Communiqué de la Coalition citoyenne pour le Sahel
Face à la crise politique actuelle au Mali, 28 organisations locales, régionales et internationales – dont d’importants défenseurs des droits humains, des groupes humanitaires, religieux ou de construction de la paix – se sont réunis aujourd’hui en tant que membres de la Coalition Citoyenne pour le Sahel pour lancer un appel urgent en faveur d’une nouvelle approche, qui place la protection des civils au cœur de ses préoccupations.
Veuillez trouver la déclaration complète ci-jointe et ci-dessous !
En tant que membres de la Coalition citoyenne pour le Sahel, un groupe d’organisations de la société civile du Mali, du Burkina Faso, du Niger et d’au-delà, nous exprimons notre solidarité au peuple malien face à la crise politique actuelle. Nous appelons les autorités maliennes, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’Union Africaine et les gouvernements et institutions ayant une influence dans la région à placer les droits et besoins des personnes les plus vulnérables au cœur de leurs interventions afin que celles-ci renforcent, plutôt qu’affaiblissent, les efforts vitaux déployés dans le pays en matière d’aide humanitaire, de développement, de gouvernance démocratique, de consolidation de la paix et de défense des droits humains. Nous alertons, en particulier, sur le risque que des sanctions mal ciblées, incompatibles avec ces objectifs, pénalisent l’ensemble de la population, notamment les plus vulnérables, dont la situation s’est déjà détériorée depuis le début de la pandémie de COVID-19.
La crise au Mali est le résultat d’années de corruption, d’indifférence, de mauvaise gouvernance et de violations alarmantes des droits humains commises en toute impunité par des groupes armés, des milices d’autodéfense et des membres des forces de sécurité. Cela a provoqué un mécontentement général de la population et une détérioration de la situation sécuritaire. La priorité donnée à une réponse militaire face à une crise complexe, notamment l’attention et le financement massifs accordés aux aspects sécuritaires de la crise, et les innombrables nouvelles initiatives de la communauté internationale, n’ont pas permis de protéger les civils des atrocités, de prévenir une plus grande instabilité et d’atténuer les griefs intercommunautaires.
Cette nouvelle crise politique doit constituer un signal d’alarme pour le Mali et la communauté internationale. Celle-ci doit maintenant trouver une nouvelle réponse, radicalement centrée sur les besoins des populations pour faire face à la déstabilisation croissante, non seulement du Mali, mais aussi du Burkina Faso, du Niger et plus largement de la région. Le mois dernier, nous nous sommes réunis au sein d’une nouvelle « Coalition citoyenne pour le Sahel » pour lancer les « Piliers citoyens », définissant quatre priorités clés qui, selon nous, doivent guider toute réponse à la crise dans la région : la protection des civils, une stratégie politique globale pour s’attaquer aux causes profondes de l’instabilité, une augmentation massive de l’aide humanitaire et la lutte contre l’impunité pour les violations commises par tous les acteurs.
Les récents événements au Mali ajoutent une nouvelle urgence à notre appel en faveur d’un changement d’approche, en démontrant l’inefficacité de toute intervention qui ne donne pas la priorité aux populations et aux causes profondes du conflit.
Afin de stabiliser le pays et rétablir l’État de droit, nous, membres de la Coalition Citoyenne pour le Sahel, demandons instamment aux autorités maliennes, à la CEDEAO, à l’Union africaine et aux gouvernements et institutions ayant une influence dans la région de :
· Travailler en étroite collaboration avec les communautés et la société civile, y compris les groupes de femmes et de jeunes, afin d’élaborer une feuille de route politique complète, assortie d’échéances claires, qui place la protection des civils et la sécurité humaine au cœur de ses préoccupations et qui s’attaque aux causes profondes du conflit, notamment la crise de gouvernance. Cela devrait inclure un calendrier pour la transition vers un gouvernement civil au Mali.
· Veiller à ce que toute intervention n’aggrave pas la crise humanitaire, ni n’entrave l’accès et l’aide humanitaires ou la liberté de circulation de la population malienne, notamment en veillant à ce que des exemptions humanitaires complètes soient prévues dans tout régime de sanctions.
· Faire pression pour une action immédiate afin de garantir l’accès à la justice pour toutes et tous et lutter contre l’impunité à tous les niveaux, avec des mécanismes transparents pour toutes les violations commises contre les civils, y compris par des groupes armés et des acteurs militaires internationaux.
Signataires :
1. African Security Sector Network (ASSN)
2. Association des Juristes Maliennes (AJM)
3. Association Malienne des Droits de l’Homme (AMDH)
4. Association Malienne pour la Survie au Sahel (AMSS)
5. CARE International
6. Centre Diocésain de Communication (CDC)
7. Conférence des Eglises de Toute l’Afrique (CETA)
8. Coordination des Associations des Femmes de l’Azawad (CAFA)
9. Coordination Nigérienne des ONG et Associations Féminines du Niger (CONGAFEN)
10. Cordaid
11. Fédération Internationale pour les Droits Humains (FIDH)
12. Global Centre for the Responsibility to Protect
13. International Rescue Committee
14. Institut malien de Recherche Action pour la Paix (IMRAP)
15. Ligue Tchadienne des Droits de l’Homme
16. Médecins du Monde
17. Mouvement Burkinabé des Droits de l’Homme et des Peuples (MBDHP)
18. Observatoire Kisal
19. Open Society European Policy Institute (OSEPI)
20. Oxfam International
21. Plan International
22. Première Urgence Internationale
23. Réseau Nigérien pour la Gestion Non Violente des Conflits (RE-GENOVICO)
24. Saferworld
25. SOS-Civisme-Niger
26. Transparency International Defence & Security
27. WATHI, Think Tank citoyen de l’Afrique de l’Ouest
28. West Africa Network for Peacebuilding (WANEP) Mali
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