Face à la montée des cyberattaques et des campagnes de désinformation, la Côte d’Ivoire renforce sa défense numérique à l’approche de la présidentielle de 2025. La création de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI), décrétée par Alassane Ouattara, marque un tournant stratégique pour protéger le pays et garantir la résilience de ses infrastructures critiques.
Avec la présidentielle de 2025 qui se profile, la Côte d’Ivoire se prépare à affronter des défis de taille sur le front numérique. Face à l’intensification des cyberattaques et à la prolifération des campagnes de désinformation, le président Alassane Ouattara a signé, le 30 octobre, un décret pour la création de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI). Cette décision, prise à l’issue d’un conseil des ministres, marque un tournant stratégique pour un pays fréquemment cité comme l’une des cibles privilégiées des cybercriminels sur le continent.
La réponse ivoirienne aux nouvelles menaces numériques
Dans un contexte où la numérisation progresse à grands pas, la vulnérabilité des États face aux cyberattaques devient un enjeu crucial. La Côte d’Ivoire, à travers l’ANSSI, entend se doter d’une structure robuste capable de coordonner la gestion des crises de cybersécurité et de protéger ses infrastructures critiques. Cette agence concentrera les fonctions jusqu’ici dispersées entre la Direction de l’information et des traces technologiques (DITT), le Centre de veille CI-Cert et la cellule de cybercriminalité de l’Agence de régulation des télécommunications (ARTCI).
L’annonce de la création de l’ANSSI intervient dans un climat de méfiance alimenté par les attaques numériques qui menacent de déstabiliser le pays. La désinformation, utilisée comme une arme pour semer la discorde et influencer l’opinion publique, a le potentiel de fragiliser la cohésion nationale, en particulier en période électorale. Abidjan, ville cosmopolite et centre névralgique de l’économie ouest-africaine, n’est pas étrangère à ces manœuvres de déstabilisation.
Pour que l’ANSSI puisse réellement faire la différence, elle devra non seulement réagir rapidement aux cyberincidents, mais aussi anticiper les menaces. En intégrant des experts en cybersécurité et en développant des technologies de pointe, la Côte d’Ivoire espère rejoindre le cercle des nations africaines comme le Mali, le Maroc et le Rwanda, qui ont pris des mesures similaires pour sécuriser leur espace numérique.
Le défi des alliances internationales et de la coopération régionale
L’une des clés du succès de l’ANSSI résidera dans sa capacité à collaborer avec d’autres agences et à forger des partenariats internationaux. Les cyberattaques, souvent transfrontalières, nécessitent une réponse coordonnée à l’échelle régionale et mondiale. La coopération avec des pays expérimentés dans la cybersécurité pourrait renforcer la capacité de la Côte d’Ivoire à identifier et contrer les menaces en amont.
Cependant, la mise en œuvre efficace de l’ANSSI ne sera pas sans défis. L’agence devra faire face à des questions logistiques, budgétaires et stratégiques pour être pleinement opérationnelle. La formation des experts locaux et le développement de collaborations efficaces seront déterminants pour transformer cette initiative en un réel succès.
Alors que la présidentielle de 2025 approche, la création de l’ANSSI marque un engagement fort de la part de la Côte d’Ivoire pour protéger son espace numérique. Mais l’efficacité de cette nouvelle entité sera scrutée de près : suffira-t-elle à contenir la marée des cybermenaces et des campagnes de désinformation ? Le pays est désormais armé pour relever ce défi, mais seule l’épreuve du feu révélera si l’ANSSI est à la hauteur de sa mission dans cette « guerre numérique » à laquelle l’Afrique est de plus en plus confrontée.
Chiencoro Diarra
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