Au Mali, l’insécurité a bouleversé les activités génératrices de revenus dans la région de Bandiagara : le tourisme. Aujourd’hui, des villages vides commencent à être réoccupés.
Autrefois très fréquentée, aujourd’hui la voie Sévaré-Bandiagara, distante d’une soixantaine de km, a perdu son ambiance. Sur ce tronçon, on rencontre à compte-goutte des usagers. À partir de 18 h, on y rencontre presque plus. En raison de ses nombreux sites touristiques, la ville de Bandiagara drainait pourtant un flux de visiteurs.
Des villages déserts
De nos jours, et cela, depuis quelques années, tout au long de ce tronçon Sévaré-Bandiagara, on ne voit que de petits villages clairsemés, dans cette zone semi-désertique, frontalière avec le Burkina Faso. Des villages quasi déserts. Par endroit, des checkpoints occupés par des donzos du groupe d’autodéfense, munis de fusils traditionnels ou de Kalachnikov, sont observables. Malgré tout, le vide humain ne passe pas inaperçu.
Cette crise sécuritaire qui sévit dans la région, depuis des années, a fait fuir les habitants vers des zones plus calmes, dans la région de Mopti ou sur d’autres sites aménagés pour réfugiés, à travers le pays.
Dans cette région, l’attaque la plus récente remonte au 3 décembre 2021. De présumés jihadistes ont pris pour cible un véhicule de transport en commun et ont tué au moins 30 civils.
Les attaques « lâches » de la sorte sont monnaie courante sur la RN15 qui relie Sévaré à Bandiagara. À plusieurs reprises, des ponts ont été également dynamités par des « bandits armés » dans l’optique d’isoler cette ville historique et attrayante du reste du monde.
Voyager à Bandiagara devient donc aujourd’hui une épreuve stressante et une véritable aventure de combattant. « Rares sont les voyageurs qui viennent dans cette ville et repartir le même jour », confie une source présente dans la région.
La tranquillité dans les esprits
Les autorités maliennes de la transition ont pris à bras le corps cette situation afin de redonner à Bandiagara ses lettres de noblesse. Après la tuerie du début décembre, le gouvernement de transition a déployé une forte délégation, du 8 au 9, pour assister et rassuré les populations de leur détermination à restaurer la paix et la quiétude sur toute l’étendue du territoire. Un message qui commence à avoir écho dans cette ville aux mille merveilles. « Cette famille que vous voyez est revenue il y a seulement quatre jours », nous a indiqué un habitant de Bandiagara. Preuve que le calme commence à s’installer, la tranquillité revient de plus en plus dans les esprits.
Cet engagement des autorités maliennes auprès des populations les plus meurtries est ce que le locataire de Koulouba, colonel Assimi Goïta, a également prouvé le 22 décembre dernier en déployant une délégation dans la région pour porter assistance à 300 familles vulnérables de Bandiagara, Koro et Bankass. Une solidarité qui s’est étendue sur Mopti et Djenné, le lendemain.
Au moment où Paris a annoncé la réduction de l’effectif de ses militaires au Sahel, Bamako a vite cherché à multiplier ses partenariats militaires et à mieux outiller cette armée loyale et républicaine, laissée pour compte depuis des années par les régimes qui se sont succédé à la tête de l’État. Cette volonté des autorités maliennes a installé une crise diplomatique entre la France et le Mali.
La situation sécuritaire dans cette zone de Mopti, couramment nommée centre du Mali, a commencé à se dégrader en 2015 avec les attaques de Dioura et Ténenkou.
Chiencoro Diarra
En savoir plus sur Sahel Tribune
Subscribe to get the latest posts sent to your email.