Reporters sans frontières (RSF) a appris avec effroi la mort de deux journalistes espagnols, tués au cours d’une attaque dans l’est du Burkina Faso. RSF dénonce une nouvelle tragédie pour le journalisme, dernier rappel des risques considérables auxquels sont exposés celles et ceux qui tentent d’informer dans le Sahel.
David Beriain, grand reporter de guerre, et le cameraman Roberto Fraile, tous deux de nationalité espagnole, ont été tués au Burkina Faso selon plusieurs sources sécuritaires et gouvernementales du pays jointes par RSF. Les journalistes ont été attaqués dans la matinée du lundi 26 avril alors qu’ils étaient en reportage avec une patrouille anti-braconnage sur la route menant à la réserve naturelle de Pama, dans l’est du Burkina Faso. Ce parc se situe à proximité de la zone dite des trois frontières (Mali, Niger, Burkina Faso) où sévissent plusieurs groupes armés actifs dans le Sahel. Dans un communiqué, les autorités burkinabè précisent qu’un ressortissant de nationalité irlandaise pourrait faire partie des victimes sans donner plus de précisions. Le convoi est tombé “sur une position tenue par des terroristes qui ont ouvert le feu” indique la même source.
“La mort de ces journalistes, tués en plein reportage, est une nouvelle tragédie pour le journalisme. Elle témoigne à la fois du courage exceptionnel de ces professionnels et des risques très importants auxquels ils sont exposés en tentant de nous informer dans cette région du monde, déclare le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire. Nous adressons nos messages de soutien à l’ensemble de leurs proches et de leurs médias.”
Les conditions de sécurité pour les journalistes et les médias qui travaillent dans le Sahel ne se sont pas améliorées depuis l’assassinat en 2013 des reporters de RFI Ghislaine Dupont et Claude Verlon. De nombreuses parties des territoires malien, burkinabé et nigérien restent difficiles d’accès et exposent les reporters aux pires exactions.
Cette situation concerne aussi ceux qui travaillent en République centrafricaine (RCA) où de vastes parties du territoire échappent au contrôle de l’Etat. Trois reporters russes, Orhan Djemal, Kirill Radtchenko et Alexandre Rasstorgouïev, qui enquêtait sur la présence et le rôle de mercenaires de leur pays en RCA, avaient été tués en juillet 2018 dans des circonstances qui demeurent très floues et qui avaient poussé RSF à demander l’ouverture d’une enquête internationale indépendante.
La publication du dernier Classement mondial de la liberté de la presse le 20 avril dernier révèle que l’Afrique demeure le continent le plus violent à l’égard des journalistes. La mort des deux reporters espagnols au Burkina Faso porte à 33 le nombre de reporters tués sur le continent depuis 2016 dont trois depuis le début de l’année.
Le Burkina Faso occupe la 37e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2021.
Source: RSF
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