Home Actu Fourniture d’électricité : ces délestages qui s’éternisent au grand dam des Maliens 

Fourniture d’électricité : ces délestages qui s’éternisent au grand dam des Maliens 

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Bamako, la capitale malienne, sombre dans le noir de façon aléatoire. Des voix se lèvent pour protester contre ces incessants délestages qui bouleversent les activités économiques du pays. Immersion dans ces délestages commando que la capitale malienne et ses alentours subissent.

Cela fait plus de 24 heures que Moribabougou s’immerge nuitamment dans le noir. Pas d’électricité et difficile d’avoir de l’eau. Les activités économiques sont forcées à l’arrêt. Rachel Dembélé, une vendeuse de glace et de jus, vomit avec véhémence son ras-le-bol sur cette situation qui détruit son commerce.

La pénurie d’eau

« Que faire pour vivre avec ces délestages qui ne finissent jamais. On dirait que c’est Moribabougou leur cible prioritaire. Il est difficile de faire une journée sans assister à une coupure d’électricité de presque dix heures », déplore-t-elle. 

Au Mali, la période de forte canicule se conjugue désormais avec ces incessantes coupures d’électricité qui perturbent plusieurs citoyens dont les activités sont dépendantes de l’électricité. 

« Je n’arrive plus à coudre convenablement les habits des clients.  Je pense qu’il est temps de trouver une solution à ce problème qui s’éternise. L’électricité est l’âme de notre époque », a réagi un tailleur résidant à Médine. 

Presque toutes les localités du pays sont bouleversées par ces délestages, et des voix se lèvent de plus en plus, comme durant les années précédentes pour exprimer leur ras-le-bol. Les régions du nord du pays sont confrontées à un problème quasi éternel, notamment dans la ville de Gao, de fourniture d’électricité. Ce qui a créé une inflation inquiétante. 

« Pendant le ramadan le prix de la glace a grimpé jusqu’à 500 FCFA. Nous passons des jours sans électricité. Pire, la pénurie d’eau qui nous frappe aussi actuellement est sans précédente », fustige un habitant de la ville.

L’EDM annonçait un printemps d’électricité au Mali

Ces interruptions dans la fourniture d’électricité n’a pas que des impacts économiques. Selon Moussa Dembélé, ces coupures incessantes en cette période de forte chaleur jouent énormément sur la santé des personnes âgées.

Cheick Oumar Danté estime qu’il est temps pour l’Énergie du Mali (EDM) d’arrêter la diffusion récurrente de ses communiqués de perturbation des lignes ou ses annonces de travaux qui ne finissent jamais. Car « nous ne sentons aucune avancée sur le terrain », se révolte-t-il.

Il y a juste quelque deux ans, « l’EDM annonçait un printemps d’électricité au Mali avec l’arrivée en grande pompe des groupes électrogènes en 2021. Mais où en sommes-nous avec ces grosses machines ? ils ont juste gaspillé l’argent du contribuable pour rien », déclare pour sa part Sidi Koné. 

De son côté, Mohamed Tamboura, citoyen, pense « ces groupes électrogènes sont en installation pour le grand bonheur des Maliens ». 

 Les citoyens ont aussi leur part de responsabilité dans ce phénomène, selon Macky Touré. « Rares sont les Maliens qui paient normalement leurs factures », a-t-il indiqué avant de fustiger l’État qui « reste le plus grand mauvais payeur alors que la société fournisseur d’électricité a d’énormes défis à relever ». 

Les défis s’allongent et l’EDM s’enlise

L’Énergie du Mali est épinglée sous une lourde dette de plus de 500 millions d’euros. Le taux national d’accès en électricité est estimé à 38% en 2016, avec plus de 40 délestages majeurs par an, comme rapporte le journal mensuel panafricain Jeune Afrique en 2021. Dans ce même dossier, la JA scande les multiples difficultés dont l’entreprise du courant maliens fait face, comme des factures impayées, un quart de l’énergie produite par l’EDM n’est tout simplement pas facturée en 2015. Il faut aussi noter que la compagnie publique de l’électricité malienne survit jusqu’à présent grâce aux subventions de l’Etat. Ce dernier fait partie des mauvais payeurs pour ses services. Une situation qui empêche l’entreprise de faire des investissements pour l’entretien de ses réseaux et d’augmenter sa capacité de production. Mais, les besoins en électricité sont en hausse de 12% par an depuis 7 ans. 

Dans ses différents ballets médiatiques à sa prise de fonction, Seydou Lamine Traoré, actuel ministre de l’énergie et de l’eau avait promis un renouveau dans le secteur de l’électricité au Mali. Il avait annoncé d’avoir trouvé des « solutions » mais avait averti que la résolution du problème prendra du « temps ». Il avait schématisé un important investissement dans l’énergie renouvelable, et surtout invité les Maliens à prier. En trois ans, la situation de la fourniture d’électricité dans le pays est chaotique. Les consommateurs n’en peuvent plus, les défis s’allongent et l’EDM s’enlise annuellement. 

Mohamed Camara        


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