Au Mali, il suffit que la saison chaude se pointe pour que les citoyens commencent à « payer le noir ». À chaque fois que le sempiternel délestage commence, c’est les mêmes beaux discours qui surgissent de la part de l’EDM.
« Nous sommes en train de renforcer l’offre, d’une part par la restauration des groupes à l’arrêt, d’autre part, par l’acquisition de puissance supplémentaire. Deuxièmement, nous avons réhabilité les tronçons endommagés du réseau de distribution avec notre personnel qui travaille d’arrache-pied, nuit et jour, y compris dans cette période délicate de pandémie. »
Cette assurance a été donnée par le directeur général de l’Énergie du Mali (EDM), Boubacar Kéita, lors d’une de ses interventions sur les ondes de RFI ce vendredi 15 mai 2020. Ce discours nous rappelle cette sagesse bambara selon laquelle la prise et le dépôt d’un bar de fer ne peut donner que la même sonorité.
Un problème récurrent
Ces délestages au Mali pendant la saison chaude ne datent pas de cette année. Il faut juste que cette période se pointe pour que le malheur des pauvres Maliens commence. À chaque fois que la situation refait surface également, comme des enregistrements sonores, nous entendons les mêmes discours justificatifs.
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En juin 2019, au cours d’une conférence de presse, Boubacar Kéita n’avait-il pas déclaré la fin du délestage au Mali ? « Le délestage est terminé », avait-il clamé à l’occasion.
Apologie des travailleurs de l’EDM, dénonciation de la qualité des équipements de travail, le discours du directeur de l’Énergie du Mali n’est qu’une sempiternelle répétition à travers laquelle il ne cherche qu’à endormir la conscience des consommateurs maliens.
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L’année dernière, des consommateurs, qui se sont regroupés à travers les réseaux sociaux, n’ont-ils pas tenu un sit-in devant l’EDM-SA pour trouver des explications à ce problème de délestage ? « Ce n’est un secret pour personne que depuis quelque temps, Bamako fait face à des coupures électriques », écrit Benbere, la plateforme des blogueurs maliens, en rapportant la manifestation du 3 mai 2019 pour dénoncer cette coupure incessante d’électricité.
Mieux vaut poser des actes concrets
Qu’on ne se trompe point, le temps n’est plus aux beaux discours. Il faut agir. Ce n’est pas en réchauffant chaque année les mêmes belles phrases que nous réussirons à vaincre le délestage dans ce pays de près de 19 millions d’habitants. En effet, si les mêmes problèmes tenus pour responsables de la situation, l’année dernière, demeurent encore cette année, c’est qu’aucune solution pérenne n’a été engagée.
Avec seulement un réseau de 700 000 abonnés, si l’EDM se montre incapable de supporter la charge, il faudrait alors se dire que le jour où le reste des près de 18 300 000 s’abonnera, ce sera le noir total.
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Selon la RFI, il faut 4,5 milliards d’euros pour le plan de redressement de EDM. Depuis des années que le problème subsiste, on ne peut nullement dire que cette somme n’a pas pu être recouverte pour faire face à ce plan de redressement. Les discours décousus ne construiront pas ce pays. Il est temps qu’on le sache.
Togola Fousseni
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