visite ? Une question que beaucoup se posent. Était-ce un temps nécessaire pour maîtriser parfaitement la situation et préparer une réponse adéquate ? Ou bien est-ce la marque d’une hésitation, d’un doute quant à la manière de gérer cette crise ? Le silence de Traoré a laissé le champ libre à toutes sortes d’interprétations et de fake news. Une communication plus rapide aurait peut-être permis de couper court aux rumeurs dès le départ.
L’épisode aurait pu rester une anecdote, mais voilà, les fake news s’en sont mêlées. Des rumeurs de mutinerie ont couru sur les réseaux sociaux et certains médias. Le Capitaine Traoré, en bon chef d’orchestre, a joué les démentis. « Il n’en est absolument rien », a-t-il martelé. « Nous sommes là. Nous ne fuyons pas. Nous ne reculons pas. Nous n’abandonnons pas. » Autant dire qu’il n’a pas mâché ses mots face aux « ennemis de la nation ». Mais n’aurait-il pas été plus efficace de prendre la parole plus tôt, avant que les rumeurs ne se propagent ?
Appel à la vigilance et à la résistance contre la désinformation
Et que dire des médias occidentaux, ces « manipulateurs » qui, selon Traoré, déforment la réalité ? Le Président les a mis en garde, tout comme les médias nationaux qui se font les échos de ces fausses informations. C’est un appel à la vigilance et à la résistance contre la désinformation qu’il a lancé à la jeunesse burkinabè. Cependant, cette dénonciation des médias étrangers n’est-elle pas une diversion pour détourner l’attention des critiques internes sur la gestion de l’incident ?
Dans cette ambiance de clarification, le Président a aussi levé le voile sur les mouvements d’avions et d’hélicoptères observés après l’incident. Non, il ne s’agissait pas d’une tentative de fuite, mais d’une opération militaire à Mansila, menée pour renforcer les troupes sur place. Six vols d’Ilyushin transportant du matériel des Nations Unies ont également atterri à Ouagadougou, une mission de l’UNMAS en cours d’achèvement. Là encore, on peut se demander pourquoi ces précisions n’ont pas été données plus tôt pour apaiser les esprits.
Le Burkina Faso reste un pays fréquentable
Le message de Traoré aux Burkinabè est clair : restez sereins, ne vous laissez pas manipuler. Aux investisseurs, il lance un appel rassurant : « Le Burkina Faso reste un pays fréquentable. » Et pour ceux qui complotent depuis l’extérieur ? Ils n’ont qu’à bien se tenir. Le Capitaine Traoré promet d’agir « de façon très ferme ». Mais au-delà des promesses et des déclarations de fermeté, c’est la gestion de l’information qui est en jeu. Comment s’assurer que les citoyens reçoivent des informations claires et précises en temps opportun ?
Le Président Ibrahim Traoré ne se contente pas de diriger. Il rassure, il clarifie, il motive. En visitant la RTB, il a montré que face à la confusion et aux rumeurs, le silence n’est pas une option. La communication maîtrisée, proactive, est la clé pour maintenir la confiance et l’unité. Parce qu’au final, un peuple bien informé est un peuple fort et résilient. Cependant, cette situation met en lumière une question essentielle : pourquoi attendre si longtemps avant de communiquer ? Une réponse rapide et transparente est souvent la meilleure stratégie pour éviter les malentendus et les spéculations.
Chiencoro Diarra
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