Ce 23 juin 2025, le Kremlin a retrouvé les fastes des grandes rencontres bilatérales. Dans un décor aussi solennel que codifié, le Président malien de la Transition, Assimi Goïta, a été accueilli par son homologue russe, Vladimir Poutine. Poignées de main fermes, sourires de façade, mais intentions claires : il s’agit ici d’asseoir une alliance — non plus seulement tactique, mais structurelle.
À Moscou, la diplomatie se joue comme une partition militaire. À l’heure convenue, les deux chefs d’État apparaissent. L’un sort d’un cortège huilé aux protocoles du pouvoir russe, l’autre incarne une Transition qui, en quatre ans, a redéfini les codes de l’indépendance malienne.
Assimi Goïta et Vladimir Poutine s’échangent des civilités, mais ce sont des mots lourds d’histoire. En prenant la parole, le maître du Kremlin déroule la trame d’une relation « séculaire », héritée des temps soviétiques, et réactualisée à l’ère des ruptures géostratégiques africaines. Il salue « la solidité diplomatique » entre Bamako et Moscou et annonce, sans détours, la signature de trois nouveaux accords de coopération.
Vers une redéfinition des alliances
Dans sa réplique, le Président Assimi Goïta confirme la trajectoire. Il évoque une coopération déjà élargie aux domaines de la sécurité, de la défense, de l’économie, de l’éducation, et appelle à un approfondissement dans d’autres secteurs stratégiques. Ce voyage n’est pas seulement diplomatique. Il est doctrinal. Car en se plaçant aux côtés de Poutine, le Mali ne fait pas que signer des accords. Il affirme son positionnement dans un monde multipolaire en recomposition rapide.
Ce lundi-là, au cœur de Moscou, la gestuelle est codifiée, les échanges millimétrés. Après un tête-à-tête présidentiel, les délégations élargies entrent en séance de travail. Le Mali est représenté par une délégation ministérielle de haut niveau, composée de techniciens et de politiques, venus baliser l’avenir bilatéral.
Un déjeuner pour conclure, des accords pour sceller
La journée se conclura par un déjeuner officiel offert par Vladimir Poutine, mais c’est avant tout la signature des accords qui retient l’attention. Si les contenus précis n’ont pas encore été publiés, ils devraient porter sur la sécurisation des axes économiques, l’appui logistique, la coopération universitaire et des volets énergétiques.
En toile de fond, le retrait progressif de l’influence occidentale, et l’affirmation d’une autonomie malienne adossée à de nouveaux partenaires.
Un axe Bamako–Moscou assumé
Le tête-à-tête entre Goïta et Poutine vient sceller une séquence diplomatique engagée depuis Saint-Pétersbourg, lors du sommet Russie-Afrique de 2023. Il ne s’agit plus ici d’une simple coopération ponctuelle, mais d’un partenariat d’intérêt mutuel, pensé dans la durée.
Assimi Goïta, dans ce ballet des puissances, n’est pas un figurant. Il incarne un Mali qui se repositionne, un Sahel qui refuse l’étiquette de zone grise, et une Afrique qui n’entend plus être périphérique.
Chiencoro Diarra
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