Le 19 aout est mondialement reconnu comme la Journée internationale dédiée à la photographie. Une date qui est célébrée depuis 2010. Cette « sainte journée », comme on le dit, vise à inspirer tous les photographes de toute la planète à partager leur « photo avec le Monde ». Au Mali, aujourd’hui une structure dénommée Yamarouphoto ambitionne de professionnaliser ce secteur popularisé, mais toujours sous-estimé au sein de la société. Portrait d’un photographe juriste, Seydou Camara, directeur artistique de Yamarouphoto.
Des débris de feux jaillis de partout, un homme en sueur tient intensément un fer surchauffé dans sa forge. Complètement mouillé de sueur, son visage est marqué par de multiples gouttes d’eau. Ce portrait est le fruit d’un travail artistique en photographie d’art d’un jeune des douze personnes formées en cette nouvelle technique de la photo très prisée sur la scène internationale, organisée par Yamarouphoto, le mois dernier. Un expert est venu des Pays-Bas pour cela.
« Il y’a une très grande différence entre les photographies des années 2000 et celles que nous connaissons aujourd’hui. Il y a vingt ans, les photos studio étaient activement prisées, mais aujourd’hui c’est plutôt la photographie d’art qui domine. C’est ce que nous essayons d’inculquer dans les esprits des nouvelles générations maliennes. Cela à travers des formations, des masters-classes et autres activités d’apprentissage pour vulgariser cette nouvelle technique et la photo numérique », déclare Seydou Camara, directeur artistique de Yamarouphoto.
Un amour inconditionnel à l’image
Détenteur d’une Maitrise en Droit à l’ex-faculté des Sciences juridiques et politiques du Mali, Seydou dit avoir été frappé par l’amour de la photo depuis son enfance. Un amour fou à l’image à travers les multiples portraits de ses tantes, oncles et parents scotchés sur le mur du salon de sa grand-mère. Aussi, il indique que les œuvres d’un peintre du nom de Daffé, qui mettait en lumière les femmes peules avec leurs grandes boucles d’oreilles, lui fascinaient. Les dessins d’un grand frère du quartier lui ont également fait vibrer la passion de la photographie.
À côté de tout cela, « chaque fête, mon oncle, nous donnait de l’argent pour aller faire nos portraits dans les studios. Mes propres images me fascinaient beaucoup. Ce qui a éveillé en moi une passion folle pour la photographie », précise-t-il.
Après son parcours lycéen, Seydou s’inscrit dans le prestigieux Centre de formation de la photographie pour se perfectionner dans cet art en parallèle de ses études universitaires. Il y continua à apprendre la photographie jusqu’à deux ans. Photographe professionnel, il fait presque le tour du monde, ce qui lui a permis de se rendre compte de la « place de la photographie dans le monde et le grand rôle que jouent les photos dans la vie de tous les jours. Tous les domaines ont besoin de la photo aujourd’hui. Je me suis rendu compte que nonobstant que Bamako soit la capitale de la photographie à travers les Rencontres autour de la photo qui se tiennent chaque deux ans, cet art n’est pas encore bien vulgarisé dans notre société et très peu de ses animateurs y sont professionnalisé. Ce qui a fait jeter les bases de Yamarouphoto, un collectif des jeunes photographes », a fait savoir Seydou.
Yamarouphoto et ses activités
Le secteur culturel au Mali demeure quasiment résilient, les deux écoles de beaux-arts malgré leurs efforts n’arrivent pas à combler certains vides. La photographie souffre de ce dilemme, ces écoles font très peu de photographes professionnels. C’est pourquoi Yamarouphoto multiplie des initiatives pour rehausser l’image de la photographie malienne voir africaine.
« De janvier 2023 à maintenant, nous avons formé près de 120 jeunes à travers le pays. Nous avons offert des sessions de renforcement des capacités à l’endroit des photographes professionnels dans la région de Sikasso sur la technique numérique de la photographie. Également, nous avons enfoui l’art de la photographie aux enfants talibés à Bamako, et aux jeunes déplacés de guerre. Notre formation était un workshop international autour de la photographie d’art, animé par un expert photo hollandais », réagit-il.
L’aventure des formations continue, ce samedi 19 aout en marge de la commémoration de la Journée internationale de la photographie, un atelier est prévu avec une vingtaine de jeunes.
« Nous voulons redonner la place incontournable que notre pays occupait sur la scène de la photographie. Cela passe par la vraie vulgarisation de la photographie au sein de notre société. C’est sur cela que nous sommes engagés… Le 19 aout est une fête de la photo. Bonne fête à tous les photographes du monde », souhaite-t-il.
Mohamed Camara
En savoir plus sur Sahel Tribune
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
1 comment
J’admire