La gestion municipale de Koulikoro est épinglée par un rapport accablant du Vérificateur Général, révélant plus de 108 millions de FCFA d’irrégularités financières, des manquements administratifs et une gouvernance locale défaillante.
La première vertu d’un État est la transparence. À la lumière du dernier rapport du Vérificateur Général du Mali, force est de constater que cette maxime semble avoir été reléguée au second plan dans la gestion de la Commune Urbaine de Koulikoro. Entre irrégularités financières et manquements administratifs, ce document dresse un tableau implacable d’un système municipal où l’opacité côtoie la désinvolture.
Les risques de détournement et de mauvaise gestion une fatalité
D’abord, le constat est alarmant. Le montant total des irrégularités financières détectées s’élève à 108 801 250 FCFA. L’argent public, lorsqu’il est mal géré, devient une dette morale contractée envers les citoyens, pourrait-on dire. Or, ce sont bien ces derniers qui paient le prix de cette gestion douteuse. À titre d’exemple, les régisseurs de recettes n’ont pas reversé 4,3 millions de FCFA perçus au titre des frais d’état civil, alors même que ces sommes étaient destinées aux caisses communales.
Plus préoccupant encore, l’absence de perception des taxes d’exploitation du sable et du gravier représente un manque à gagner de 52 millions de FCFA. Une manne financière qui aurait pu financer des infrastructures, mais qui, faute de recouvrement efficace, s’est évanouie dans les méandres administratifs. De même, les chefs de centres des impôts n’ont pas recouvré les droits de patente sur plusieurs marchés publics, un manque à percevoir de 13 millions de FCFA.
Au-delà des chiffres, c’est la mécanique même de la gouvernance locale qui semble grippée. Le Préfet de Koulikoro, censé assurer un contrôle régulier de la municipalité, ne l’a fait qu’une seule fois entre 2021 et 2024, contre une obligation d’inspection annuelle. Pire encore, la commune tient une comptabilité-matières incomplète, rendant pratiquement impossible tout suivi rigoureux des actifs municipaux. Dans ce flou administratif, les risques de détournement et de mauvaise gestion deviennent une fatalité.
Des services essentiels à la population en péril
Le rapport révèle également que le maire de Koulikoro a irrégulièrement attribué 72 permis d’occupation sur des terrains appartenant à l’État, en violation des procédures légales. Cette gestion foncière hasardeuse expose la commune à d’éventuels conflits et contentieux, en plus de priver l’administration d’une ressource précieuse.
Le volet social n’échappe pas à cette déroute gestionnaire. Sur 47 comités de gestion scolaire, 42 n’ont jamais produit de rapports sur l’utilisation des fonds alloués. De même, l’Association de Santé Communautaire de Souban n’a jamais rendu compte de sa gestion des subventions publiques. Ces négligences, au-delà de leur dimension financière, mettent en péril des services essentiels à la population.
Que retenir de ce réquisitoire ? Là où l’ordre et la rigueur font défaut, la défiance s’installe. Ce rapport du Vérificateur Général ne se limite pas à un exercice comptable. Il met en lumière les fragilités d’un système qui, s’il n’est pas réformé en profondeur, continuera d’hypothéquer le développement local. Une refonte des mécanismes de contrôle et une responsabilisation accrue des gestionnaires municipaux s’imposent, si l’on veut éviter que ces dérives ne deviennent la norme.
Chiencoro Diarra
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